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L’Essor N° 17571 du 4/12/2013

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Prise en charge de la malnutrition des enfants : Des solutions purement locales
Publié le jeudi 5 decembre 2013  |  L’Essor




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Les femmes ont été formées en matière de prise en charge de la malnutrition avec des aliments du terroir

La malnutrition est l’une des nombreuses causes de mortalité infantile dans notre pays. Pour la combattre, les autorités et leurs partenaires ont initié plusieurs projets et programmes. Parmi les stratégies payantes figure la solution purement locale conçue pour la prise en charge des enfants malnutris. Celle-ci consiste à former les femmes dans les villages en matière de prise en charge de la malnutrition avec des produits locaux.

La technique est simple, peu couteuse et très efficace. Elle est en passe de vaincre la malnutrition dans le village de Basso, dans le cercle de Koutiala. Dans cette localité, la malnutrition était très courante. Pire selon le témoignage d’une femme du village, la malnutrition n’était même pas perçue comme une maladie qui menace la survie de l’enfant.

Conscient de l’impact négatif de ce fléau sur les enfants, l’ONG World vision a mis un accent particulier sur la sécurité alimentaire dans la mise en œuvre de son programme de développement zonal (ADP) dans la région de Sikasso. En effet, considéré comme une zone autosuffisante en termes de production céréalière, la zone ADP n’en demeure pas moins une localité vulnérable en ce qui concerne la sécurité alimentaire. Ce paradoxe fait que la 3è Région enregistre malheureusement le plus fort taux de malnutrition de notre pays. Pour soulager enfants et mamans, l’ADP a formé les femmes dans ses villages d’intervention afin que celles-ci prennent en charge localement sans avoir recours aux médecins.

Selon Siméon Dembélé, responsable de l’ADP dans cette zone, il s’agissait de trouver une meilleure approche pour prendre en charge les enfants malnutris qui étaient nombreux. Les mères qui ignoraient jusque-là que la malnutrition était une maladie, allaient difficilement parcourir plus de 9 km pour rallier le premier CSCOM et refaire continuellement ce trajet jusqu’à ce que l’enfant soit complètement guéri.

Recours devait être fait à des solutions locales peu onéreuses et très efficaces, pour la prise en charge des enfants malnutris. Cette nouvelle stratégie purement locale s’est révélée salutaire dans le village de Basso. Un agent de santé passe une fois par semaine pour le suivi et le dépistage des enfants. Dès qu’un enfant est déclaré malnutri modéré, il est immédiatement admis dans les foyers installés par le projet pour sa prise en charge. Pour le mois de novembre dernier, sur un total de 69 enfants dépistés, 24 ont été déclarés malnutris dont 9 cas sévères. Ces 9 enfants ont été immédiatement référés au Cscom pour leur prise en charge. Les 15 restants sont actuellement pris en charge localement par les femmes du village appuyées par leur relais ainsi que leur agent de santé communautaire (ASC).

La technique est toute simple : il s’agit dès l’admission de l’enfant au foyer, d’aider et de former sa mère à la préparation soit de la bouillie améliorée, soit du « Laro » un plat traditionnel fait à base de brisures de mil accompagné de poisson séché, de poudre d’arachide et d’un peu d’huile. Tous les produits utilisés dans la préparation sont locaux. La maman du petit malade doit juste venir avec le nécessaire pour la prise en charge de son enfant qui dure 12 jours. Passé ce délai, explique Mme Korotoumou Traoré responsable de l’un des foyers de Basso, l’enfant sera de nouveau ausculté par l’agent de santé et, le cas échéant, le traitement sera repris pendant 12 autres jours.

« Après 24 jours de traitement, s’il n’y a pas d’amélioration, l’enfant sera référé à l’hôpital pour sa prise en charge », indique notre interlocutrice. N’eut été ce programme, assure-t-elle, jamais les femmes de son village n’auraient compris qu’il existe des solutions locales pour traiter efficacement la malnutrition des enfants sans dépenser un centime. « On ignorait totalement que nos produits de récolte pouvaient être une remède à ce problème », lance Mme Korotoumou Traoré.

Grâce à la sensibilisation ainsi qu’au suivi des relais du village, Basso enregistre zéro cas d’abandon de traitement. Ce qui n’allait pas de soi surtout en période hivernale. Pendant cette période, note Mme Fatoumata Coulibaly, relais à Basso, les femmes sont à un tel point débordées qu’elles n’ont pas le temps d’amener un enfant à l’hôpital qui se trouve à des dizaines de kilomètres. « Avant, on n’amenait l’enfant malade à l’hôpital que lorsqu’il se retrouvait dans un état critique. Dans la plupart des cas, la survie de l’enfant était malheureusement hypothéqué », se désole notre interlocutrice.

La santé de la mère et de l’enfant étant une priorité à World vision, un projet pertinent a été aussi lancé par l’ADP de Kimparana dans la région de Ségou. Il s’emploie à améliorer l’état de santé et le statut nutritionnel des mères et des enfants de 0 à 59 mois. Ainsi plus de 36 millions de Fcfa ont été alloués sur 4 ans à cette fin. Pour lutter efficacement contre la malnutrition des enfants, le programme, en plus de son projet de santé, à initié un projet spécial de nutrition avec une enveloppe de 75 millions Fcfa sur 2 ans (2010-2012).

Cela a permis, selon le responsable d’ADP de Kimparana, Laurent Dagnioko, de diminuer considérablement, de 13% à 7%, le taux de malnutrition sévère de l’enfant en juillet 2012.

Des groupes de soutien pour la promotion de l’allaitement maternel ont aussi été installés depuis 2010 avec le CCREF de San pour assurer la survie de l’enfant. Le taux des enfants allaités de 0 à 6 mois est ainsi passé de 38 % en 2010 à 85 %, selon le rapport LQAS d’août 2012. En outre, le projet avec l’appui du projet intégré Eau, Hygiène et Assainissement (MI-WASH) a apporté aux habitants des 4 communes de Kava, Karaba, Kagnigue et Waki de l’eau potable grâce à la réalisation de 49 forages.

Ces réalisations dans les différentes communautés vont certainement contribuer, selon le premier responsable de l’ADP de Kimparana, à réduire de près de 50 % le nombre de décès dus à la diarrhée et de 25 % le nombre de décès dus aux infections respiratoires aigues (IRA).

M. A. TRAORE

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