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Après le « conflit » entre Bérets Rouges et Bérets Verts : le soldat Aliou Boncana Maïga reste introuvable
Publié le jeudi 5 decembre 2013  |  Le 22 Septembre


© aBamako.com par as
Conference de presse des berets rouges


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Depuis le début du mois de mai, Zeinabou Touré, la mère du soldat Aliou Boncana Maïga, élément du 33ème Régiment des Commandos Parachutistes (RCP), cherche son fils, disparu après le « conflit » qui a opposé son unité aux Bérets verts fidèles au Capitaine Sanogo.

Vendredi 23 juin 2012. Il est environ 18 heures 15 mn quand nous arrivons dans un quartier de la Rive Droite du District de Bamako. Une dame, assez âgée, nous accueille sur la terrasse d’une maison. Elle a le regard presque perdu et cherche les mots justes pour décrire ce qui lui passe par la tête depuis des semaines. « Je suis musulmane et très croyante. Je dois vous affirmer que j’ai beau réciter des Sourates pour garder espoir, espoir que mon fils vive encore, très souvent, je suis obligée de baisser les bras, car je ne sais plus sur quel pied danser. J’ai tout fait, mes proches ont fouillé partout, en vain » nous confesse-t-elle, la gorge nouée.

En effet, selon les témoignages que nous avons recueillis auprès des proches du jeune soldat, Aliou Boncana Maïga aurait été appréhendé vers 2 heures 30 du matin dans la nuit du 30 avril au 1er mai, puis amené dans les studios de l’ORTM. L’image que tous les Maliens ont certainement vue l’avait alors montré aux côté du Lieutenant Cissé, un autre disparu (voir l’article de Chahana Takiou). La nuit de son arrestation, l’un de ses geôliers aurait appelé pour faire savoir à sa tante que « si elle ne venait pas confirmer que le soldat Aliou Boncana Maïga se trouvait à la maison au début des événements, il serait tué ». Dépêché à Kati le lendemain, son cousin, lui aussi militaire de l’Armée de terre, a vu le soldat Aliou B. Maïga. Nous l’avons rencontré jeudi dernier et il nous a confirmé qu’il avait vu Aliou « menotté et très affaibli ». « Je l’ai vu et il m’a dit qu’il était entre le marteau et l’enclume. Il m’a dit qu’ils étaient entassés dans une petite pièce à plus de 50. J’y suis retourné quelques jours après et on m’a dit qu’ils avaient été déplacés. Depuis, nous sommes sans nouvelles de lui » a soutenu notre interlocuteur.

Et, depuis, toute sa famille est mobilisée pour savoir « si le jeune homme est encore en vie ou pas ». Comme son oncle, chez qui il a grandi, et qui a rencontré le Procureur Sombé Théra en milieu de semaine dernière. « Je ne veux pas encore croire qu’Aliou est mort. Je ne veux pas le croire. Mais, même si c’était le cas, il faut qu’on nous le dise. Qu’on nous le fasse savoir, afin que nous fassions son deuil. Cet enfant, je l’ai élevé et je ne peux pas croire qu’on me l’enlève comme cela, à cause des manigances de certaines personnes ».
Comme de nombreux autres cas, celui d’Aliou Boncana Maïga reste un mystère dans cette vraie fausse guerre que l’ex-junte a décidé de mener contre les Bérets Rouges, puisque, pas plus tard que le mercredi 20 juin dernier, deux autres éléments du Camp Para ont été arrêtés à Djicoroni, dans les locaux de ce que l’on peut maintenant appeler l’ex 33ème RCP. A suivre.
Paul Mben, 22 Septembre N° 275 du lundi 25 juin 2012

Dr Fadimata Ouologuem, épouse du Sous lieutenant Cissé (béret rouge) :
« Je n’ai pas de nouvelles de mon mari emprisonné… Je voudrais savoir s’il est vivant ou mort »
Les évènements malheureux du 30 avril au 1er mai, intervenus à Bamako, sont en train de révéler l’une de leurs faces cachées. Il s’agit de la disparition miraculeuse de certaines personnes. En effet, nous avons reçu dans la journée du lundi 18 juin, dans nos locaux, la visite de Mme Cissé Fadimata Ouologuem, épouse du Sous-Lieutenant Abocar Kola Cissé, béret rouge de son état. Il a été aperçu pour la dernière fois par sa famille, et notamment sa femme, lors du journal télévisé du 1er juin, où il était à côté de soi-disant mercenaires. Il s’est même présenté.

Depuis, sa famille n’a reçu aucune de ses nouvelles. C’est son épouse elle-même qui relate les faits suivants : « Dans la nuit du 30 avril, on était au camp. Il était 18 heures. On entendait des coups de feu. J’ai pris peur et j’ai dit à mon mari, on n’a qu’à partir. Il n’a pas voulu. Moi, je suis montée au Point G avec les enfants, chez un de mes parents. J’étais même malade et j’ai un bébé qui n’avait même pas un mois. Aux environs de 21 heures, j’ai appelé mon mari. Il m’a répondu en ces termes : tranquillises-toi, ça va. Le lendemain, le 1er mai, je l’ai vu au journal télévisé, habillé en civil, aux côtés des personnes présentées comme des mercenaires. On a dit à mon mari de se présenter et il a décliné son identité, la vraie. Une semaine après, je l’appelle sur son téléphone, c’est une autre personne qui répond. Je continue d’appeler tous les jours, espérant qu’un jour il me répondra. Mais le téléphone est toujours sur répondeur, sauf vers 1 h voire 3 h du matin, ça sonne, mais personne ne décroche.

Après le communiqué du Procureur général de la Commune III, je suis montée à Kati le vendredi 15, pour essayer de trouver mon mari parmi les prisonniers. On a regardé sur la liste et on m’a dit qu’il n’était pas là. Sur place, j’ai eu des vertiges. Je n’ai pas pu maintenir mes larmes, j’ai chaudement pleuré. Je suis actuellement inquiète, angoissée. J’ai appelé certains de ses collègues, on m’a laissé croire qu’il vivait mais… J’ai fait des démarches auprès du juge d’instruction en charge du dossier, on m’a fait savoir que son nom n’y est pas…Je n’arrive pas à dormir et je voudrais savoir le sort de mon mari. Je voudrais savoir s’il vit ou s’ils l’ont exécuté ? Je suis venue te voir pour que tu m’aides à retrouver mon mari, vivant ou mort ? ».

Immédiatement après ce témoignage, nous avons appelé le Procureur Théra pour lui expliquer ce cas. Il m’a demandé de venir avec la dame dans son bureau. Ce qui a été fait. Au cours de l’entretien, Sombé Théra, après vérification d’un document volumineux, a expliqué que le nom de l’officier n’était ni sur la liste des inculpés, ni sur celle des personnes en fuite, ni sur celle des morts enregistrés au cours des évènements. Cependant, il a promis de poursuivre les recherches. En début d’après-midi du mercredi 20 juin, le Procureur Théra nous appelle en disant ceci : « Takiou, le ministre de la Justice veut vous rencontrer avec la dame à 15 heures ». Ce rendez-vous a été honoré.

Le ministre, après avoir écouté le témoignage de Mme Cissé, s’est montré très gêné. Avant d’interroger la dame : « Est-ce qu’il n’a pas changé de nom ? ». « Non, mon mari ne ferait jamais ça ». « C’est sûr que vous l’avez vu à la télévision le 1er mai ? ». « C’est certain, M. le ministre ». « Il n’est pas à Kati ? ». « On m’a dit qu’il n’y était pas ». « C’est vraiment sérieux. Je ferai mes recherches et je vous demande beaucoup de courage… Je souhaite également que le journaliste, avec votre autorisation, nous donne 72 heures pour accélérer les recherches, avant qu’il n’écrive quelque chose sur cette affaire » a souhaité le ministre Malick Coulibaly.

Mme Cissé a donné son accord. Nous également. C’est ainsi que, le samedi 23 juin, nous avons appelé le ministre de la Justice, pour nous enquérir des résultats de la recherche. Il nous a répondu : « au moment où je vous parle, je n’ai aucune suite. A 20H, on doit me faire un compte rendu. Mais à l’impossible nul n’est tenu ».


Où est donc le lieutenant Abocar Kola Cissé ? A-t-il été exécuté ou est-il caché quelque part. Sa famille est inquiète. Elle veut savoir la vérité. Elle cherche le corps de Cissé, si jamais il avait été tué, pour faire son deuil selon les normes musulmanes. Son épouse, angoissée, ne sait toujours pas si elle doit se considérer comme étant en veuvage ou pas ?
Le Président du CNRDRE est vivement interpellé, et avec lui le Directeur de la Gendarmerie, le Colonel Diamou Kéïta, afin que la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, soit connue de la famille Cissé et du peuple malien. A suivre.

Chahana Takiou, 22 Septembre N° 275 du lundi 25 juin 2012



Sirantou Makadji, mère d’un béret rouge porté disparu :

« Si mon unique garçon a été tué, qu’on me donne le corps pour organiser le deuil »

Suite à nos articles parus dans notre précédente parution, faisant échos de la disparition du sous-officier Abocar Kola Cissé et du soldat Aliou Boncana Maïga, tous deux bérets rouges, une vieille femme nous a rendu visite le mardi 26 juin, à la rédaction. Elle s’appelle Mme Doumbia Sirantou Makadji, veuve d’un officier supérieur décédé, il y a cinq ans.


Affaiblie, angoissée, cette vieille mère n’a cessé de sangloter dans notre bureau. Au fur et à mesure qu’elle expliquait les faits, elle criait comme une femme affolée. C’est difficilement que nous sommes parvenus à la calmer, à la consoler.


Ce qu’il faut retenir concernant son cas, c’est que son unique garçon, Baba Lamine Doumbia, un des éléments de la garde présidentielle a été arrêté, selon son récit, à Tomikorobougou.


Avant d’être emprisonné à Kati. Elle a eu la chance, à ses dires, de voir son fils dès les premiers jours des évènements, ligoté, la tête baissée. Depuis, Sirantou Makadji est tombé malade et n’a plus eu accès à sa progéniture. Aujourd’hui, elle est traumatisée parce le nom de ce dernier ne se trouve sur aucune liste. Pas la moindre information. Cependant, elle est inquiète parce qu’elle a reçu cette information : » Un soir, ils sont venus ramasser 17 personnes parmi lesquels mon fils vers une destination inconnue. Sont-ils partis les tuer ou non ? Je suis musulmane. S’ils ont tué mon fils, qu’on me remette le corps afin que j’organise les funérailles (sanglots). C’est l’unique garçon que Dieu m’a donné. Si Dieu a voulu qu’il meurt de cette manière, je l’accepte. Mais de grâce, qu’on me dise qu’il est mort ou vivant pour savoir à quoi m’en tenir. Dites à Sanogo de me donner mon fils s’il est mort (sanglot), s’il vit qu’on l’emprisonne comme les autres en attendant le jugement (sanglot, sanglot, sanglot…) » a déclaré Sirantou Makadji, visiblement déstabilisée par la situation.
Chahana Takiou, 22 Septembre N° 276 du jeudi 28 juin 2012




Lieutenant Abdramane Coulibaly (armée de terre)
Porté disparu depuis le lundi 18 juin 2012
La liste des portés disparus suite aux arrestations que continue de perpétrer l’ex-junte du Capitaine Amadou Aya Sanogo ne cesse de s’allonger au jour le jour. Et le Lieutenant Abdramane Coulibaly, un élément de l’ex-garde rapprochée du Président de la République déchu, Amadou Toumani Touré, vient s’y ajouter. En effet, selon sa femme que nous avons joint par téléphone, hier dans la mi-journée, l’officier de l’armée de terre, qui avait son escadron à Kati, s’est rendu le lundi 18 juin dans la matinée au service, comme d’habitude. A l’heure où tous les chefs de famille rentrent à la maison, le Lieutenant, qui n’avait pas l’habitude de rester tard dehors, n’avait pas encore regagné son domicile. « J’ai tenté de le joindre sur son téléphone portable, mais il était sur répondeur. J’ai appelé ses amis et ils m’ont dit qu’ils ne savaient pas où mon mari se trouvait. J’ai essayé de demander à l’escadron, mais je n’ai pas eu de réponse satisfaisante. Depuis, j’ai le sommeil coupé et je n’arrive même plus à m’alimenter correctement, car je suis plus qu’angoissée« , nous a confié Mme Coulibaly. Assurément, le Capitaine Sanogo et ses portes-flingues ont décidé d’éliminer toutes les personnes qui ont, de prêt où de loin, travaillé dans le giron d’ATT. Quitte à toucher même à ses propres camarades, les « Bérets Verts« . « Après Koulouba, Sanogo et ses hommes regarderont, peut-être, du côté de la Primature » nous a lancé ironiquement un proche du PM. Ce qui n’est certainement pas à exclure !
Paul Mben, 22 Septembre N° 276 du jeudi 28 juin 2012

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