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Discours du Président Modibo Kéïta, le 21 janvier 1961
Publié le mardi 21 janvier 2014  |  Le Pays




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« L’ambassade de France au Mali, est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement, de voir la France évacuer les bases de Bamako, Kati, Gao et Tessalit par les militaires français suite à l’accord signé le 22 juin 1960 cela suite aux évènements du 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance de la France, du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali.

La République du Mali a consacré avec la France sur la base de la non ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon gouvernement et de mon parti, ne met nullement en cause, cette volonté. Elle est l’expression de notre conviction, qu’en moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’un Etat jeune, ou d’accord particulier de la défense, les troupes de l’ex puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex colonie, aux côtés des troupes du jeune Etat. D’autre part, le peuple du Mali, l’US-RDA et le gouvernement, ont toujours affirmé leur option en faveur de la politique de non alignement sur l’un ou l’autre bloc.

Cette attitude est en contradiction sur son territoire des troupes d’une puissance étrangère à la quelle ne le lie aucun accord et qui d’autre part, est engagé dans le pacte militaire d’un bloc. Je prie vos excellences d’informer vos gouvernements et d’attirer leur attention sur notre ferme décision de l’évacuation rapide de vos troupes du Mali. Je vous remercie».


DISCOURS DU PRESIDENT DIONCOUNDA TRAORE à Bamako

« Monsieur le président, ce matin à Tombouctou la foule était telle que nous n’avons pu prononcer de discours. J’avais un message à passer aux populations de Tombouctou. Avec votre permission, je voudrais livrer aux habitants de Tombouctou qui sont présents ici, à la place de l’Indépendance, le discours que je voulais livrer à Tombouctou, la ville mystérieuse. Voilà ce que j’aurais dit ce matin à Tombouctou. Population de Tombouctou, représentants de Tombouctou ici à Bamako, dites à votre frère, dites à notre frère, François Hollande, qu’il est le très bienvenu parmi nous, le très bienvenu, chez lui, à Tombouctou ! Tombouctou la Mystérieuse, Tombouctou la Sainte que l’ignorance et l’obscurantisme ont cherché à profaner.


Représentants de Tombouctou, dites à François Hollande, le président de la France, la France de la Révolution de 1789, la président de la France de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, qu’il est le frère de toutes les Maliennes, de tous les Maliens, le frère de toutes les Sahéliennes, de tous les Sahéliens, l’ami sincère de l’Afrique toute entière.


Dites-lui que ce jour (le 2 février 2013 où il est venu nous témoigner de la plus belle des manières sa solidarité et son engagement) sera inscrit en lettres d’or dans ce que cette partie du monde sait faire de mieux, à savoir consigner l’histoire des faits et des hommes.

Dites-lui qu’en répondant positivement et sans délai à notre demande d’assistance militaire -à un moment où le destin, à un moment où l’existence même de notre pays était menacée- il a réécrit avec l’engagement de l’armée tricolore et le sacrifice de Damien Boiteux, un nouveau chapitre de notre histoire.


Chers compatriotes représentants de Tombouctou, je voudrais cependant vous demander de rester ce que vous avez toujours été : une communauté forte de sa diversité, une communauté accueillante, une communauté civilisée, une communauté digne et respectueuse de la dignité de l’autre.


Dans l’euphorie de la liberté retrouvée, ne vous laissez jamais aller aux excès, aux amalgames et à des réflexes de vengeance. Offrez au reste du monde qui vous observe, et surtout à ceux qui sont venus vous aider à vous libérer, votre vrai visage. Pas celui d’une communauté qu’illumine la haine et ne pense qu’à régler des comptes. Soyez des Maliens authentiques ! Je sais que je peux compter sur vous pour qu’il n’y ait aucune exaction, aucun règlement de compte. Je demande à tous ceux qui ont quitté leur maison et leurs amis, par peur des représailles, de revenir chez eux et de reprendre leur vie normale.


Monsieur le président,
En vous remerciant de nouveau, et à travers vous, toute la France pour cet élan fraternel et ô combien amical pour notre peuple, et en vous souhaitant une fois de plus bienvenue à Tombouctou, Vive Tombouctou ! Vive le Mali ! Vive la France !


Monsieur le président,
Après Tombouctou, nous voilà à Bamako où les populations de Bamako et le peuple malien tout entier ont tenu encore à vous témoigner leur reconnaissance pour l’intervention déterminante de la France, à un moment où l’existence même du Mali était en jeu.


C’est un agréable devoir pour moi de vous transmettre les salutations de millions de Maliennes et de Maliens, de millions de Sahéliens et de vous remercier, au nom des populations de Gao, de Tombouctou, de Kidal, de Mopti, de Ségou, de Sikasso, de Kayes, de Koulikoro et de Bamako. Le peuple du fleuve vous dit merci, le peuple de la dune vous dit merci.


Merci pour la déroute des démolisseurs qui ont hélas passé à la pique et au marteau un millénaire d’histoire. Merci pour les panneaux des prétendues police et justice islamiques désormais décrochés du fronton de nos édifices.


Merci au nom des femmes libérées de la prison obscurantiste de ceux qui n’étaient venus que pour détourner l’Islam. Merci pour toutes celles qui ne connaîtront plus l’humiliation des mariages forcés et multiples. Merci pour les sanglots que nous n’entendrons pas ce soir de la énième fille violée devant ses père et mère terrifiés et horrifiés.

Merci pour cette jeunesse qui revient à l’espoir, qui sait travailler de ses mains et de sa tête, et qui espère, sous peu, renouer avec les opportunités que leur offre une des plus belles régions naturelles du monde.


Merci pour avoir rendu possible d’autres éditions du prestigieux festival d’Essakane, du festival de Tamadacht, du festival des souks pour ne citer que ces exemples récents d’une créativité symbolisée dans le monde entier par le génie touareg -aussi- et reflet du génie malien.

Oui, Monsieur le président, grâce à vous, grâce à la France, l’histoire du Mali s’est accélérée depuis le 10 janvier. L’intervention française (autour de laquelle l’humanité se rassemble aujourd’hui, des couloirs de l’Union africaine à ceux des Nations-Unies et qui est née de l’urgence) a permis d’anticiper la mise en œuvre de la Résolution 20-85 portant déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali.


Ce que beaucoup imaginaient pour le moins « à terme », à savoir la libération des grandes villes du Nord, est en passe d’être obtenu dans les délais les plus brefs. Kona est libre. Diabali est libre. Douentza est libre. Gao est libre. Tombouctou est libre et le reste suivra !


Monsieur le président, vous avez fait en sorte que l’Afrique soit à nos côtés, les pays de la CEDEAO, comme d’autres tels que le Tchad, venus massivement. Vous avez fait en sorte, par la présence des forces françaises, que l’armée malienne à genoux se remette debout pour aller au combat de la libération, de l’honneur et de la dignité !


En tant que président d’un pays fier, bien connu pour sa convivialité, j’aurais aimé pouvoir promettre à tous nos amis et à notre peuple « zéro dérapage, zéro représailles, zéro exaction ». Hélas, chacun sait ce que c’est que la guerre, même si jusqu’à présent le comportement de nos troupes dans la présente campagne est quasi exemplaire. Ce que je peux dire par contre, c’est que ceux qui transgresseront les règles de la guerre et le respect des droits humains, agissent à leurs seuls comptes. Nous serons intransigeants envers eux, car c’est l’honneur et la dignité de l’armée et de la nation qu’ils ternissent.


Notre crédo est d’accélérer et non de compromettre la réconciliation nationale : celle de la communauté du Nord, celle des forces du Sud et celle de toute la Nation malienne. Nous le concevons comme un devoir historique et il n’y aura aucune complaisance.


Que tous ceux et toutes celles qui ont le Mali à cœur viennent ; nous leur tendons la main ! Que tous ceux et toutes celles qui ne sont pas dans les schémas de partition, du terrorisme, du narcotrafic et du crime organisé nous rejoignent, abandonnant ainsi leurs fantasmes pour un vivre ensemble nécessaire et souhaité !

Le Mali, de 1992 à 2012, est ce pays qui a accepté la discrimination positive au profit des hommes nomades d’une région du Nord avec un investissement sans précédent. Loin d’exclure ou de marginaliser les communautés du Nord, l’Etat central les a au contraire intégrées dans la Fonction publique sans concours, dans l’armée, dans la vie politique et économique du pays. En 2012 donc, aucun problème n’était créé à Kidal, à Gao ou à Tombouctou, qui ne pouvait être négocié dans le cadre de la démocratie, de la décentralisation, dans la paix et la concorde.


Monsieur le président, le peuple du Mali et son gouvernement ont le ressort pour un dialogue inter-malien ouvert à toutes les sensibilités, à tous les débats pour ressouder la Nation et répondre à la demande de décentralisation effective portée par ses 703 communes. Ce dialogue nous mènera, conformément aux dispositions de la Feuille de route votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Une Feuille de route qui prévoit un retour total à une vie constitutionnelle normale à la suite d’élections propres et crédibles avant le 31 juillet 2013. Cela semble une gageure pour beaucoup, mais nous pensons que cela est possible avec le soutien de nos frères et de nos amis.


Vous êtes en train de faire le plus difficile avec nous, au prix de la vie de vos soldats. Je n’en doute pas un seul instant que vous nous aiderez à gagner ce pari aussi. Ce pari de la démocratie malienne, vous qui venez, d’une décision rapide et juste, de consolider la France du bon côté de l’Histoire de l’humanité.


Monsieur le président, j’ai cherché, j’ai cherché en vain – dans cette belle langue que nous avons en partage avec vous – un mot qui puisse exprimer, en une seule fois, le sentiment que le peuple malien éprouve aujourd’hui pour vous. Mais je ne l’ai pas trouvé. C’est pourquoi, vous me permettrez de vous dire encore une fois et tout simplement : merci.


Vive Tombouctou ! Vive Bamako ! Vive le Mali ! Et vive la France ! »

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