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Mali : pourquoi les groupes armés doivent se soumettre à Bamako
Publié le samedi 15 fevrier 2014  |  Maliactu


© AP par DR
Le MNLA sur ses positions du nord.
11 avril 2012.Tombouctou,Mali.Une incursion sur les terres du Mouvement National pour la Libération de l` Azawad


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Les discussions pour la sortie de crise au Mali bloquent avant même de commencer et chacune des parties rejette la faute sur l’autre.

L’accord de Ouagadougou était présenté comme le précieux sésame qui devait faciliter l’organisation des élections sur tout le territoire malien et permettre le début du dialogue 2 mois après l’installation du nouveau président de la république. Cependant des mois après, il n’y a eu aucune avancée pour ce dernier point. La cause de ce statu quo est imputable aux conditions préliminaires posées par les parties avant tout début de négociation.
Le gouvernement malien se dit favorable à l’ouverture des pourparlers à Bamako dès que les combattants des groupes armés sont cantonnés et désarmés.

Quant aux rebelles, il est hors de question de désarmer avant tout accord définitif. Ils refusent que les négociations se tiennent à Bamako et ne veulent pas changer la nature de leurs revendications axées sur l’autonomie, alors que le Mali a déjà averti que le caractère unitaire de l’Etat ne saurait être négociable.

De toute les manières la crise malienne s’inscrit dans la durée et les groupes armés semblent ignorer que cette situation leur est défavorable. Ils doivent vite se soumettre aux exigences du Mali ou périr. En effet, plusieurs hypothèses permettent d’entrevoir le déclin des groupes armés.

Allègement du dispositif de Serval

Il est connu de tous que l’installation de ces groupes armés au nord du Mali, après la débâcle des terroristes, a été acceptée par la France et le mérite revient à l’opération Serval. Cependant, malheureusement pour les rebelles, la France a entamé un processus de retrait du dispositif de l’opération serval.

Hollande avait précisé, début janvier, le calendrier de retrait des soldats français au Mali. Il déclarait : « Les effectifs passeront de 2.500 à peu près aujourd’hui à 1.600, puis ils déclineront jusqu’à 1.000, ce qui sera le niveau nécessaire pour faire face à toute menace qui pourrait ressurgir, car les groupes terroristes sont encore présents au Nord du Mali »

Ce retrait aura pour conséquence, le renforcement de la présence de l’armée malienne dans les zones qu’occupent actuellement les groupes armées. Dans une telle hypothèse, les groupes armés seront obligés soit de quitter ces territoires, soit d’affronter l’armée malienne.

La caducité de l’accord de Ouagadougou

Plus le temps passe, plus cet accord perd en valeur aux yeux des nouvelles autorités maliennes. Le fait qu’il ait été signé par un gouvernement intérimaire était d’ailleurs un motif d’illégitimité pour certains. Si les spéculations continuent, l’accord de Ouagadougou risque de ne plus avoir le même poids qu’auparavant.

Cet accord prévoyait l’ouverture des pourparlers 60 jours après les élections. Vu que les 60 jours sont longtemps passés, cet argument pourrait être utilisé, à n’importe quel moment, pour justifier la caducité de l’accord si le gouvernement malien décidait de changer de stratégie.

Dans ce cas, une offensive militaire malienne serait l’issue la plus probable.

L’ONU s’impatiente et se lasse

La communauté internationale se veut plus en soutien pour le Mali et pour son intégrité territoriale. Cependant elle est souvent perçue comme complaisante envers les groupes armés. En effet, malgré sa persistance à demander le cantonnement des rebelles, ces derniers restent sourds et continuent à narguer le monde. Aucune mesure n’est prise par la communauté internationale à leur encontre.

Mais cette situation exacerbe réellement l’ONU. C’est pour cela que le Conseil de Sécurité a envoyé une délégation au Mali en vue de faire bouger les positions.

Dans le cadre des recommandations issues de cette visite, un « atelier sur les leçons apprises sur la mise en œuvre des accords de paix passés » a débuté ce jeudi. Plusieurs représentants des groupes armés sont présents à cette rencontre.

A terme, nous devrions constater une évolution dans les discours des parties. A défaut, les groupes armés seront de plus en plus isolés, ce qui les fragilisera et pourra déboucher à des tensions internes.

Tensions internes au sein des groupes armés

Le MNLA, le HCUA, le MAA, etc. sont tous des groupes qui sont nés des cendres d’autres. Aujourd’hui, plus que jamais, leurs membres osent des choses qu’ils n’auraient imaginés même pas dans leurs rêves. Avec l’enlisement, les avis pourraient diverger et certains être tentés de se retirer pour créer de nouveaux mouvements plus attentifs à la réalité.

D’autres encore pourraient avoir de l’intérêt à rejoindre les autorités maliennes contre quelques avantages qui leur seraient proposés.

Selon nos informations, le MNLA, n’est pas officiellement représenté aux rencontres préparatoires qui continuent aujourd’hui au CICB. Certains militants ont, cependant, fait le déplacement, contre l’avis de leur bureau politique.

Sans le soutien de la France ou de la communauté internationale à l’endroit des groupes armés et sans accord quelconque, rien n’empêcherait l’Etat malien d’engager une action militaire pour asseoir son autorité sur toute l’étendue de son territoire. Les groupes armés doivent tenir compte du rapport de force.

S’ils ne veulent pas une fin tragique pour leurs mouvements, ils doivent rapidement revenir ici, à Bamako, pour discuter développement avec leurs autorités.

Aliou Hasseye

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