Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Les tensions dans le nord du Mali poussent Bamako au dialogue avec les rebelles
Publié le samedi 15 fevrier 2014  |  Le monde.fr




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Un processus de paix va-t-il bientôt s'enclencher au Mali ? Après des mois de blocage entre le gouvernement et les groupes armés du Nord, notamment la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), des rencontres préparatoires à d'éventuelles négociations ont été organisées, à Bamako, la capitale, jeudi 13 et vendredi 14 février.

Sans garantie de réussite, ces « ateliers », auxquels participent des membres de la communauté touareg, du gouvernement et de la Minusma, la force de l'ONU au Mali, se tiennent alors que les incidents sécuritaires se multiplient dans le nord du pays depuis une semaine, ravivant la crainte de voir les djihadistes relever la tête et soulignant l'urgence pour les autorités maliennes d'ouvrir des négociations de paix destinées à stabiliser cette région.

La première alerte a eu lieu le 6 février, dans la localité de Tamkoutat, au nord-est de Gao. Ce jour-là, une trentaine de Touareg ont été tués par des assaillants identifiés comme des Peul, laissant craindre un nouveau cycle de violences et de représailles entre les deux communautés.

Les affrontements interethniques ne sont pas nouveaux dans cette région. Depuis le milieu des années 1990, ils éclatent régulièrement à propos du contrôle des ressources locales et des vols de bétail. « En 2012, le conflit a mis en sourdine cette question, mais elle n'a jamais été réglée, souligne le journaliste malien Adam Thiam. Aujourd'hui, elle resurgit, aggravée par les enjeux récents. »

Dans un communiqué, le MNLA a accusé le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest), allié d'Al-Qaida, d'être derrière le massacre du 6 février. Pendant l'occupation du nord du Mali par les djihadistes en 2012, le Mujao, qui régnait à Gao, avait recruté notamment parmi les Peul. Et les victimes touareg du 6 février appartiendraient à la communauté des Imghad, dont est issu le colonel touareg Gamou, resté fidèle à Bamako.

CONTEXTE FAVORABLE AUX NARCO-DJIHADISTES

Si le Mujao n'a pas revendiqué l'attaque du 6 février, l'un de ses cadres, Yoro Abdoulsalam, s'est, en revanche, attribué la responsabilité de l'enlèvement de cinq humanitaires maliens, dont quatre membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), portés disparus depuis le 8 février, alors qu'ils faisaient le trajet entre Kidal et Gao. « Nous avons pris (…) un 4 × 4 des ennemis de l'islam avec leurs complices », a déclaré Yoro Abdoulsalam, à l'AFP, le 10 février, se contentant d'indiquer : « Ils sont en vie et en bonne santé. »

Ces événements révèlent-ils un retour en force du Mujao ? « Il faut rester prudent sur l'implication exacte du Mujao dans ces événements, estime André Bourgeot, anthropologue au CNRS. Il y a, par contre, un contexte favorable au retour des groupes narco-djihadistes au nord. “Serval” a remporté une victoire ponctuelle sur eux, mais ces groupes n'ont pas été éradiqués. »

Certains combattants ayant échappé à l'offensive de janvier 2013 dans le massif des Ifoghas se sont réfugiés dans le sud libyen, où ils ont pu reconstituer une partie de leurs forces. « Ils ne sont pas dans une phase d'offensive mais de reconstitution de leur potentiel », confirme une source militaire française. La découverte régulière de caches d'armes par les troupes françaises en témoigne.

STRATÉGIE DE HARCÈLEMENT

Affaiblis, les djihadistes ne chercheraient plus à conquérir les grandes villes comme en 2012, ni même à mener une guérilla, mais seraient davantage dans une stratégie de harcèlement. « Ils sont passés à une phase terroriste. Un In Amenas bis ? C'est certainement leur objectif », concède la source militaire, faisant référence à l'attaque du site gazier algérien par des djihadistes en janvier 2013, qui avait fait 38 morts, dont 37 travailleurs étrangers.

Dans ce contexte, le retard pris dans les négociations de paix entre Bamako et les groupes armés du Nord, dont le MNLA, à l'origine de la crise de 2012-2013, apparaît de plus en plus préoccupant. Selon l'accord préliminaire signé en juin 2013 au Burkina Faso entre l'Etat malien et les rebelles, le dialogue aurait dû reprendre fin 2013, mais rien ne s'est produit, les deux camps se renvoyant la responsabilité du blocage.

La communauté internationale, qui a beaucoup investi pour la stabilité du Mali, met la pression sur le gouvernement pour qu'il engage un dialogue. Fait rare, une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies s'est rendue sur place du 1er au 3 février pour rencontrer les différents protagonistes. « Nous nous attendons à ce que le dialogue commence ce mois-ci », déclarait Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, à l'issue de cette visite.

C'est donc moins de deux semaines après que se sont ouverts les « ateliers » de Bamako. Consacrés au cantonnement et à la réinsertion des combattants, ainsi qu'au retour de l'administration dans le nord du pays, ces ateliers sont censés être suivis de pourparlers « inclusifs » avec les groupes armés, le gouvernement mais aussi la société civile.

« Les événements du 6 février ne préfigurent pas forcément un affrontement généralisé entre communautés, estime Adam Thiam, mais ils donnent une idée des défis à relever : les négociations avec le MNLA, mais aussi le retour de la confiance entre les communautés et à l'intérieur de chaque communauté. »

Par Charlotte Bozonnet

 Commentaires