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L’Indépendant N° 3445 du 24/2/2014

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Le Sénégal interdit aux routiers maliens de franchir sa frontière avec des réservoirs supplémentaires : Le CMTR décide de porter plainte contre X devant le tribunal de l’UEMOA Risque réels de pénurie et perturbation de l’activité économique
Publié le lundi 24 fevrier 2014  |  L’Indépendant




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Depuis pratiquement deux semaines, le trafic des gros porteurs est perturbé sur l’axe Bamako-Dakar. En effet, le samedi 8 février, 22 gros porteurs maliens ont été immobilisés à Kidira à l’entrée du territoire sénégalais. Les réservoirs supplémentaires qu’ils transportaient ont été vidés de tout leur contenu et les conducteurs arrêtés, suite à une décision unilatérale de l’Etat sénégalais interdisant aux gros porteurs maliens de franchir la frontière avec leur dotation en carburant tant à l’aller qu’au retour. Les routiers maliens protestent et décident du coup de porter plainte contre X auprès du tribunal de l’UEMOA.

Tant que nous ne serons pas remis dans nos droits, le trafic restera perturbé » ont-ils assuré. Ce qui aura sans nul doute une forte répercussion sur l’approvisionnement du pays quand on sait que ce sont quelque 350 et 400 camions qui desservent cet axe quotidiennement.
Pour le président du Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), Youssouf Traoré, la décision des autorités sénégalaises viole le principe de la libre circulation des personnes et de leurs biens dans l’espace UEMOA. » Cette décision est d’autant plus inquiétante qu’elle a été prise sans en aviser la partie malienne.

Le Sénégal est le seul Etat à l’avoir adoptée, à ce jour, alors que plus de 80% des camions de la sous-région sont équipés de réservoirs supplémentaires. La décision sénégalaise est unilatérale et enfreint les textes en vigueur dans l’espace UEMOA-CEDEAO « a déclaré le président du CMTR ajoutant que des correspondances ont été envoyées aux autorités maliennes notamment au chef du gouvernement, Oumar Tatam Ly, au ministre des Transports pour qu’elles intercèdent aux côtés de leurs homologues sénégalais.
Youssouf Traoré ajoutera que des démarches sont entreprises par le CMTR pour porter plainte contre X auprès du tribunal de l’UEMOA.
Pourquoi des réservoirs supplémentaires ?

L’installation d’un réservoir supplémentaire sur les gros porteurs est partie, selon Youssouf Traoré, sur la base d’un certain nombre de constats : d’abord le carburant est moins cher au Mali qu’au Sénégal. Un litre de gasoil coûte 640 FCFA au Mali alors qu’il est cédé à 800 FCFA au Sénégal. C’est pourquoi les routiers maliens tiennent à avoir, depuis leur départ du Mali, leur dotation en carburant aller-retour pour éviter d’en acheter au Sénégal. Ensuite, pour des raisons de sécurité, explique-t-il, l’expérience nous a prouvé qu’il est souvent dangereux de remettre une importante somme d’argent aux routiers sur une longue distance.

Le président du Conseil malien des transporteurs routiers, déplorant le déficit de communication de la partie sénégalaise, de préciser : » Nous sommes des partenaires. Ils ne peuvent pas prendre une décision nous concernant et l’appliquer sans se donner la peine de nous informer. Les transporteurs sont des acteurs incontournables de l’axe Bamako-Dakar. Concernant les raisons avancées par les autorités sénégalaises pour motiver leur décision, je dois dire que c’est par souci de faire des économies que nous faisons le plein de nos réservoirs au Mali, parce que le carburant coûte moins cher ici. Certains propriétaires de parcs de gros porteurs sont aussi des opérateurs pétroliers. Ils sont dans leur droit s’il décident de faire le plein de carburant chez eux avant de prendre la route « . Si les routiers devaient s’approvisionner au Sénégal où le carburant est très cher, dit-il, cela aurait une forte incidence sur le prix des denrées au Mali. Nous voulons donc éviter à notre pays les affres d’une autre crise.
Du côté sénégalais, on motive la prise d’une telle décision par des soucis plutôt sécuritaires. Il est, semble-t-il, reproché à certains routiers maliens de faire du trafic de » carburant « une fois sur le sol sénégalais. Aussi, on reproche à certains de dissimuler des stupéfiants dans leurs réservoirs supplémentaires.

En clair, pour Youssouf Traoré, ce souci sécuritaire pour motiver la décision sénégalaise n’est pas fondé. C’est plutôt des questions d’ordre économique. Toutefois, si les soupçons contre certains routiers maliens s’avèrent, il est de la responsabilité des autorités sénégalaises de les appréhender. C’est leur droit, soutient-il.
Avant de déclarer que le trafic sera perturbé tant que cette décision n’est pas levée.
Abdoulaye DIARRA

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