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Grade de général : Comment Dioncounda a cédé face à Sanogo
Publié le lundi 10 mars 2014  |  L’aube


© aBamako.com
Conseil des Ministres du 1er aout 2012
1 er aout 2012. Koulouba. Premier Conseil des Ministres présidé par le Président de la Transition Dioncounda Traore


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Le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’Etat (qualifié de coup d’Etat débile à l’étranger) du 22 mars qui a plongé le Mali dans le chaos, a été promu (bombardé) général de corps d’armée le mercredi 14 août par Dioncounda Traoré, (le pauvre !). Le président intérimaire, en visite à Ouaga le 16 août, soit deux jours après, s’est confondu dans des explications boiteuses inscrivant l’acte dans un cadre de réconciliation nationale. En réalité, il ne s’agissait ni plus, ni moins que l’aboutissement d’une exigence de Sanogo. Sous la pression, Dioncounda ne pouvait que céder. Et comment ?

En effet, cette promotion était le résultat d’une pression exercée sur Dioncounda Traoré par Amadou Haya Sanogo qui, malgré sa mise à la touche par la Cedeao, représentait une menace pour le palais. A Bamako, le président pouvait être passé à tabac par n’importe qui. En témoigne la violente marche (dont les dessous sont bien connus) de badauds qui avait fini dans le bureau de Dioncounda. Celui-ci a failli perdre la vie. La bastonnade qu’il a reçue a occasionné un long séjour médical à Paris. De retour, il est resté à la présidence surtout grâce à la pression de la communauté internationale qui exigeait la mise à l’écart de la junte. Cependant, tout le monde savait que Dioncounda n’était là que pour le décor ; la réalité du pouvoir était à Kati, entre les mains de Sanogo et ses hommes…

Sanogo impose son grade
Début janvier 2013, précisément le 9. Une énième manifestation se déroulait à Bamako, au même moment où les djihadistes attaquaient Konna. Dans les rues de la capitale, des civils à la solde de Sanogo et des militaires infiltrés menaçaient le pouvoir de Traoré. Objectif inavoué : démettre Dioncounda de ses fonctions de président par intérim. Haya était au parfum du coup, s’il n’était pas l’instigateur. « D’ici (QG de la junte), je suis au courant de tout ce qui est concocté à Bamako et à travers tout le pays » aimait-il rappeler. Ce qui était vrai, puisqu’il bénéficiait des bons offices de la Sécurité d’Etat, confié à un de ses hommes de main. Informé, Dioncounda n’avait d’autre choix que de se confier à Haya. Le putschiste aurait alors promit de le protéger jusqu’à la fin de la transition. Mais, cette protection avait son prix : un grade de Général de corps d’armée. Exigence acceptée par Dioncounda qui ne voulait certainement plus revivre la dure épreuve d’une bastonnade. Le deal conclu, il fallait attendre le moment opportun et/ou convenu par les deux hommes. Ainsi, il fallait éviter que Sanogo soit promu avant la fin de la transition. Cela pour éviter des problèmes à Kati et dans les autres garnisons du pays. Quelle allait être aussi la réaction de la communauté internationale ? Comment les soldats engagés au front allaient-ils réagir ?


En outre, des promotions en grade accordées à des policiers par Dioncounda, sur instruction de Sanogo, avaient provoqué des remous au sein des unités de la police. En réalité, ces promotions à la police, accordées à des éléments (policiers) proches de Sanogo, était un test pour l’ensemble des forces armées et de sécurité… Le mois d’août a été alors choisi pour la promotion de Sanogo lui-même, au grade de Général. Mais le moment venu, Dioncounda Traoré a semblé se rétracter.

En effet, il passa deux semaines sans signer le fameux décret. Sanogo s’impatiente. Il ne tarda pas à manifester sa colère. Devant des témoins, il menaçait de prendre des mesures contre le président intérimaire. Au besoin, laissait-il entendre, ‘’je le ferai ligoter afin qu’il me donne mes galons’’. Finalement, Dioncounda panique et cède. Il s’exécuta le 16 août, et les Maliens, (indignés), étaient mis devant le fait accompli.

Une promotion qui viole toutes les règles en vigueur dans l’armée
Qu’a-t-il fait pour mériter de tel grade ? C’est la question que se posait les Maliens, y compris au sein des milieux militaires. En effet, ce putschiste et ses compagnons, qui avaient justifié leur coup par la mauvaise gestion de la crise au nord, ont passé leur temps à Kati. Evidemment bien loin des opérations au nord du pays.

Aux yeux des Maliens, rien ne peut justifier cette promotion pour ce capitaine qui fut renvoyé du prytanée militaire de Kadiogo, au Burkina, puis de l’école militaire de Koulikoro. Néanmoins, Dioncounda tenta de justifier l’injustifiable : « certains pensent que cette nomination est une récompense à l’impunité ? Moi je pense le contraire ! Les choses ont été suffisamment compliquées. Inutile de chercher à les compliquer davantage. Nous sommes arrivés à une phase où il faut tourner certaines pages. Je pense que c’est le souci de la réconciliation nationale qui nous a guidés à poser cet acte. Le capitaine Sanogo et ses compagnons demeurent des Maliens à part entière, qui se sont trompés et qui l’ont regretté et ont demandé pardon. Et je pense que c’est un devoir pour moi de régler certains problèmes avant l’arrivée prochaine du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta…». Mais ce que Dioncounda ne dit pas, c’est que cette promotion a été mal accueillie au sein de l’armée. Elle déclencha une mutinerie en septembre 2013. C’est ça régler des problèmes ?

Par ailleurs, Dioncounda n’était-il pas au courant que son Général de salon avait déjà son placard rempli de cadavres, ceux de soldats ?

Des principes de l’armée violés
Pour maquiller la mascarade, deux officiers (Didier Dacko et Moussa Sinko Coulibaly) avaient été nommés au grade de général de brigade. De la poudre aux yeux. Ainsi, Amadou Haya, malgré sa carence notoire sur le plan militaire, sauta 6 échelons : commandant, lieutenant-colonel, colonel, colonel-major, général de brigade, général de division. Une première dans l’histoire des armées du monde. En effet, il faut remplir un certain nombre de critères pour prétendre au grade de général de corps d’armée. Déjà, il faut acquérir au préalable le Diplôme d’Aptitude Supérieur au grade d’Officier Supérieur (DAGOS) pour prétendre un jour à celui d’officier supérieur (commandant et colonel). Or, Sanogo n’avait même pas fait les cours de capitaine. S’agissant du grade de Général, on y accède, d’une part, par la reconnaissance aux proposés certaines qualités. Ceux-là sont les généraux du temps de paix; ils accéderont aux étoiles à partir de 50 ans.

Au-delà de ces critères, dans l’armée, ne peut prétendre à une promotion tout soldat coupable d’actes répréhensibles et/ou de punition. Une mesure qui s’étend sur une période donnée. Ce principe et bien d’autres ont été violés, d’autant plus que Sanogo venait de commettre un coup d’Etat, « un crime imprescriptible » selon la Constitution malienne. En plus, on savait que Haya était à la base de massacre de soldats, d’arrestations arbitraires d’hommes politiques, entre autres. Des crimes qui ont fini par le rattraper, une vraie descente aux enfers précipitée par les évènements du 30 septembre dernier.

Durant toute cette période, la carence, l’incompétence et le dessein de Sanogo étaient bien connus des européens, notamment le commandement de l’Eutm, qui malgré la qualité de président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité accordé à Haya, n’a daigné l’impliquer dans aucun programme et activité de l’Eutm.
Et dire qu’avant son grade de Général, Sanogo avait exigé et obtenu du président Dioncounda qu’il soit le président de ce comité de reforme de l’armée. Ridicule !

Issa B Dembélé

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