Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Prétoire N° 300 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Face au désastre de l’enseignement privé : IBK décide de mettre fin au désordre
Publié le lundi 17 mars 2014  |  Le Prétoire




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Profitant de la pose de la première pierre des travaux d’extension du complexe Universitaire de Kabala, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la création anarchique des établissements privés. Dans la foulée, il a annoncé la prise d’une batterie de mesures pour réglementer non seulement les conditions de création des écoles privées. Mais aussi, les critères de recrutement des enseignants et les conditions de travail des élèves et des étudiants de ces établissements.

En effet, depuis l’adoption de la loi n° 94-032 portant statut de l’enseignement privé au Mali par l’Assemblée Nationale le 12 mai 1994 et sa promulgation par le Président de République de l’époque le 25 juillet 1994, on a assisté à une floraison des écoles privées dans tous les ordres d’enseignement. Cette loi ainsi que son décret d’application, signée le 15 Août 1994, s’imposaient à l’époque pour réglementer le secteur qui vivait dans l’anarchie. Beaucoup ont fermé boutique à l’époque. Malheureusement le désordre persiste.

Qu’en est-il des conditions d’ouverture de ces écoles prévues par la loi ? Combien de nos écoles répondent à ces critères ? Qu’en est-il de la qualité des enseignements dispensés ? Répondent-ils en réalité aux programmes scolaires en vigueur ?…voilà autant de questions qui taraudent l’esprit des Maliens depuis des années avec la prolifération des écoles privées au Mali.

Depuis plus de deux décennies, s’il y a bien un domaine dans lequel l’Etat malien a failli, c’est le secteur de l’éducation, avec le manque d’infrastructures et de formation des acteurs, l’effectif, les grèves à répétition, les années scolaires escamotées etc.

L’Etat étant incapable de répondre aux besoins de la population a initié la politique de l’enseignement privé. Malheureusement pour son initiateur, le secteur privé n’a apporté que du désordre dans notre système éducatif déjà malade.

Dans toutes les rues de la capitale, ces établissements non enregistrés font leur « commerce » sans se soucier de l’avenir des enfants. Des abris, du moins, des taudis sont aménagés à cet effet de manière peu orthodoxe pour servir de classe. Il suffit simplement de sillonner quelques établissements privés de la place pour mesurer l’ampleur du désastre. On s’aperçoit alors aisément que l’important pour ces établissements privés, ce sont bien les frais de scolarité. La plupart des enseignants de ces établissements privés sont recrutés n’importe comment. Ceux qui ont suivi des formations de maîtres sont rares parmi les enseignants de ces établissements privés.

L’ancien président, Amadou Toumani Touré, a martelé au cours d’une présentation de meilleurs vœux qu’au Mali il y a deux écoles, l’école publique qui ne travaille pas et l’école privée qui travaille. Mais, c’était mal connaitre certains promoteurs privés qui sont de véritables sangsues. Ils foulent au pied les critères de recrutement des enseignants et gonflent les notes des élèves, ce qui évidement est à l’origine des échecs spectaculaires ces dernières années dans le privé au niveau du DEF et du BAC. Mais force et de constater que ces Etablissement privés dans leur grande majorité forment tout sauf des produits vendables sur le marché de l’emploi.

Pour le Pr Paul. Somboro professeur d’histoire, le problème, c’est souvent les promoteurs eux-mêmes, qui dans le meilleur des cas donnent raison aux élèves quand le professeur tente de prendre des sanctions. « Un élève à l’habitude de me dire monsieur même si vous m’expulser de la classe je reviendrai, car mes parents payent cher. Mieux ajoute, l’élève indiscipliné, si ce n’est pas Jean, c’est Paul, je peux aller m’inscrire ailleurs ».

Marc, ce professeur d’Allemand très remonté indique : « les promoteurs privés sont de véritables sangsues, ils recrutent peu ou prou des enseignants permanents et pire ces soi-disant permanents ne sont pas inscrits à l’Inps ». La plupart du temps ces promoteurs préfèrent le système de mercenariat, c’est à dire le système de payement par heure de cours. C’est beaucoup avantageux, a souligné le Pr Marc parce qu’en cas de débrayage les enseignants ne sont pas payés. Certains promoteurs conditionnent le payement des enseignants à la tombée des frais scolaires alloués par l’Etat.

Les Universités privées ne sont pas mieux loties

Pour le Pr Aboubacar Mahamane, la création des universités privées n’est pas mal en soi, si les normes sont respectées. Elle permet aux universités publiques de souffler un peu. Mieux au niveau des Universités privées, on trouve des filières qui n’existent pas au niveau des facultés publiques et ces filières sont pointues et sont en adéquation avec le marché de l’emploi au niveau du secteur privé plus gros pourvoyeur d’emploi. Cependant, selon le Pr Aboubacar, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, ces universités sont confrontées à d’énormes difficultés. Première difficulté : le problème de ressources humaines, il y a beaucoup de filières qui n’ont pas de spécialistes.

Pire, il n’y a pas d’uniformité entre les programmes de ces universités privées et ceux des universités publiques. Et souvent la reconnaissance même de ces diplômes par l’Etat pose problème. Les étudiants des universités publiques se retrouvent dans les universités privées, cela ne contribue pas à dégarnir ces universités publiques. Comme solution au problème, le Pr Aboubacar propose : une uniformité entre les programmes des universités privées et les universités publiques, le renforcement des ressources humaines, l’orientation par l’Etat de certains étudiants au niveau des facultés privées moyennant le versement de subventions.

Le professeur Yahayia Diaby, promoteur de l’Ecole Supérieure d’Information de Communication et de Commerce Afrique (Esic), au delà du Cames, propose la création du Camesp pour la promotion de l’enseignement supérieur privé en Afrique pour adapter nos filières de formations au système anglo-saxon plus pragmatique. Le Mali a encore du chemin à faire pour sortir son système éducatif du tunnel.

Badou S. KOBA

 Commentaires