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L’Indépendant N° 3462 du 19/3/2014

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Pour la décrispation dans les pourparlers sur le Nord… Le Gouvernement s’apprête à libérer discrètement une vingtaine de membres du MNLA
Publié le mercredi 19 mars 2014  |  L’Indépendant




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Ils sont détenus comme prisonniers de guerre dans les structures carcérales de Bamako, principalement à la Maison centrale d’arrêt. Une vingtaine d’anciens combattants du MNLA vont bientôt recouvrer leur liberté dans le cadre de l’exécution de l’accord de Ouagadougou signé entre le gouvernement du Mali et les mouvements armés du Nord. Le Gouvernement vient d’envoyer une correspondance aux magistrats chargés du dossier de ces apatrides en vue de les élargir.

Après avoir mené des incursions contre les positions de l’armée malienne dans la région de Kidal au moment de la reconquête des 2/3 du territoire malien, plusieurs combattants du MNLA ont été faits prisonniers de guerre. La plupart d’entre eux sont impliqués dans des exactions contre les paisibles populations du septentrion malien. Mais l’Accord de Ouaga du 18 juin 2013 suggère leur libération. Ainsi, deux vagues de ces criminels ont été déjà libérées. Dans le cadre des pourparlers qui viennent d’être amorcés, le gouvernement veut libérer les derniers détenus.

Par correspondance datée du 14 mars dernier, le ministère de la Justice a saisi le Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako en ces termes : « Je vous fais parvenir à toutes fins utiles la liste des personnes proposées pour la libération dans le cadre de l’exécution des accords de Ouagadougou, signés entre le gouvernement de la République du Mali et les mouvements armés « .

Dix neuf personnes sont concernées par cette prochaine libération. Ce sont : Mohamed Ag Sayid, Moussa Ag Mohamed, Bilal Ag Akado, Noh Ag Ibrahim, Eolek Ag Taïbou, Ghissa Ag Mikal, Issouf Ag Gadidan, Abdoul Rahmane Ag Almostapha, Akly Ag Introufane, Mohamed Bay Ag Sanno, Abilal Ag Sidahmed, Ahmayad Mohamed Alhassane, Mohamed Ag Ahmed, Mahmoudane Ag Med Ibutal, Moussa Ag Sidi, Ouiye Ag Ibrahim, Almahmoud Ag Malick, Ghaly Ag Ilbak, Sidi Mohamed Ag Oumouss.

Rappelons qu’en marge des travaux de la Cour d’Assises de l’année dernière, en transport à Ségou, le procureur général près la Cour d’Appel de Bamako, Daniel Tessougué, avait été catégorique par rapport à ces élargissements des criminels du MNLA : « Tant que je resterai procureur général, aucun prisonnier rebelle ne sera libéré! », avait-il martelé. Ce qui n’avait pas empêché les autorités de relâcher ces bandits de grand chemin et autres trafiquants de drogue notoires tombés sous le coup d’inculpations et de mandats de dépôts délivrés par deux juges d’instruction de la Commune III de Bamako : Cheick Haoussa et Fousseyni Togola.

Il faut préciser qu’à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le président de la République avait vigoureusement réagi. » On ne me bouscule pas. On ne me trimbale pas…Ceux qui n’ont pas de sang sur les mains, ceux qui ne sont pas des jihadistes avérés, verront leur sort allégé. Nous l’avons dit et nous le ferons. Tout cela doit se faire dans le cadre de la confiance. Sans la confiance, rien ne peut être réalisé » avait-il dit. La question se pose de savoir si ces personnes n’ont pas du sang sur leurs mains.

Cette énième libération de prisonniers de guerre et autres criminels est de nature à heurter bien des susceptibilités quand on sait que le chef de l’Etat n’a de cesse de marteler que nul ne sera au-dessus de la loi.

Reste à savoir comment doit se sentir aujourd’hui le procureur général près la Cour d’Appel, Daniel Amagoin Tessougué qui disait, lors des précédentes libérations de ces rebelles : » Lorsqu’un pays veut s’offrir des lendemains de pleurs et de sang, il emprunte la voie de l’injustice. Après la crise que notre pays a connue, les Maliens ont engagé la consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie. Cela passe par la justice. Au nom d’un prétendu Accord de Ouagadougou qui n’est qu’un chiffon de papier sans valeur juridique, on voudrait faire sortir de prison des gens qui ont volé, violé et massacré des Maliens ! Je ne peux pas accepter que des voleurs de moutons soient jetés en prison et que ceux qui ont commis des massacres, des viols, soient libérés …

« . Les magistrats parlent d’une grave violation de l’article 81 de la Constitution qui dispose que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Si l’on tient coûte que coûte à libérer les prisonniers de guerre poursuivis, indique une source proche de la Cour d’Appel, il faut au moins être légaliste : » Après le jugement des détenus, le chef de l’Etat peut toujours, s’il le veut, gracier ceux qui auront été condamnés.

Quant aux députés, ils sont libres de voter une loi d’amnistie en leur faveur.
En clair, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ont, chacun, les moyens juridiques de libérer les ennemis de la nation mais ils ont peur de le faire car le peuple les regarde. Ils veulent donc faire pression sur la justice pour que celle-ci fasse le travail à leur place. « Cela, je m’y refuse absolument! La politique a son calendrier, la justice la sienne « , déclare un haut cadre de la magistrature. Pour ce magistrat du Parquet, la réconciliation nationale est nécessaire, certes, mais elle ne peut nullement se faire dans l’injustice.

» L’injustice est une mère qui n’est jamais stérile et qui produit des enfants dignes d’elle. Devant l’injustice, les peuples en viennent très vite à ne plus faire confiance en leurs dirigeants et à défier l’Etat « .

Bruno DjitoSEGBEDJI

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