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L’Indépendant N° 3462 du 19/3/2014

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Forum pour le développement de l’Afrique : La Banque mondiale et l’AFD décortiquent l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne
Publié le mercredi 19 mars 2014  |  L’Indépendant


© aBamako.com par DR
Economie : Visite du vice-président de la Banque Mondiale, Makhtar Diop
Lundi 18 mars 2013. Mali. Le vice- president de la Banque Mondiale, Makhtar Diop rencontre les ministres des finances et les ambassadeurs. Photo : Makhtar Diop.


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La Banque mondiale doit procéder le 24 mars prochain à la dissémination du rapport sur l’emploi des jeunes en Afrique au sud du Sahara. Le document, dont nous avons pu obtenir une copie, aborde des questions clé liées à la transition démographique à l’origine de la forte augmentation de la population jeune qui émerge sur les marchés du travail et qui, à terme, peut stimuler la croissance économique et le développement.

Il met aussi en exergue le rôle que peuvent jouer les ressources minérales, les opportunités inexploitées dans le secteur agricole, les aspirations des jeunes et des décideurs axées sur des emplois salariés au détriment de l’auto-emploi. Le rapport analyse aussi les obstacles qui se posent et relève les pistes en rapport avec l’amélioration de la productivité du secteur agricole et des autres secteurs porteurs afin d’apporter des pistes de réponse au dilemme des décideurs.

C’est dans le cadre de ses publications de la collection « L’Afrique en développement » qui s’intéresse aux grands enjeux sociaux et économiques du continent, codirigée avec l’Agence française de développement (AFD) que la Banque mondiale a réalisé en 2013 une étude intitulée « L‘emploi des jeunes en Afrique subsaharienne » qui s’attache à esquisser la dynamique du défi de l’emploi des jeunes.

Dans le rapport, il ressort que « L’Afrique subsaharienne vient d’achever l’une de ses meilleures décennies de croissance depuis les années 1960. Entre 2000 et 2011, le PIB a enregistré une hausse de plus de 4,5% par an en moyenne contre 2% environ au cours des 20 années précédentes. En 2012, la croissance du PIB régional était estimée à 4,7% ou 5,8% si l’on exclut Afrique du Sud. Environ un quart des pays de la région a enregistré une croissance de 7% ou plus et plusieurs pays africains sont parmi les pays qui enregistrent les croissances les plus rapides dans le monde. Les perspectives de croissance à moyen terme restent solides et devraient être soutenues par la reprise de l’économie mondiale« .

En même temps, relève le rapport, beaucoup d’Africains demeurent insatisfaits de ce progrès économique. Selon les dernières données d’Afrobaromètre, 65% des personnes interrogées affirment que les conditions économiques de leur pays sont identiques, voire pires, que celles de l’année précédente ; 53% jugent leur situation économique nationale » très mauvaise » ou » assez mauvaise » et 48% en disent autant sur leur situation économique personnelle.
Il urge donc de traduire les forts taux de croissance sur les conditions de vie des populations. Quant au défi de l’emploi des jeunes, il reste colossal, mais, poursuit le document, « la jeunesse dynamique de l’Afrique constitue aussi une unique opportunité, en particulier aujourd’hui, avec le vieillissement rapide des populations dans le monde.

Les jeunes n’ont pas seulement besoin d’emploi, ils en créent aussi. La main d’œuvre croissante de l’Afrique peut être un atout sur le marché mondial. Toutefois cette vison d’un avenir prometteur pour l’Afrique ne se réalisera que par une meilleure compréhension des moyens de profiter de cet atout « .
L’Afrique subsaharienne a aujourd’hui une opportunité sans précédent. La moitié de la population a moins de 25 ans. Entre 2015 et 2035, il y aura chaque année 500 000 jeunes de quinze ans de plus que l’année précédente.

Environ 16% des jeunes africains qui travaillent, ont des emplois salariés. Dans les pays à faible revenu, les emplois sont à peu près équitablement répartis entre les secteurs public et privé. Le secteur industriel (minier, manufacturier et construction) représente moins de 20% des emplois salariés. Les emplois restants se trouvent dans les exploitations agricoles familiales (62%) ou les entreprises familiales (22%), qui ensemble peuvent être décrites comme le secteur informel.

Ces types d’emplois (travail sur une petite parcelle, vente de légumes dans la rue, confection de vêtements à domicile) génèrent souvent peu de revenus.
L’emploi dans le secteur des services va, selon les prévisions, croitre plus rapidement que l’emploi dans les secteurs industriels. La plupart des emplois non agricoles, seront donc créés dans les services. Sur la base des hypothèses, les projections montrent que le nombre des emplois salariés dans le secteur industriel connaîtra une hausse de 55% au cours des dix prochaines années.

Le problème est que cette croissance commence sur une base si petite qu’elle est loin de permettre d’absorber les millions de jeunes qui joignent chaque année la population active. La base étant limitée, la part des emplois industriels salariés dans l’emploi total n’augmentera que de 3 à 4,5% en Afrique subsaharienne, un niveau toujours inférieur à celui des autres régions en développement.

La part des emplois salariés dans le secteur des services devrait passer de 13 à 22%. En d’autres termes, au cours des dix prochaines années, au mieux, seul un quart de la jeunesse d’Afrique subsaharienne trouvera un emploi salarié, et seule une petite fraction de ces emplois seront des emplois « formels » dans des entreprises modernes. La plupart des jeunes finiront par travailler dans le même secteur que leurs parents (dans les exploitations agricoles et des entreprises familiales).

Le défi est de non seulement créer des emplois dans le secteur formel, mais d’augmenter la productivité de près de 80% de la population active occupée qui sera dans le secteur informel et ainsi aborder le problème du sous-emploi dans ce secteur.

L’importance accordée à l’augmentation de la productivité dans le secteur informel peut sembler inhabituelle au vu de la publicité faite sur le taux de chômage élevé des diplômés universitaires. Or, poursuit, le rapport cette proportion ne représente que 3-4% de la population active et est issue des ménages les plus riches et continuent d’avoir les meilleures perspectives d’emploi. La création d’emplois dans le secteur formel est importante et doit être encouragée, mais la réalité est que même si les pays africains réussissaient à attirer une injection extraordinaire d’investissements privés dans les entreprises à forte densité de main-d’œuvre, cela ne devrait extraire qu’un petit nombre de travailleurs du secteur informel dans un avenir proche.

Youssouf CAMARA

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