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L’Indépendant N° 3473 du 4/4/2014

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IBK ignoré par le RPM et ses alliés politiques
Publié le vendredi 4 avril 2014  |  L’Indépendant




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Une semaine après la publication de l’article du journal Le Monde révélant la mise en cause » pour corruption » du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le RPM et ses alliés politiques observent toujours un silence de cimetière. Preuve qu’ils ne sont pas prêts à se jeter à l’eau avec le locataire de Koulouba, au moment où le chef de l’opposition ironise en disant : « On m’accuse de détournement, ce n’est pas de moi qu’on parle dans Le Monde « .

L’adage est bien connu selon lequel c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses vrais amis. Et c’est une lapalissade que de dire que l’affaire désormais baptisée « Tomigate » est aujourd’hui une véritable arête dans la gorge du président de la République. Que cette mise en cause soit fondée ou pas, elle a eu le triste mérite d’avoir porté un coup dur au moral que l’on dit d’acier du chef de l’Etat, dans un Mali encore convalescent. Ce coup a été porté pas à la seule institution du président de la République mais aussi au peuple entier du Mali.

Dans ces circonstances, le minimum auquel on peut s’attendre de la part des alliés du pouvoir est une mobilisation générale contre l’accusateur ou le diffamateur. Si le communiqué du gouvernement diffusé juste après la publication de l’article annonçait que l’intention inavouée de cette information est de « salir l’honneur d’un homme connu pour son intégrité…. « , il est surprenant de constater que les partis politiques constitutifs de la majorité au pouvoir se sont emmurés dans un épais silence. Si l’on a déploré la promptitude avec laquelle Koulouba a réagi à l’article incriminé, on ne peut en revanche que déplorer que le RPM, le parti du président Ibrahim Boubacar Kéita, n’ait pas encore levé le petit doigt pour protester à la hauteur de l’affront fait à notre République, à l’image du pays.

Qu’est-ce qui explique que les communicateurs du bureau politique national du parti du tisserand soient devenus si muets quand l’honneur du kankeletigui est si hautement en jeu ? Pourquoi le RPM n’a-t-il publié aucun communiqué de dénonciation de l’article du journal Le Monde ? Ce mutisme s’explique-t-il par le déplacement à l’extérieur de Boubacar Touré, Boubacar Diallo et leurs camarades ? Comment IBK va-t-il comprendre ce mutisme qui, à bien des égards, peut être interprété comme un manque de solidarité du parti qu’il a fondé pour parer à toute trahison et adversité ?

Ces questions méritent réflexion dans la mesure où les partis alliés du président de la République invoquent le silence du RPM comme motif pour justifier leur propre silence depuis le déclenchement de cette affaire. Ils sont nombreux en effet, les responsables politiques qui estiment que l’on ne peut voler au secours que de celui qui le sollicite. En ne pipant mot sur cette mise en cause du chef de l’Etat, son parti encourage tous les alliés politiques à garder profil bas. A laisser le temps au temps pour paraphraser Mitterrand.

Selon certains analystes, le début de frustration ressenti par plusieurs alliés politiques du candidat IBK serait à l’origine de cette quasi-indifférence. Les leaders et candidats malheureux à la présidentielle 2013, qui ont rallié le candidat du « Mali d’abord » avant le second tour sont aujourd’hui à l’ombre pour observer plus ou moins résignés. Dramane Dembélé de l’ADEMA, Housseini Amion Guindo de la CODEM, Mamadou Sangaré dit Blaise de la CDS, Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, Oumar Ibrahim Touré de l’APR et autres sont aujourd’hui restés sur leur soif par rapport au début de la gouvernance d’IBK. Les deux premiers n’ont même pas pu se faire élire comme député face à ce qu’ils ont appelé les complots orchestrés par les responsables du RPM. Sous-entendu avec la bénédiction de leur mentor, Ibrahim Boubacar Kéita.

La plupart d’entre eux sont impatients d’être appelés à des postes de responsabilité par le chef de l’Etat. Ce qu’ils ne voient pas venir près de sept mois après qu’IBK se soit installé à la tête du pays. Est-ce pour cette insatisfaction que les alliés ne grouillent pas manifester leur solidarité en faveur du locataire de Koulouba ? Rien ne permet a priori d’expliquer cet abandon d’IBK dans la tempête déclenchée le journal Le Monde. Toute chose qui rappelle les durs moments d’ATT lors de la houleuse contestation du Code des personnes et de la famille.

L’ex-président accusera après ses nombreux alliés et prébendiers (démocratie consensuelle oblige) de l’avoir lâché en haute mer en pleine tempête lorsque le Haut conseil islamique (HCI) avait soulevé les protestations contre le texte après sa première adoption par les députés. Ce qui est sûr, c’est que le plébiscite électoral dont IBK a bénéficié pour être à la tête du pays ne permet pas de comprendre qu’à son premier écueil sérieux (espérons qu’il soit le dernier !) au pouvoir, tous ceux qui ont mouillé le maillot pour sa victoire se fassent rechercher à la loupe. Cela ne ressemble pas au Mali d’abord !

Bruno D SEGBEDJI

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