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Attaque du domicile du président Konaré : A qui profite le crime ?
Publié le lundi 7 avril 2014  |  L’aube




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La nouvelle a estomaqué plus d’un, au sein de l’opinion nationale et internationale. Peu avant l’aube, samedi, des bandits non identifiés ont attaqué à l’arme de guerre le domicile de l’ancien président Alpha Oumar Konaré, situé à Titibougou, à la sortie Est de Bamako, Route de Koulikoro. Bilan : un mort du côté des assaillants. Pourquoi maintenant ? Qui sont les assaillants ? A qui en voulaient-ils ? A qui profite cet attentat contre un président qui a réellement tiré sa révérence politique nationale ? Aujourd’hui, le Mali n’a point et guère besoin de crimes qui en rajouteraient à une situation sociopolitique et économique bien roussie, voire chaotique.

Dans un pays où le chef de l’Etat (ancien ou nouveau) n’est pas en sécurité, les populations s’en remettent au Tout puissant. Les populations maliennes, qui vivaient dans la trouille dès que le soleil se couche (souvent même en plein jour) sont dorénavant convaincues qu’elles sont sous ce schéma, du moins depuis samedi 5 avril dernier avec l’attaque, à l’appel du muezzin, du domicile du président Alpha Oumar Konaré. Que s’est-il passé ?

Selon les témoignages recueillis sur place, des bandits armés, habillés en civil, ont tenté à deux reprises, au cours de la nuit du 4 au 5 avril, d’attenter à la vie des membres de la famille Konaré. Le mode opératoire des assaillants était bien pensé ; ce qui ne laisse aucun doute sur le caractère prémédité de l’acte.

Les bandits, une dizaine environ, ont d’abord plongé la maison dans le noir en coupant l’électricité. Ils ont ensuite tenté d’escalader le mur d’enceinte sur deux fronts (côté Nord, route de Koulikoro et côté fleuve). Des coups de feu retentissent. Les bandits replient, et reviennent quelques instants après pour attaquer. S’ensuivent des échanges de tirs avec les forces chargées de la garde de la résidence présidentielle. Le président Konaré est absent (il séjourne en Egypte où il est médiateur de la crise interne dans ce pays), mais son épouse Adame Ba Konaré est à l’intérieur, au fond des chambres, avec son fils, Iba, ainsi que ses belles filles et ses petits-enfants.

Au dehors, la garde de sécurité prend le dessus et repousse les assaillants. Un bandit est touché ; il s’écroule, se vide de son sang et perd la vie. Fin de la partie ; mais pas du film. Car, sur l’assaillant abattu, les gendarmes trouveront plus tard, parmi tant d’autres éléments d’indices utiles, un téléphone portable. Si l’on sait la magie de cet outil révolutionnaire, on ne douterait point que l’enquête aboutirait prestement à l’identification et à l’arrestation des criminels, mais à condition qu’elle soit menée rondement et avec la volonté franche de parvenir à un résultat.

Diligenter l’enquête
Après ce coup folie manqué, moult questions brûlent les lèvres des Maliens; mais surtout une grosse interrogation : A qui profite l’attaque du domicile de l’ancien président Alpha Oumar Konaré ?

La question mérite d’autant plus d’être posée que cet attentat intervient à un moment où tous les phares de l’actualité nationale sont braqués sur des sujets aussi brûlants que l’affaire Tomi Michel, l’affaire des soldats disparus, la situation de Kidal, la crise financière, Ma famille d’Abord, le blocage au sommet de l’Etat, le bras de fer entre le ministre Bathily et les juges.

La République, déjà éclaboussée par ces dossiers très chauds, n’a pas besoin d’autres foyers de tension. Surtout pas un attentat contre le président Alpha Oumar Konaré qui, depuis son retrait du pouvoir en 2002, ne s’est jamais prononcé sur un sujet au plan national. Il s’est complètement effacé de la scène politique nationale et ne ferait pas du mal à une mouche. Autant il n’a pas été publiquement sollicité, autant le président Konaré est resté muet comme une carpe par rapport à tous les débats d’intérêt national. C’est un grand intellectuel qui agit comme le ferait tout ancien dirigeant RESPONSABLE. Alors, comment peut-on en vouloir ou vouloir du mal à une telle personne ? Allez savoir.

Dans tous les cas, il convient d’ores et déjà de renforcer le dispositif de sécurité autour et à l’intérieur de la résidence Konaré. Mais surtout de diligenter l’enquête.

Sékou Tamboura


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