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Le Républicain N° 4832 du 7/4/2014

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Effrayé par les affaires : Tatam Ly craque et démissionne
Publié le mardi 8 avril 2014  |  Le Républicain




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Même s’il a été élu avec une majorité écrasante, nommer un premier ministre sans tenir compte du vote des Maliens relèverait d’une liberté que le président se donne et qui frise le mépris pour les électeurs. Cette attitude traduit un comportement impérial aux antipodes de la tradition républicaine. La lettre de démission de Oumar Tatam Ly indique des problèmes de gouvernance, que le ‘’climat des affaires’’ qui prévaut ne permet pas de gérer à souhait. IBK lui refusant le cap du changement tant souhaité, il a jeté l’éponge.

Le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) a fait comme ATT en 2007 : nommer un Premier ministre sans tenir compte du message du peuple malien. IBK se trouve sur les traces d’ATT. En faisant fi des résultats des dernières législatives, de deux choses l’une. Ou bien IBK est convaincu que ces résultats ne traduisent point la réalité, ou alors il a décidé d’ignorer ses électeurs dans ses prises de décision, et d’ignorer l’Assemblée nationale. Dans les deux cas c’est un début de mandat catastrophique que les Maliens doivent se préparer à contrer.

Le président nouvellement élu, pousse sa marge jusqu’à heurter le parti dont il est issu, le RPM qui n’aurait pas été consulté avant la nomination de Moussa Mara comme Premier ministre. Le nouveau Premier ministre sort, en outre, du rang d’un parti qui a un député singleton. Le RPM se trouve en ébullition, il n’a pas été consulté. Les cadres du parti attendent l’arrivée du président en provenance de Kigali, sans être sûr qu’il voudrait bien les rencontrer.

A travers des pratiques de ping-pong, le président de la République, depuis sept mois qu’il est au pouvoir, confirme ainsi qu’il n’a ni programme, ni projet.

« Très rapidement, la situation politique pourrait devenir fragile à Bamako si le nouveau gouvernement ne fixe pas des objectifs clairs, avec des priorités à dégager », selon un diplomate occidental dans la capitale malienne, interrogé par l’AFP.
Le problème malien d’après l’occupation peut donc se résumer à, « un président qui ne sait pas où aller, qui mène une gestion à la petite semaine. Le dossier du Nord est dans l’impasse à cause de l’immobilisme du Mali », se préoccupe un homme politique malien à Bamako.

Selon des sources proches du gouvernement, le travail ne se faisait plus. Les collaborateurs du Président n’ont pas accès à lui, les conseils du cabinet ne décident de rien ; le problème n’est pas les ministres, mais le président de la République.

Une démission dévastatrice
Le départ de Oumar Tatam Ly est un coup dur pour IBK. Sa lettre de démission est dévastatrice pour le président, qui a été manifestement pris de court. Il s’est très fâché et sans lettre de félicitation pour le Premier ministre sortant, il nomme dans la précipitation un Moussa Mara. Dans la tradition républicaine, en cas de démission du premier ministre, le président de la République lui fait une lettre de félicitation, mais il n’en a rien été dans ce cas.

Selon nos informations, le premier ministre était presque démissionnaire, depuis une dizaine de jours, avant d’envoyer sa lettre de démission par un coursier. Selon ces mêmes informations proches du pouvoir, il ya une dizaine de jours, le premier s’est rendu à Dakar sans en informer le président de la République. Omar Tatam Ly aurait délocalisé sa famille de Bamako.

Le premier ministre Oumar Tatam Ly aurait pris la pleine mesure et le poids des affaires actuellement en cours. Il a rencontré trois fois le président de la République pour l’amener à la raison. En outre, a-t-il été davantage effrayé par l’article du monde ?

Le 30 décembre 2013, IBK s’adressant à Tatam Ly lui renouvelait toute sa confiance, en disant « bon sang ne saurait mentir ». Et au bout de sept mois, on sait le reste. La nomination de Moussa Mara pour remplacer Oumar Tatam Ly traduit l’attitude d’un président désemparé par la lettre de démission d’un premier ministre (qui lui parvient par un coursier) soulignant des problèmes de gouvernance.
B. Daou


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