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Tentative d’escroquerie du président IBK Le prévenu jugé non coupable !
Publié le mardi 8 avril 2014  |  Le Procès Verbal




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 Dans le dossier

Dans notre dernière parution, nous titrions: « Tentative d’escroquerie du président IBK: le prévenu, Bocoum, met l’accusation en difficulté ». Nous avions raison car à l’audience du mardi 1er avril 2014, Ibrahim Bocoum a été déclaré non coupable et relaxé.

Dans la salle d’audience, le prévenu Ibrahim Bocoum était habillé en boubou blanc mais cette fois, au lieu d’une petite, il tenait en main une grosse bouteille d’eau minérale. Il faut rappeler que son dossier avait été renvoyé par le tribunal pour permettre au Contentieux de l’Etat de vérifier l’authenticité des documents justificatifs produits par le prévenu pour prouver qu’il était bien un émissaire de l’ancien président centrafricain, Michel Djotodia, venu solliciter une aide financière du président IBK. Entre autres documents, il avait produit des notes diplomatiques centrafricaines attestant sa qualité d’émissaire et demandant qu’il soit libéré.

Demande de renvoi rejetée
Le président du tribunal, Samba Sissoko, ayant appelé le dossier, le ministère public, représenté par le substitut du procureur, Moussa Sissoko, demande aussitôt la parole pour solliciter un nouveau renvoi au motif que la vérification des documents produits par le prévenu ne sont pas terminés. La demande du ministère public est appuyée par le contentieux de l’Etat, représenté par Moussa Guindo et Daouda Doumbia, qui fera valoir que les vérifications se poursuivent auprès des plus hautes autorités. Le Contentieux de l’Etat informe même le tribunal de la disponibilité d’un fonctionnaire de Koulouba à venir témoigner à la barre. Le Contentieux souligne enfin que ce deuxième renvoi s’avère nécessaire dans la mesure où l’affaire est d’importance, qu’il s’agit d’une tentative d’escroquerie de la première institution de la République et que les fonds qui devaient être soustraits des poches d’IBK atteignent 200 000 euros (131 millions de FCFA!). Les avocats du prévenu, Adamou Cissé et Saloum Souaré, s’opposent à la demande de renvoi au motif que le contentieux de l’Etat et le ministère public ont eu 3 mois pour vérifier si leur client est ou non un envoyé de Michel Djotodia. Le juge tranche en rejetant la demande de renvoi.


Le prévenu persiste et signe
Il donne la parole au prévenu qui reprend les déclarations faites lors de l’audience passée: « Je ne suis pas un escroc; j’ai été bel et bien envoyé par Djotodia comme attestent les documents versés par mes avocats. Je rappelle que j’étais là, à cette barre, il y a 3 ans, pour défendre les intérêts de commerçants centrafricains lésés. Quand j’ai remis les 3 lettres de Djotodia à IBK, celui-ci m’a fait savoir que lui-même traversait des difficultés financières, que c’est le président Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire qui faisait tout pour lui et qu’il allait entrer en contact avec Ouattara pour voir ce qu’il pouvait faire pour la Centrafrique. A ma grande surprise, je reçois à mon hôtel la visite des éléments de la Sécurité d’Etat…Depuis 2003, j’étais le conseiller de François Bozizé, l’ancien président centrafricain; à sa chute, je suis devenu conseiller spécial de Djotodia pendant la Transition ». Le prévenu d’exhiber des photos prises avec des chefs d’Etat de la sous-région lors de ses missions: Macky Sall du Sénégal, Mahamane Issoufou du Niger, Compaoré du Burkina, Abel-Aziz de Mauritanie. Le ministère public lui demande ce que contient exactement le message de Djotodia adressé à IBK. Le prévenu répond que le message contient des salutations mais que la demande d’aide financiaire a été transmise de vive voix par lui, en tant qu’émissaire.


Charge énergique de la partie civile
Moussa Guindo, représentant du Contentieux de l’Etat, revient sur la génèse des faits. Il révèle que le 7 janvier 2014, un fax de l’Ambassade de la Centrafrique en Côte d’Ivoire est expédié à la présidence de la République du Mali pour annoncer la venue d’un émissaire de Michel Djotodia à Bamako à la date du 9 janvier 2014 à 14 heures. C’est ainsi que le protocole de la République accueille Ibrahim Bocoum qui devait loger à l’hôtel « Salam » mais qui, en cours de route, opte pour l’hôtel « Radisson ». A 15 heures, Bocoum est conduit à la présidence où il rencontre IBK. Qu’est ce qui fait douter IBK ? Moussa Guindo le révèle: après les salutations d’usage et la remise de 3 lettres de Djotodia au président malien, Bocoum lui demande de faire sortir ses conseillers de la salle car il aurait pour lui un message confidentiel. C’est alors qu’il sollicite une aide financière, aide qui n’est visée dans aucune des correspondances de Djotodia. De plus, le président IBK constate que les lettres à lui adressées ne sont pas signées. « Pire, s’écrie Moussa Guindo, le prévenu a remis au président IBK une note l’invitant à croire à tout ce qui sera dit par Ibrahim Bocoum. En outre, Bocoum a remis à IBK un bon du trésor centrafricain invitant le président malien à payer 200.000 euros à Bocoum. Ce sont ces anomalies qui ont fait douter IBK. Il a demandé à la Sécurité d’Etat d’enquêter. Les documents fournis par Bocoum sont faux et ne sont même pas signés. Je m’étonne de le voir exhiber des photos qui auraient dû se trouver sous scellés. Je demande, au nom de l’Etat, partie civile, le remboursement de 677.000 FCFA représentant les frais d’hôtel de Bocoum et 1 million de dommages et intérêts ». Le ministère public a, pour sa pârt, requis que le prévenu soit condamné pour tentative d’escroquerie et qu’il soit fait droit aux demandes du contentieux de l’Etat.


La défense plaide non coupable

Les conseils du prévenu font valoir que leur client n’est pas un escroc et que sa culpabilité n’est nullmerment prouvée. « Mon client était porteur d’un message confidentiel qu’il a livré au président IBK. Quelques heures après la rencontre, il a été arrêté par la Sécurité d’Etat au motif que le contenu du message de répondait pas aux formes diplomatiques. Toutes les possibilités ont été données à la partie civile de vérifier si, oui ou non, mon client avait été envoyé par Djotodia. Elle s’est avérée incapable de faire mentir mon client », soutient Me Souaré. Pour Me Cissé, Bocoum n’est pas n’importe qui. « Ce n’est pas parce qu’IBK a douté de lui que mon client est un escroc. Du 9 au 16 janvier, il était entre les mains de la Sécurité d’Etat avant d’être remis à la gendarmerie le 17 janvier; ce dossier est vide ! », tonne l’avocat qui dénonce la carence de la partie plaignante à apporter la moindre preuve de la culpabilité de Bocoum alors que le charge de la preuve incombe à la partie plaignante. Il a demandé la relaxe pure et simple de son client. Il a enfin déclaré que la sécurité d’Etat était passée au parquet de la commune 3 de Bamako illégalement récupérer des objets placés sous scellés dont Me Cissé exige la restitution.


Décision du tribunal

Vidant son délibéré aux environs de 19 h 10 mn sur le siège, le tribunal a déclaré le prévenu Ibrahim Bocoum non coupable des faits reprochés et l’a relaxé. Le tribunal a, en outre, ordonné la restitution des objets antérieurement mis sous scellés. Fort soulagement de Bocoum qui se met à pleurer à chaudes larmes. L’assistance, pour sa part, s’est mise à applaudir à tout rompre.

Abdoulaye Koné


Interview exclusive d’Ibrahim Bocoum :
L’homme qui a triomphé d’IBK en justice parle
... Bocoum avec Macky Sall
… Bocoum avec Macky Sall
Après avoir été relaxé par le tribunal de la commune 3 de Bamako et libéré, Ibrahim Bocoum nous a accordé un entretien riche en enseignements. Il nous a aussi fourni des photos édifiantes sur sa qualité d’émissaire de l’ancien président centrafricain Michel Djotodia.

Qu’est ce qui s’est passé vraiment entre vous et IBK ?

Je suis arrivé à Bamako le 9 janvier par un vol d’Air Ivoire, porteur d’un message de Michel Djotodia, l’ex-président centrafricain au président Ibrahim Boubacar Kéita. J’ai été reçu à Koulouba à 17 h. Ce jour-là, IBK avait une 2ème audience avec Christine Lagarde, patronne du FMI. On s’est entretenus pendant 1 h 30 mn. Il a compris le message où Djotodia demandait une aide humanitaire pour la République Centrafricaine. Il m’a fait savoir qu’il allait voir, avec son grand-frère Alassane Ouattara, comment faire parvenir une aide alimentaire à Bangui. IBK m’a bien traité et a demandé au directeur de son protocole si j’étais bien logé; celui-ci a répondu par l’affirmative. Après l’audience, la presse d’Etat m’a interviewé par rapport au mini-sommet de N’Djaména qui avait commencé et allait déboucher sur la démission de Djotodia vendredi 10 janvier. La presse m’a demandé ce qui pouvait se passer lors de ce mini-sommet; j’ai donné la réponse que j’avais déjà donnée à IBK: soit le mini-sommet obligeait Djotodia à démissionner, soit il lui accordait un nouveau délai pour réussir.

Je suis rentré à l’hôtel avec un membre du protocole. 1 h après, j’ai été approché par la sécurité d’Etat qui m’a amené dans ses locaux. Elle m’a demandé si je connaissais le directeur de la police centrafricaine; j’ai dit non. Les agents m’ont révélé avoir appelé ce dernier qui leur aurait confié qu’il ne me connaissait pas. Je leur ai dit que je connaissais, par contre, le ministre de l’intérieur dont le numéro figurait dans mon portable. J’ai remis aux agents le numéro personnel de Djotodia; bien que ce numéro ne soit jamais fermé, ils ont prétendu n’avoir pu joindre Djotodia !

Vers minuit, avant de me renvoyer à mon hôtel, ils m’ont demandé si je connaissais quelqu’un à Bamako. La question m’a étonné car dans mes téléphones qu’ils avaient confisqués, il y avait des numéros maliens. Ne voulant créer de problème à personne, j’ai dit que ne connaissais personne à Bamako. Je suis rentré à l’hôtel Radisson. Les agents de la Sécurité d’Etat sont revenus m’y chercher le lendemain vers 8 heures; peu après, Djotodia a démissionné. Mon calvaire s’est aggravé. Je fus retenu à la sécurité d’Etat du 10 au 16 janvier, enfermé 24 h sur 24. On me mettait une cagoule pour me poser des questions qui n’avaient rien à voir avec ma mission. Ils ont fouillé mes portables, mon ordinateur; ils m’ont demandé si j’investissais au Mali.

J’avais adressé des messages de félicitation à l’honorable Oumar Mariko lors de sa réélection au parlement, ainsi qu’à Cheick Oumar Sissoko, président de SADI, lesquels m’avaient, dans le temps, demandé de venir en aide à des Maliens en difficulté en Centrafrique: la Sécurité d’Etat a tenté de politiser ces liens.


J’ai expliqué mes liens avec les deux leaders du parti SADI que j’avais connus par l’intermédiaire de mon jeune frère, Dr Allaye Bocoum, membre de SADI. J’ai raconté comment, en visite à Dakar avec Djotodia, j’avais introduit Mariko auprès de Djotodia. Les agents de la Sécurité d’Etat sont allés perquisitionner mes bagages; ils y ont trouvé 12 puces de téléphone dont des puces maliennes, françaises, marocaines, mauritaniennes, centrafricaines et ivoiriennes. Ils m’ont demandé pourquoi j’avais autant de puces alors que l’un des agents interrogateurs avait lui-même 3 téléphones ! Ils ont trouvé aussi dans mes bagages les relevés bancaires de Djotodia, mon passeport ivoirien et mon passeport diplomatique centrafricain. J’ai fait 6 jours à la sécurité d’Etat. C’est le 16 janvier qu’on m’a envoyé au camp 1 de gendarmerie pour, a-t-on dit, des nécessités d’enquête.

Le 17 janvier, un capitaine de la gendarmerie du camp 1, Fousseyni Berthé, m’a appelé dans son bureau pour me demander de lui relater mon parcours scolaire. Il était assis là, sans bic ni papier; il ne prenait aucune note. Je lui ai parlé pendant 2 heures puis, à ma grande surprise, il établit un P.V d’audition en date du 23 janvier que je n’ai ni lu ni signé ! Je n’ai signé aucun document au camp 1.

On m’a amené alors au tribunal de la commune 3 où le procureur m’a mis sous mandat de dépôt et programmé mon jugement pour le 25 mars. J’ai été conduit à la maison d’arrêt. Grâce à mon frère à qui j’ai remis les contacts de Djotodia, du ministère des Affaires Etrangères centrafricain et de l’Ambassadeur centrafricain à Abbidjan, la Centrafrique a envoyé une note au ministère des Affaires Etrangères du Mali. L’ambassadeur centrafricain à Abidjan a lui aussi saisi l’ambassadeur du Mali à Abidjan pour lui expliquer ce qui m’arrivait au Mali. Le Ministre des Affaires Etrangères de Centrafrique a envoyé deux nouvelles notes à son homologue malien et au ministre malien de la Justice pour demander ma libération. Djotodia lui-même a appelé le protocole malien pour confirmer que j »étais son envoyé.

Vous avez dit à la barre que vous étiez là, il y a 3 ans, pour défendre les intérêts de la Centrafrique…
Il y a 3 ans, devant le tribunal de la commune 3 de Bamako, je venais réclamer à des commerçants maliens l’argent dû à des sociétés centrafricaines. Par exemple, le commerçant malien Amadou Lah doit 300 millions de FCFA. L’affaire reste pendante devant la Cour Suprême. Lah n’est pas le seul. Les Centrafricains ont 2 millions de dollars de créances sur des Maliens. Je ne vais pas lâcher le morceau car de nos jours, je sens un changement au niveau de la justice malienne. En témoigne ma relaxe. Je suis aujourd’hui fier d’avoir des origines maliennes, fier de la justice malienne ! Je ne peux pas me prononcer sur les autres aspects de la gouvernance.

On vous accuse d’avoir perçu de l’argent du président Mauritanien…
Le président Abdel Aziz m’a remis 500 000 dollars pour Djotodia le 4 septembre 2013. Son conseiller, Ould Damou, en m’accompagnant à l’aéroport, m’a demandé les coordonnées bancaires de Djotodia; je les lui ai remises.Il n’ y eut aucun problème.

La sécurité d’Etat a-t-elle tenté de vous soutirer des fonds ?

Dans mon sac, les agents ont trouvé 100 000 FCFA et ils se sont étonnés que je voyage avec cette modique somme. Le commissaire Diallo de la Sécurité d’Etat m’a fait savoir que lui, lors d’une mission à Abidjan, avait 700 000 FCFA comme argent de poche. Je me suis alors demandé ce qui se passerait si j’avais une fortune sur moi… Je remercie sincèrement votre journal qui m’avait, dans un premier temps, traité d’escroc mais qui a fini par faire un compte rendu fidèle de l’audience du 25 mars 2014, influant grandement sur l’issue du procès. J’ai été au bout de ma mission et je souhaite un bon mandat au président Ibrahim Boubacar Keïta. Mais je demanderai à son entourage plus de prudence.

Entretien réalisé par Abdoulaye Koné

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