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Le Républicain N° 4832 du 7/4/2014

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En violation flagrante du principe du fait majoritaire : Moussa Mara s’installe à la Primature
Publié le mercredi 9 avril 2014  |  Le Républicain


© aBamako.com par mouhamar
Présentation de Moussa Mara sur la thématique "quel type d`Etat ? : Le cas du Mali"
Bamako, le 14 février 2014 (Hôtel Salam). Lors de la 14e édition du forum de Bamako, le ministre malien de l`Urbanisme et de la politique de la ville,Moussa Mara a fait un exposé sur la thématique "quel type d`Etat? : Le cas du Mali"


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C’est un secret de polichinelles. Le premier ministre démissionnaire Oumar Tatam Ly n’était pas en odeur de sainteté avec certains barons du RPM. Sûrement, ces derniers croyaient qu’en le faisant parti, l’un d’entre eux allaient avoir l’honneur de s’installer dans le plus gros bâtiment de la cité administrative. Oumar Tatam Ly est parti, mais point de Premier ministre issu des rangs du RPM pour le remplacer. Contre toute attente et à la surprise générale, IBK a jeté son dévolu sur Moussa Mara, précédemment ministre de l’urbanisme et de la politique de la ville. Depuis son arrivée par effraction sur la scène politique à la faveur d’une élection législative où il a contraint IBK à un second tour, Moussa Mara s’était positionné comme quelqu’un qui veut faire la politique autrement. Mais, en s’installant à la primature en violation flagrante du principe du fait majoritaire, Moussa Mara pour son intérêt personnel vient de fouler au pied un principe sacro-saint de la démocratie républicaine. Et, du coup, il risque d’être rattrapé par ses critiques acerbes contre les hommes politiques. En démocrate averti, à moins qu’il n’en soit pas un, Moussa Mara conscient qu’il est extrêmement minoritaire à l’Assemblée nationale devait-t-il accepté le poste de Premier ministre ?
Malgré les pouvoirs qu’offre la constitution malienne au Président de la République dans le choix de son Premier ministre, force est d’admettre que la désignation de Moussa Mara ne respect pas le principe du fait majoritaire. Et, la décision de Moussa Mara d’accepter cette proposition de IBK, qu’il aura du mal a justifié, le met sur le même pied d’égalité que les hommes politiques qu’il a de tout temps visé par ses critiques acerbes.
Il y a environ sept mois que de nombreux maliens n’arrivaient pas s’expliquer la nomination de Oumar Tatam Ly comme Premier ministre par IBK. Seule une minorité avait admis qu’en absence d’élections législatives, IBK n’avait pas les mains liées et pouvait se permettre de prendre qui il voulait, d’autant plus que la constitution lui donne un tel pouvoir.
Mais, une démocratie comme la notre, même en construction, doit s’efforcer à respecter certaines règles internationalement admises, notamment le respect du fait majoritaire à l’Assemblée nationale pour la désignation du Premier ministre.
Sans coloration, ni connotation politique et plus connu comme technocrate, le choix de Oumar Tatam Ly, il y a sept mois, en l’absence de toute élection législative, pouvait se comprendre. Même si à la faveur des élections législatives passées, IBK décidait de le garder comme Premier ministre, parce que politiquement neutre, certains acteurs pouvaient tolérer le non respect du fait majoritaire. Mais, à la faveur de la démission de Oumar Tatam Ly pour des raisons qui ont été suffisamment développées dans la presse, le choix de Moussa Mara pour le remplacer est de nature à faire couler beaucoup d’encre et de salive.
Pour la simple raison qu’il est chef de parti politique et candidat malheureux à l’élection présidentielle de juillet 2013, dont le parti n’a qu’un seul député à l’Assemblée nationale. Moussa Mara représente une minorité dans la majorité qui accompagne le Président IBK. Tout porte à croire que le RPM, le parti de IBK, ni le regroupement « le Mali d’abord » n’ont pas été consultés pour le choix de Moussa Mara.
Doté d’une habilité exceptionnelle, de regroupement politique en regroupement politique, depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, Moussa Mara est parvenu à placer son parti « Yelema » et son unique député dans « l’Alliance pour le Mali » qui compte aujourd’hui 27 députés à l’Assemblée nationale. Même-là, il sera difficile de convaincre les maliens qu’il a été choisi au nom de cette alliance, d’autant plus qu’aucun responsable de ce regroupement, qui reste minoritaire à l’Assemblée nationale, n’a été consulté pour son choix.
Le RPM ne se laissera pas faire comme ce fut le cas de l’ADEMA avec IBK
En acceptant cette proposition de IBK, Moussa Mara prouve qu’il n’y a aucune différence entre lui et les hommes politiques qu’il a de tout temps critiqué. Sous le couvert d’un combat pour l’avènement d’un nouveau type de gouvernance qui passe par l’éjection de l’ancienne classe politique, Moussa Mara était parvenu à convaincre bon nombre de ses concitoyens qu’il était différent. Mieux, qu’il se souciait plus de l’intérêt supérieur de la nation que de son intérêt personnel.
Aujourd’hui, en acceptant de devenir Premier ministre malien, en violation flagrante du principe du fait majoritaire, Moussa Mara donne l’impression de quelqu’un qui a de tout temps prêché pour sa propre chapelle. Si tel n’était pas le cas, il aurait simplement, poliment et intelligemment refusé la proposition de IBK, en arguant qu’il n’avait pas l’assise politique nécessaire pour assumer la fonction de Premier ministre, même si l’on ne doit pas préjuger de ses compétences.
En sa qualité d’acteur politique, candidat malheureux à l’élection présidentielle donc potentiel candidat lors de l’élection présidentielle prochaine, Moussa Mara doit comprendre qu’il ne va pas bénéficier de la même grâce que son prédécesseur qui n’était pas politique, mais technocrate, même si pour l’abattre certains ont voulu voir en lui le successeur d’IBK à la tète du RPM.
En l’absence de critères lisibles qui ont conduit IBK à porter son choix sur Moussa Mara, il va falloir convaincre la majorité parlementaire de lui accorder son soutien. Et, les députés du RPM seront obligés d’avaler d’énormes couleuvres lors du vote de la déclaration de politique générale, si elle a lieu, pour soutenir la décision de IBK.
Le contraire, inimaginable, serait défié IBK qui n’aura que deux alternatives : soit fait appel à un baron du RPM ou tout simplement menacé les députés RPM d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale. En attendant, l’on pourrait penser que ce qui se passe aujourd’hui dans le choix des différents premiers ministres de IBK, c’est du déjà vu.
Souvenez-vous des débuts de l’ADEMA à la tête du Mali. Younoussi Touré, aujourd’hui de l’URD, a été le premier Premier ministre de Alpha Oumar Konaré. Il a été contraint à la démission par des caciques de l’ADEMA. Remplacé par feu Me Abdoulaye Sow, le même scenario s’est produit. Il a fallu que Alpha Oumar Konaré nomme IBK Premier ministre pour que la valse cesse à la Primature.
IBK à l’époque était l’expression du fait majoritaire, l’ADEMA étant la majorité incontestable à l’Assemblée nationale. Au rythme où vont les choses, tout porte à croire que la roue de l’histoire va se répéter. Moussa Mara devait comprendre que sans majorité franche et claire, son séjour à la Primature n’est qu’une question de mois. Le RPM fort de sa majorité parlementaire ne se laissera pas faire.

Assane Koné

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