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Plaidoyer pour un Mali uni : Réplique à l’article divisionniste de Kalilou Ouattara
Publié le lundi 14 avril 2014  |  Le 22 Septembre




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Je n’ai pas souhaité réagir à votre article, au contenu aussi piètre qu’est pitoyable votre argumentaire. A priori, il n’était pas question pour moi de perdre mon temps si précieux à vouloir répondre à des fadaises, au risque de leur donner de l’importance; mais, devant la hargne si vive d’un homme, le silence méprisant et naturel n’apparait plus comme la réponse appropriée. Je trouve alors amusant de démonter vos propos qui, encore une fois, n’auraient pas du mériter mon analyse.

Professeur! Je suis écœuré par le lamentable niveau de langage et les fautes d’orthographe qui, par leur nombre, ne peuvent pas exprimer une inattention. Député, j’ai honte qu’ailleurs de valables démocrates puissent savoir qu’il y a au Mali, dans un pays si tolérant, des hommes se prétendant politiques qui nagent à contre courant du monde.

J’apprends à la lecture furtive de vos écrits qu’il vous échappe bien des choses de l’histoire de votre pays. Apprenez avec moi alors! Je doute d’avoir compris vos écrits mais je m’efforcerai d’y répondre point par point. Vous écriviez que l’antagonisme est inhérent à la société touareg! Monsieur le Professeur, quelle société ethnique n’a pas ses propres antagonismes? Je vous cite le Pr. Doulaye Konaté, qui s’y connait bien mieux que vous et moi, et qui écrit dans «Les fondements endogènes d’une culture de la paix en Afrique: Mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits», « le «Fadenkele» désigne par extension la guerre qui oppose les membres d’une même communauté. Ce type de conflits existe encore de nos jours, sous une forme larvée, dans la plupart des groupes ethniques qui se réclament du Mandé (Bamanan, Dogon, Minianka etc.)». Passons!

Contrairement à vos informations, la situation au Mali ne s’est aggravée ni avec le Printemps arabe ni avec la crise libyenne, qui n’a pas introduit AQMI au Mali. La crise libyenne a favorisé l’arrivée massive des combattants de la Légion arabe qui, même s’ils ont pactisé avec les intégristes un temps, en sont différents fondamentalement.
La présence d’AQMI remonte à bien longtemps, et c’est ce qui explique l’appel qu’ATT n’a eu de cesse de faire à ses homologues de la bande sahélo-saharienne, pour mutualiser les efforts et mieux combattre les phénomènes liés à la porosité de nos frontières. Vous auriez dû savoir cela si vous suiviez l’actualité de votre pays bien aimé.

Vous écrivez que le Mali a subi l’affront du millénaire pour un Etat. Je vous laisse à votre jugement, mais, d’humiliation la plus grave, le Mali ne détient pas la palme. Avez-vous oublié ou ignoré la Bataille des Dardanelles, autrement appelée la Campagne de Gallipoli, où les Australiens et Néo-zélandais ont mordu la poussière face à l’armée d’Atatürk?

Vous affirmez que malgré l’Opération Serval les intégristes sont toujours là, bénéficiant des complicités des populations. Vous insultez là le martyre des braves militaires venus de partout aider le Mali, en ignorant également la souffrance des populations durant l’occupation. Il ne sied pas à un médecin de mépriser les souffrances des hommes, déontologie oblige.
Le monde entier a applaudi le succès des opérations militaires, et ce sont ces succès qui ont rendu possible l’élection qui vous a porté député. Vous prenez toute la population du Nord en complice des envahisseurs. C’est une méconnaissance plus qu’une intox. Savez-vous que, dans les années 1970, des talibés, revenus après avoir transité par les écoles coraniques de Say et de Sokoto, puis les écoles théologiques du Soudan et de l’Arabie Saoudite, ont instauré le wahhabisme à Gao?
Basés à Kadji, sous la conduite du soufi Seydou Idrissa, les wahhabites ont professé un fondamentalisme si virulent que les indulgentes populations en étaient révoltées. Par leurs frasques, qui tranchent avec un islam tolérant, Seydou Idrissa et ses ouailles ont fait plus de mal à la religion qu’ils ne l’ont servie. L’univers d’intolérance qu’il a créé dans le village, qu’il faisait appeler « Dar-es-Salam », inspirait plus de frustration et de révolte que d’adhésions. Il était devenu un véritable Mollah pour les populations des deux rives d’Isa bero, qui avaient déjà fort à faire avec la famine, qui faisait rage à l’époque.
Son jihad a été étouffé grâce à l’action prompte et efficace des autorités d’alors, qui voyaient dans les mouvements spirituels une forme déguisée d’insurrection. Il sera jugé et condamné pour un fait divers et purgera sa peine à Kidal, jusqu’à son élargissement anticipé à la suite d’une grâce présidentielle. Ce sont ses ouailles, restées nostalgiques et vengeresses, qui ont intégré les premières les rangs du MUJAO, croyant trouver là l’occasion tant attendue de prendre leur revanche sur les populations qui avaient conspiré avec le pouvoir impie de Bamako pour humilier leur guide. Passons!

Vous ne savez pas ce que vous dites en estimant tout à la fois que les vrais problèmes du Mali sont occultés et qu’ils constituent en même temps la menace de l’hégémonie sonrhaï. De quel outil disposez-vous pour évaluer l’hégémonie de cette ethnie? Montrez-nous vos statistiques le cas échéant. Nous les tiendrons pour des éléments de poubelle si elles s’avéraient fausses.
Les ressortissants du Sud! Je commence à ne plus douter mais à me convaincre de l’approximation de votre lecture du français. Ressortissant du Sud! Est-ce possible quand on vit déjà au Sud? On ne peut ressortir sur ses propres terres. Le groupe dont vous parlez serait ressortissant au Nord que vous jetez aux gémonies, mais pas au Sud. Il convient mieux de parler de natifs du Sud au Sud.
Le Mali n’a jamais été le théâtre d’une compétition de bipolarisation ethnique. Votre statut de député doit vous amener à prendre à égalité toutes les ethnies du Mali, et non à en ignorer certaines. Si vous résumez le Mali à deux ethnies, qu’en est-il des autres, qui pourtant contribuent amplement à la mosaïque du pays. La Convention sur la diversité des expressions culturelles plaide en cette faveur et l’importance de la question pour le Mali a amené notre pays à être dans le peloton de tête des pays signataires de cette célèbre convention.
Renseignez-vous auprès de vos prédécesseurs à l’Hémicycle; ils vous diront l’intérêt des échanges lors de la ratification de cette Convention, dont j’étais un acteur. Les Mandingues n’ont aucun complexe vis-à-vis des Sonrhaïs, et vice-versa, car tous constituent une composante indispensable de la mosaïque que nous représentons. Toutes les ethnies s’aiment et se brassent à l’aise, faisant du Mali un référentiel culturel unique au monde. Sans cette symbiose, la crise que le pays a traversée nous aurait tous emportés, comme cela a été le cas dans bien des pays.

Vous êtes peut-être complexé devant un groupe, mais votre cas isolé ne peut constituer de dénominateur d’une fiction de haine à laquelle vous tenez à donner un contenu. J’ai lu sous votre plume «Diaspora nordiste!» Je ne connais de diaspora qu’au Mali, mais ni au Nord ni au Sud ni à l’Est ni à l’Ouest.

Le COREN dont vous parlez n’est un parti ni de fait ni de droit. Il reste une association qui n’a fait qu’alerter l’opinion sur un drame réel et qui, demeurant comme telle, a travaillé pour mobiliser l’aide en faveur des victimes dudit drame. S’il se trouve que le COREN domine l’administration, c’est fort élogieux comme contact. Mais c’est un heureux hasard, qui pourrait être révélateur de la qualité de ses membres. Et, cette qualité, il ne faudrait pas la chercher dans les gènes, mais dans l’état d’esprit. Elle s’est construite petit à petit par des personnes ayant étudié dans les conditions que nul n’ignore et qui sont décidés à rendre au Mali le soutien reçu.

Si certains du groupe que vous stigmatisez ont pu intégrer la fonction publique par coterie, il n’en est pas de même pour tout le monde. Vous insinuez que la supposée domination a été encouragée par tous les Etats du Mali. Non, Professeur! Il n’y a pas plusieurs Etats du Mali, il y a plutôt l’Etat du Mali, ayant connu plusieurs Républiques, précisément trois.

Ignorance ou lapsus calamite! Vous dénoncez le ministère de la Réconciliation, estimant qu’il consacre la division de fait du pays en zone bipolaire. Ce ministère a été créé par le pouvoir du parti auquel vous continuez à appartenir. ATT n’a pas érigé de ministère pour le Nord, c’est bien le RPM qui l’a fait, non pas pour asseoir une domination, comme vous l’insinuez, mais pour mettre en exergue le véritable problème du Mali. Je vous apprends qu’on ne peut pas aimer Dieu et haïr son Prophète, tout comme on ne peut être dans un parti et dénoncer sa politique. «Quand on refuse, on dit non». Alors quittez le parti si vous n’êtes pas d’avis avec ses choix! Sinon on ne vous comprendra pas.

La présence du ministre Malick Alhousseyni Maïga n’est nullement du fait du COREN. Croyez-vous qu’IBK ait constitué son gouvernement sur une base clanique! Non! Le ministre Maïga est un cadre valable, qui a fait ses preuves pour un Mali uni et prospère. Ce poste n’est ni une récompense ni une prébende, ce n’est qu’un service de plus que l’Etat lui demande et je suis convaincu de sa capacité à le rendre
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De mémoire d’observateur de la scène politique, que je suis, je n’ai pas souvenance que le COREN ait dénoncé l’absence de sonrhaïs dans la Commission dialogue et réconciliation. D’abord le COREN n’est pas sonrhaï, il est une organisation faitière. Et en plus, la CDR comporte en son sein des chefs traditionnels sonrhaï (Vieux Soumma) et Larbou (Arougaya Touré). Même si on n’aime pas le lièvre, il faut reconnaitre qu’il a de grandes oreilles.
Avez-vous fait un contrôle de cadastre pour affirmer que les quartiers cités sont majoritairement sonrhaï? Certainement non. Alors ces propos infondés n’honorent pas un homme censé siéger à l’Assemblée nationale au nom du peuple. Quel quota a été déterminé pour les emplois des jeunes du Nord? Vous perdez le fil de votre raisonnement, si raisonnement il y a chez vous, car vous affirmez que le Nord a déjà tout et, en même temps, vous vous posez la question de la destination des milliards mobilisés pour cette partie du pays. Soit le Nord a tout, comme vous le dites, soit il n’a rien, mais pas tout et rien à la fois. Je suis perdu!

Je pense que les gens du Sud, tels que vous les désignez, que moi j’appelle des Maliens, n’ont pas les problèmes que vous décrivez. C’est votre agitation qui peut devenir un problème, car vous êtes dangereux et pour les vôtres et pour le Mali. Cependant, malgré cette charge futile et mensongère, vous prétendez prôner une unité du Mali. En procédant ainsi, vous loupez le coche, car vous vous tirez une balle dans le pied. Personne ne vous suivra si vous défendez les «Sudistes» avec des idées de cette espèce, sans concordance dans votre démarche.

Le Mali est un beau pays, car il est fait, et bien fait, de plusieurs cultures et, surtout, qu’il admet que tout homme exprime son opinion, y compris vous. Le Mali est un beau pays, tirant de la différence de ses composantes une richesse qui renforce sa grandeur. Nul ne pourra nous ramener en arrière, car, malgré tout, on reste Malien, tel que l’ont voulu nos ancêtres, dont nous sommes tous, de quelque bord que ce soit, fiers. Nous leurs devons une fière chandelle pour nous avoir légué un Mali fort, n’en déplaise aux esprits niais!
Aly Touré alias Gousmao

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