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L’Essor N° 17657 du 14/4/2014

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Gestion des forêts : L’AID-SA choisit Bougouni et Yanfolila
Publié le mardi 15 avril 2014  |  L’Essor




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Dans le cadre du partenariat public-privé, l’entreprise propose d’aménager 200 000 ha dans ces deux cercles et d’aider au développement agro-sylvo-pastoral de la zone

Les forêts sont pour un pays, ce que sont les poumons pour un être humain. Au Mali, la zone du sud-ouest et particulièrement la troisième région, reste la dernière réserve importante de faune et de flore que nous pouvons encore sauver. Ceci, dans notre propre intérêt, mais aussi pour les générations futures. Les cercles de Bougouni et Yanfolila recèlent la plus grosse part des massifs forestiers et de réserves de faune sauvage et de la flore de notre pays. Cependant, les populations restent fortement dépendantes des ressources générées par ces massifs forestiers. Les conséquences d’une telle pression sont connues. Les effets des changements climatiques aidant, on assiste à un désastre écologique. Ces forêts sont anarchiquement surexploitées. La chaine d’exploitation du bois énergie et du bois d’œuvre remonte jusqu’aux grandes agglomérations. Les grands arbres sont abattus pour en faire du charbon de bois. Le couvert végétal s’effrite le désert avance inexorablement.

La biodiversité est en voie d’extinction. Les activités agro-pastorales sont en décadence. Devant cette situation de chaos, l’Etat reste impuissant malgré d’immenses efforts consentis. Heureusement que la thérapie existe. C’est le partenariat public-privé (PPP). Dans le cadre de la mise œuvre de sa politique nationale de protection de l’environnement, comme le rappelle Mamoudou Diallo, sous-préfet de Filamana, (cercle de Yanfolila), les pouvoirs publics ont adhéré à cette initiative qui consiste à confier la gestion des forêts à des partenaires privés. C’est ainsi que le 27 décembre 2013, un contrat de convention de partenariat public-prive (PPP) a été signé par l’Etat et l’entreprise Agro industrie développement (AID sa).

Il porte sur la gestion dans le cadre du partenariat public-privé, de 200 000 ha de forêts dans les cercles de Bougouni et Yanfolila en 3è région et le développement agro-sylvo pastoral dans la zone en faveur des populations riveraines. Que dit ce contrat ? Agro industrie développement s’engage à aménager la forêt dans le but d’y développer des activités d’écotourisme, un secteur extrêmement porteur aujourd’hui. AID- sa doit également promouvoir des activités agro pastorales et socio-économiques autour du Complexe forestier de Bougouni et Yanfolila. Cela concerne toutes les communes riveraines dont la vie des populations est intimement liée à la forêt. En contrepartie, l’Etat, avec ses moyens techniques et politiques, va appuyer et accompagner le partenaire privé dans la conduite de ses activités. C’est ce qu’on appelle dans le jargon anglo-saxon, « le partenariat gagnant-gagnant ». A travers ses activités, l’amodiataire contribue à la préservation et la protection des ressources forestières. Il appuie en même temps le développement socio-économique des collectivités. Pour l’Etat, c’est comme s’il confiait ses troupeaux à un berger sur lequel il doit veiller. 300 tonnes de sésame. Après les travaux d’études d’inventaire de la faune et de la flore, d’élaboration du plan d’aménagement et de délimitation de l’espace, le projet est aujourd’hui à sa phase active.

Celle-ci a commencé par les activités d’agro foresterie pour développer une chaîne de valeur dans la zone en créant une valeur autour des produits de cueillette. Pour illustrer le dynamisme déjà amorcer dans ce secteur, le Dr. Ibrahim Togola, président de l’AID, brandit le chiffre de 50 tonnes de beurre de karité produits par trois coopératives de femmes riveraines du complexe. La diversification des activités économiques a permis de produire 300 tonnes de sésame et plus de 100 tonnes de fonio. En janvier dernier, l’AID et ses partenaires nationaux de l’Institut d’économie rurale (IER) et l’Institut polytechnique rurale (IPR/IFRA) et l’Union des coopératives autour du complexe, avec l’appui financier de la Coopération danoise, ont mis en place un incubateur d’agro business. La West African agri business ressource incubators (WARI) œuvre à la promotion et la formation dans l’entrepreneuriat d’agro-foresterie et l’accompagnement des entrepreneurs pour la valorisation des chaînes de valeurs porteuses de la zone. Ainsi, chaque année, 30 entrepreneurs seront formés pour contribuer à valoriser les différentes ressources agro forestières dans le complexe. Malgré ces avancées notables, le défi reste grand, estime Ibrahim Togola.

Car, selon lui, le partenariat public privé n’a pas révélé tous ses secrets aux différents acteurs. Il est vu souvent comme une privatisation pure et simple par certains. Loin de ce cliché, le PPP est une nouveauté pour le bien-être commun, un outil pour impulser le développement socio-économique dans les domaines stratégiques, est convaincu le patron de l’AID. Selon lui, la promotion du PPP doit être faite par l’Etat lui-même. Les premiers opérateurs qui se sont lancés dans cette aventure doivent être accompagnés et consolidés dans leurs efforts, ajoute Waraba Bengaly, secrétaire général de la mairie de Yinindougou. Le responsable municipal souligne à cet effet, l’attachement des populations des communes riveraines à cet projet. « C’est notre survie qui en dépend », a-t-il caricaturé. Les sécheresses des années 1970-80 et les différentes crises socio politiques récentes ont sérieusement entamé notre patrimoine forestier. Aujourd’hui, notre salut se trouve dans cette innovation qui a fait l’émergence de certains pays comme le Ghana, le Kenya ou le Cap-Vert.

Certes, l’Etat à travers la signature de la convention PPP en décembre dernier, a donné un sérieux coup de main au projet du complexe Bougouni-Yanfolila. Mais beaucoup reste à faire, indique Ibrahim Togola. La mise en œuvre d’un tel projet nécessite beaucoup de fonds. Pour mobiliser ces ressources, l’AID s’appuie sur ses partenaires qui ont besoin d’un engagement effectif de l’Etat. Le complexe étant une zone d’intérêt public, elle n’est pas tout de suite rentable financièrement. C’est pourquoi, la réalisation de ce projet innovant pour le développement économique durable de cette zone à travers la promotion de l’ecotourisme a besoin d’un accompagnement substantiel pour la réalisation du PPP, surtout dans la mobilisation des fonds où l’Etat doit jouer le rôle central.

C. A. DIA
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