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L’Indépendant N° 3480 du 15/4/2014

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Gouvernement Moussa Mara : Les questions qui taraudent
Publié le mardi 15 avril 2014  |  L’Indépendant




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Avec l’équipe gouvernementale qui vient d’être mise en place, le Mali se donne-t-il des chances réelles de voir le bout du tunnel ? Les 31 hommes et femmes choisis par IBK » sur propositions » du Premier ministre Moussa Mara feront-ils mieux que l’équipe d’Oumar Tatam Ly, qui semblait prise dans la gadoue ces sept derniers mois ? Ce sont-là des questions que le Malien lambda se pose depuis le samedi 11 avril dernier, après la formation de ce gouvernement qui porte en réalité la seule marque du président de la République.

L’ancienne équipe gouvernementale dirigée par le Premier ministre Oumar Tatam Ly était forte de 34 membres. La nouvelle compte 31 ministres. Certains observateurs et les partenaires techniques et financiers avaient souhaité que le Mali, un pays encore en crise, se dote d’un cabinet restreint avec au plus 25 portefeuilles. Le véritable architecte du gouvernement, Ibrahim Boubacar Kéita, ne l’a pas entendu de cette oreille. Il n’a pas eu la main heureuse lui permettant de faire un casting qui laisse à quai les ministres au pedigree particulier.

Ainsi, Moustapha Ben Barka, un neveu du chef de l’Etat, a vu son portefeuille de ministre délégué chargé des investissements étoffé avec l’industrie. Le parcours de ce jeune homme de 36 ans, qui ne maîtrise pas les rouages de l’administration et les impératifs des investissements, le prépose-t-il à élaborer la politique d’industrialisation du Mali ? A poser les jalons de la relance des investissements dans un pays meurtri par la crise de 2012-2013 ? On peut en douter. Que dire de son collègue des Mines, Boubou Cissé, autre proche du président, qui a promis l’audit des sociétés minières, une opération dont on n’a aucune nouvelle depuis son annonce fracassante.

Ces interrogations peuvent se répéter à loisir concernant des ministres comme Hamadoun Konaté, le beau-frère du chef de l’Etat (décidément!), qui s’adjuge le ministère de la Solidarité, de l’action humanitaire et de la reconstruction du nord ? Il aura au moins la chance (c’est le cas de l’écrire) de gérer les juteux contrats de reconstruction des infrastructures dans le septentrion malien.

Ces exemples illustrent le fait que le gouvernement Moussa Mara n’a pas tenu compte des aspirations au changement des populations. Un petit tour dans les « grins » de la ville de Bamako révèle la déception des citoyens. Comment comprendre que les dirigeants ne tiennent pas compte des critiques formulées par les divers corps sociaux dans la composition de l’équipe gouvernementale?

Par exemple, la confirmation du très contreverséMohamed Ali Bathily au ministère de la Justice en le renforçant avec les Droits de l’Homme est un pied de nez manifeste à la famille des magistrats. Ce ministre, qui est la deuxième personnalité du gouvernement après le Premier ministre, entretient depuis plusieurs mois des relations exécrables avec le corps de la magistrature. C’est là aussi la preuve que le chef de l’Etat n’est pas à l’écoute de son peuple. Sinon, comment concrétiser la politique criminelle de l’Etat quand les magistrats du parquet et le ministre de la Justice se regardent en chiens de faïence ? C’est un euphémisme de dire qu’il y a aujourd’hui une crise de confiance aiguë entre Me Bathily et de nombreux hauts magistrats. Le récent report sine die des Assises de la Cour d’Appel de Bamako en est la parfaite illustration.

En dehors de ce mauvais casting, on peut relever que le gouvernement dans lequel le Premier ministre Moussa Mara n’a pu placer un seul ministre, regorge de compétences.

Ainsi, la nomination d’Ousmane Sy à la Décentralisation et à la Ville est saluée comme un bon choix heureux. L’homme possède une expérience avérée dans ce domaine et peut aider le Mali à mettre en œuvre sa politique de cohabitation d’un Etat fort avec des collectivités renforcées.

De même, le maintien d’Abdel Karim Konaté au Commerce (qui doit faire tout pour faire baisser les prix des denrées alimentaires), de Soumeylou Boubèye Maïga à la Défense, l’arrivée de Abdoulaye Diop à la tête de la diplomatie malienne, Mme Bouaré Fily Sissoko à l’Economie et aux finances,

Zahabi Sidi Ould Mohamed à la Réconciliation nationale et Bocary Treta au développement rural sont, entre autres, des choix jugés pertinents. Chacune de ces personnalités a fait ses preuves et d’autres affichent des parcours qui cadrent avec le portefeuille concerné.

Au-delà de ces constats, c’est l’intégrité et la ferme volonté de servir le Mali qui doivent inspirer les ministres de la République. Ils doivent être conscients que le pays a déjà perdu assez de temps sur le chemin du redressement. Et l’instabilité gouvernementale n’est pas pour faciliter les choses ; puisque on reprend tout quasiment à zéro. C’est en cela que le président de la République et son Premier ministre doivent tout mettre en œuvre pour sauvegarder de bons rapports à la tête de l’exécutif.

Or, il est à craindre que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les dysfonctionnements et l’absence de marge de manœuvres évoquées par l’ex-Premier ministre Oumar Tatam Ly refassent surface. Jusqu’où, en effet, Moussa Mara, un leader politique, peut-il jouer le rôle d’exécutant ou de figurant à la tête d’un gouvernement au sein duquel il n’a de prise sur aucun ministre ? Comment le supposé chef du gouvernement face à des ministres visiblement plus puissants que lui ? Ce sont là des questions auxquelles le duo IBK-Mara ne manquera pas d’être confronté.

Bruno D SEGBEDJI

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