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Pour un nécessaire changement de CAP : Un gouvernement de combat, une action visible et lisible
Publié le jeudi 17 avril 2014  |  Le Prétoire




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La lutte continue et sans répit contre la corruption, la modernisation de l’Administration publique afin de la rendre plus efficace et plus réceptive aux besoins des administrés, le développement économique et social par le redémarrage des chantiers d’investissements structurants et l’émergence d’un système éducatif et de santé plus performants. Voici les axes majeurs du nouveau gouvernement dirigé par Moussa Mara sous l’impulsion du Président Kéita.

La semaine dernière, Mahamadou Camara, jusqu’alors Directeur de Cabinet du Président de la République avant d’être promu Ministre de l’Économie Numérique, de l’Information et de la Communication dans le nouveau gouvernement, donnait le ton via une interview sur RFI. Le nouveau cap de l’action gouvernementale se veut plus concret et plus lisible. Il s’agira d’influer qualitativement sur le quotidien du Malien à travers l’amélioration du pouvoir d’achat et les actions sociales de base contribuant à un changement qualitatif du bien-être des Maliens.

Après une première phase bien réussie dans l’œuvre de stabilisation de l’Etat-nation marquée par des actes fondateurs majeurs (stabilisation de l’armée et refondation du dispositif institutionnel et lutte contre l’impunité), la deuxième phase qui s’annonce et qui sera conduite par un gouvernement qualifié de « gouvernement de combat », devra s’atteler à la réalisation des objectifs de développement promis par le candidat IBK. En clair, il s’agira pour ce gouvernement de s’attaquer à trois axes majeurs du programme d’IBK: la lutte continue et sans répit contre la corruption ; la modernisation de l’Administration publique afin de la rendre plus efficace et plus réceptive aux besoins des administrés ; le développement économique et social par le redémarrage des chantiers d’investissements structurants et l’émergence d’un système éducatif et de santé plus performants. Moussa Mara ne s’en est d’ailleurs pas trompé en mettant en exergue ces points dans la feuille de route déclinée à l’attention des ministres lors de son tout premier conseil de cabinet tenu le samedi 12 avril 2014. Mais l’actuelle équipe a-t-elle les moyens de répondre à la demande d’IBK ?

L’architecture gouvernementale actuelle a-t-elle le profit adéquat pour réaliser le défi du changement ?

En dépit de toutes les critiques soulevées çà et là, nous estimons que ce gouvernement est un casting adéquat pour relever le défi du changement. Nous ne parlerons même pas des critères de compétence qui, à notre avis, est un pré-requis nécessaire.

L’équipe gouvernementale est majoritairement constituée de nouvelles personnalités censées allier dynamisme et esprit novateur. En effet, le Premier Ministre et trois de ses ministres (Ben Barka, Cissé et Camara) ont moins de 40 ans; près du tiers des autres ministres sont encore quadragénaires. 23 ministres sur 31 (soit 74%) n’avaient, jusqu’au coup d’Etat de mars 2012, participé à aucun gouvernement de la République. Notre plus jeune Premier Ministre fait, bien entendu, partie de ce lot. Alors oui ! Ce gouvernement incarne bien le changement de cap annoncé, et il peut le réussir. Mais comme tout changement sociétal majeur, le Président de la République et son Premier Ministre ont choisi d’adopter une démarche méthodique, processuelle et incrémentale pour imprimer durablement et efficacement leur marque. On peut donc donner crédit d’avoir réussi à mettre en place une équipe savamment dosée pour réaliser cette mission.

Mais qu’en sera-t-il de la machine administrative, véritable cheville ouvrière de la bonne marche des institutions et, à ce titre, principal artisan de la mise en œuvre du programme économique et social ? Il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette machine est malade grabataire. Les maux ont pour nom: corruption généralisée, concussion, prévarication, etc. Bref ! tout le compost faisant le champ favori de la mal-gouvernance.

Mais la question qui taraude l’esprit des analystes est de savoir comment réaliser ce choc socioéconomique tant attendu sans un choc culturel approprié. Or, qui parle de choc culturel dans les organisations réfère nécessairement à deux principaux indicateurs : la réforme des structures et le changement des hommes qui sont chargés de les animer. Comment réaliser le choc culturel dans un cadre conceptuel comme le nôtre longtemps marqué par la déchéance morale des leaders, sans un nettoyage conséquent des écuries d’Augias ? Plus clairement, comment réaliser le choc culturel lorsque l’administration et les grandes entités nationales demeurent toujours dirigées par les mêmes hommes depuis près d’une décennie pour certains ? Comment réaliser cette révolution des mentalités, prélude nécessaire au dispositif de changement sociétal sans une convergence d’états d’esprit novateurs ? En clair et de façon prosaïque, « on ne peut pas faire du neuf avec du vieux ».

Notre propos n’est pas de prôner une chasse aveugle à l’homme sur fond de préjugés et de procès d’intention, mais nous demeurons convaincus que ce ne sont pas ces hommes dont certains sont d’ailleurs directement mis en cause dans des rapports officiels du Vegal et de la Casca. A notre avis, par ces différents rapports, IBK dispose d’un précieux référentiel pour prendre les décisions les plus idoines. A l’image des suggestions de l’actuel Vegal, nous invitons à notre tour le Président, à une relecture constante et une exploitation conséquence de ces précieux documents dans ses options décisionnelles et vite éradiquer le mal par un changement nécessaire des hommes. Il faut vite taper dans la fourmilière de délinquants financiers à col blanc qui pullulent dans le management supérieur de l’appareil administratif d’Etat et des grands établissements personnalisés, maillons stratégiques dans la politique et le développement de l’Etat.

Comment et quand s’y prendre ?
Comme le disait F. Hollande dans son slogan de campagne, « le changement c’est maintenant ». IBK et son tout nouveau Premier ministre n’ont pas le choix. Ils devront nécessairement entamer ce nouveau cap avec des hommes neufs, compétents, intègres et disposant du dynamisme nécessaire pour affronter les gigantesques défis de la renaissance du Mali. Au cours de la période pré-législative, le moins qu’on puisse noter, et qui semble aisément compréhensible, est que le tandem IBK-OTL s’est montré timide dans la dynamique du changement. Il nous revient que la lenteur observée par Oumar Tatam LY dans l’entreprise de changement était due au fait qu’il voulait d’abord bétonner la procédure. Cela a abouti à l’élaboration par ses soins, le 27 mars 2014, d’une note d’instruction qu’il a adressée à ses Ministres pour instituer une procédure de sélection pour les nominations aux postes de directeurs nationaux et directeurs généraux dans les EPA et Epic. En substance, par cette note, le choix à ces postes importants devrait être moins discrétionnaire et suivre une procédure d’appel à candidature suivie d’une sélection au sein d’une Commission instituée à cet effet. L’option est certes audacieuse et novatrice mais son application efficiente dans le contexte malien n’est pas évidente. En effet, dans un système viscéralement corrompu comme le nôtre, multiplier la chaîne d’intervenants dans les processus de promotion aux postes ne fera que décupler d’autant le risque de corruption et donc de contre-productivité du système.

Rappelons qu’en 1991, Soumana Sako avait tenté l’expérience. Il a dû lui-même rebrousser chemin suite à la non retenue de la candidature de Drissa Kéita dans la short list des «pédégeables» de la Cmdt bien qu’en étant à l’époque le Président du Conseil d’Administration. Les motifs de rejets évoqués étaient si ridicules que le tout puissant Premier Ministre, chef du gouvernement d’alors avait conclu à l’existence d’aspérités négatives et partisanes qui contribuaient à biaiser gravement la procédure et à rendre le système inefficient et contreproductif. En outre, un tel système a l’inconvénient d’entraîner une dilution des responsabilités dans un environnement culturel aussi « jacobin » que le nôtre.

Il faut maintenant espérer que le nouveau gouvernement s’attèlera avec prestance, adresse et efficacité à cet important défi du changement. L’exécutif devrait, dans les tout prochains jours, rassurer les Maliens sur la sincérité des intentions jusque-là annoncées, sauf à parodier Hollande et conclure que « le changement c’est maintenant ou jamais». Moussa Mara, réputé iconoclaste et audacieux rénovateur a le profil du job, mais « l’Expert » n’a qu’un seul obstacle : le temps. Il ne bénéficiera pas d’état de grâce.

Birama Fall

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