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Le Républicain N° 4839 du 16/4/2014

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Gouvernance au Mali : le coup de semonce de Tiébilé Dramé
Publié le mardi 22 avril 2014  |  Le Républicain


© aBamako.com par as
Cloture des assises de la Coalition pour le Mali
Vendredi 5 octobre 2012. Bamako. Hotel Laico Amitie. Tiebile Drame, vice-president de la Coalition pour le Mali.


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Il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Tiébilé Dramé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, à l’instar d’un document produit par son parti, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA), n’a pas pris de gants pour dénoncer la qualité de la gouvernance du président malien Ibrahim Boubacar Kéita (IBK).

Dans un réquisitoire accablant, il a dénoncé l’immixtion sans précédent de la famille du président dans la gestion des affaires du pays, les accointances de IBK avec des hommes d’affaires et une gestion peu orthodoxe des marchés publics et des biens de l’Etat. Pour exemple, il relève l’achat par IBK d’un nouvel avion présidentiel d’une valeur de 17 milliards de francs CFA et en toute opacité alors même que l’avion naguère utilisé par le président Amadou Toumani Touré (ATT) est toujours en état de fonctionner. Il y a également l’intrusion du fils du président en politique et la nomination de son beau-père à la tête de l’Assemblée qui corroborent l’hypothèse d’une présence accrue de la famille présidentielle dans la gestion des affaires de l’Etat.

IBK ferait mieux de se raviser pendant qu’il est encore temps
Comme on peut le constater, ces accusations ont la particularité d’être étayées par des faits réels et cela leur confère une certaine crédibilité. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la situation devient inquiétante.

Avec de telles dérives en seulement 7 mois de gouvernance IBK, il y a fort à craindre pour son quinquennat. Il est de notoriété publique que l’intrusion de la famille présidentielle en politique peut être source de dangers pour le chef de l’Etat lui-même et, in fine, pour le pays tout entier. IBK aurait été mieux inspiré de tenir son fils à l’écart du jeu politique.

Pas parce qu’il n’en a pas le droit, mais par souci de réalisme, par volonté de ne pas prendre le risque d’une certaine « patrimonialisation du pouvoir », d’une concentration de pouvoirs entre les mains d’une famille avec les effets pervers qui en découlent presqu’inexorablement.
C’est à croire que IBK ne sait plus pourquoi il a été élu. Pourtant (et il ne doit pas perdre de vue cette réalité), il n’a pas été élu dans un contexte « normal ».

Son accession à la magistrature suprême, il la doit pour une large part à l’espoir qu’il incarnait au sein du peuple malien qui voulait un homme de poigne pour la gestion des problèmes du pays, notamment la question du Nord du pays, pour la lutte contre l’injustice et la mal gouvernance.
Pour ce qui concerne les négociations sur le Nord du pays qui étaient censées reprendre dès la fin de l’élection présidentielle, on assiste à un véritable tango.
Tout se passe comme si le régime de Bamako ne sait plus s’il faut négocier ou pas avec les mouvements rebelles et surtout à quel médiateur se vouer. De ce fait, IBK ne rassure pas sur ses capacités à crever l’abcès, à trouver une solution durable à cette équation du Nord-Mali.
De plus, il est difficile de comprendre et d’accepter que le grand commis de l’Etat qu’il a été, ait perdu le sens des priorités au point de s’engluer dans des dépenses de prestige et de laisser à ses proches la possibilité de s’offrir des libertés avec les textes régissant les marchés publics.
Au regard des faits qui sont reprochés à sa gouvernance et qui, pour l’essentiel, ne relèvent d’ailleurs pas du secret, IBK ferait mieux de se raviser pendant qu’il est encore temps. En attendant, il doit une fière chandelle à Tiébilé Dramé qui n’aura pas versé dans le syndrome ambiant du « griotisme ».

Bien plus que les paroles, ce sont ses actes qui seront déterminants pour IBK
L’un des malheurs de l’Afrique réside, en effet, dans la propension de ses élites au mutisme, à la complaisance, voire à la complicité avec les princes du moment quand bien même ils sont conscients que leur silence ou leur action viole les intérêts du peuple.

C’est tout à l’honneur de Tiébilé Dramé d’avoir osé mettre le doigt sur la plaie sans plus attendre. Une attitude de ce genre relève d’un patriotisme de bon aloi.

Certes, on peut dire que cette sortie de Dramé a été facilitée par le contexte ou plutôt cette charge de la démission du Premier ministre, Tatam Ly. Toutefois, cela n’enlève rien au courage et à l’honnêteté dont ont fait preuve Tiébilé Dramé et le PARENA dans un continent où le réflexe consiste à applaudir à tout rompre le chef de l’Etat en vue de s’attirer ses bonnes grâces.
Cette critique faite à IBK est bonne pour peu qu’il sache la prendre du bon côté. Il lui appartient de travailler à gommer les points noirs de sa gestion. Le danger serait qu’il s’emmure dans sa logique et ne prête pas une oreille attentive aux sons de cloche contraires à son opinion personnelle.

En tout cas, les faits sont têtus et IBK serait bien inspiré de reconnaître que le navire dont il est le commandant, tangue dangereusement du fait de ses options pas toujours bonnes.
Et face à cette réalité, il ne peut pas revendiquer un manque d’expérience dans la gestion. Cela ne saurait suffire à justifier ces nombreux et graves points noirs du tableau de sa gouvernance. Du reste, il aura été, de par le passé, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale du Mali et ses succès à ces deux postes n’ont pas manqué de peser dans le choix du peuple malien.

Les dérives pointées du doigt aujourd’hui ne sont donc ni plus ni moins que le résultat de choix délibérés de sa part. IBK est accusé, à l’instar de Abdoulaye Wade du temps où il était président sénégalais, de ne pas écouter, en tout cas pas suffisamment, les voix de certains de ses propres conseillers.

A l’image de Wade, il semble être le genre de personnes qui font toujours les choses comme elles l’entendent et rien d’autre. IBK est maître dans l’art de la parole. Mais il devrait comprendre que bien plus que les paroles, ce sont ses actes qui seront déterminants pour lui.
S’il persiste dans ses erreurs à travers la présence des membres de sa famille dans les principaux rouages de l’Etat, s’il continue la gestion scabreuse des marchés publics, s’il persiste dans les accointances avec des hommes d’affaires, et dans les dépenses somptuaires, alors ce sera l’échec garanti.

Bien des engagements, comme la lutte contre la corruption qui lui a valu des soutiens, resteraient une simple vue de l’esprit. Ce d’autant plus que toutes mesures prises par la famille à l’encontre de personnes hors du cercle familial seront, à tort ou à raison, perçues comme des règlements de comptes.

Le réveil, dans ce cas, risque d’être douloureux car il y a fort à craindre que les mêmes causes produisant les mêmes effets, un coup de force de la Grande muette ne vienne remettre les choses à plat. Ce qui serait un scénario-catastrophe pour la démocratie malienne en reconstruction. A IBK donc de se ressaisir.

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