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Politique : Eviter les débats de caniveaux
Publié le jeudi 24 avril 2014  |  L’aube




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La semaine dernière, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) a publié un document dans lequel il dénonce les dérives du pouvoir actuel. Dans le document intitulé « IBK, sept mois après, le Mali dans l’impasse », le Parena lance un vibrant appel aux forces politiques, économiques, sociales et culturelles du pays, à la société civile et aux leaders d’opinion à l’intérieur comme à l’extérieur afin que tous ensemble, nous conjuguions nos efforts pour stopper la dérive actuelle et remettre le Mali sur les rails pour préserver ses chances de se relever.

C’est la contribution qui fit déborder le vase au Rpm. Le parti présidentiel s’en est pris ouvertement au président du Parena, Tiébilé Dramé, dans une réponse titrée : « Le Mali n’est pas dans l’impasse, c’est Tiébilé Dramé qui est aux abois ».

Du coup, les partisans du président rabaissent le débat démocratique. Car, critiquer le président de la République relève du devoir de l’opposition. Que la majorité présidentielle ou le parti au pouvoir réponde est aussi un droit démocratique. Mais hisser le débat au niveau personnel n’est pas une bonne pratique démocratique.

Nous aurions voulu, comme l’a fait le Parena, que le Rpm publie un document qui donne des réponses claires et précises aux préoccupations et arguments soulevés par le parti du bélier blanc. Mais le Rpm s’est contenté d’égrener un chapelet d’injures, de menaces et de diffamations. C’est la personne de Tiébilé Dramé qui est attaquée alors que le document incriminé émane de son parti.

Dramé est traité de tous les maux d’Israël alors que l’opinion attendait qu’on lui apporte des réponses aux sujets évoqués. Par exemple, que l’on dise aux Maliens la réalité par rapport aux travaux à la résidence privée du Chef de l’Etat. Le Parena s’interroge : « Qui finance ces travaux ? Le budget de l’Etat ? Les fonds personnels du Président et de sa famille ? ».

Quid de l’acquisition d’un nouvel avion présidentiel. Là également, les questions du Parena sont précises : « Y a-t-il eu appel d’offres pour engager l’argent public à hauteur de 17 milliards de francs CFA? Si c’est un marché de gré à gré, comme tout le laisse croire, qui a servi d’intermédiaire ? A quelles conditions?… ». Ce sont des interrogations réelles des Maliens auxquelles ils attendent des réponses pertinentes. Les injures et les menaces vociférées contre Tiébilé Dramé, ne font qu’enfoncer le citoyen dans le doute et l’incertitude.

Le débat politique doit dépasser les personnes censées l’animer. Et le Rpm à court d’arguments en a fait sa stratégie chaque fois que IBK fait l’objet d’attaques (pour la plupart fondées) dans la presse nationale ou internationale. Ses soi-disant partisans tâcheraient toujours de noyer le poisson en prenant pour cible les adversaires politiques du chef de l’Etat.

Avant Tiébilé Dramé, c’est le leader de l’opposition Soumaïla Cissé qui avait essuyé les foudres du pouvoir pour avoir dénoncé la gestion calamiteuse du régime. Un ministre de la République a même tenté de l’intimider en l’accusant de détournements avant de faire machine arrière. C’est le comble lorsque dans une démocratie la critique est synonyme de méchanceté et d’égoïsme. C’est du moins ce que les rédacteurs du Rpm veulent faire croire à l’opinion. A quoi rime cet extrait ? : « Pour le président du Parena, « L’honneur du Mali » ne signifie, peut-être, rien ? Pour les Maliens qui ont massivement voté IBK, si.

Pour lui, « Le Bonheur des Maliens » ne signifie, peut-être, rien ? Pour les Maliens qui ont massivement voté IBK, si. Pour lui, « La dignité du peuple » ne signifie, peut-être, rien ? Pour les Maliens qui ont massivement voté IBK, si… ». Est-ce vraiment de cela qu’il s’agit ? Notre démocratie doit valoir mieux que ça. Il faut accepter les débats d’idées et étudier les propositions venant de tous les Maliens, si elles contribuent au développement de notre pays. Le Parena a fait des recommandations comme, entre autres, l’instauration d’une gouvernance moderne et prévisible, le desserrement de l’étau de la famille sur l’Etat, la relance du processus politique de récupération de Kidal. Le bon sens voudrait qu’on y réfléchisse avec la tête et non le cœur.


Idrissa Maïga

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