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Pourparlers inter maliens : la quadrature du cercle
Publié le vendredi 2 mai 2014  |  le pays bf




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Le nouveau Premier ministre malien, Moussa Mara, promet d’appliquer une politique qui va redonner au pays « sa dignité et sa fierté ». Un engagement contenu dans sa déclaration de politique générale, lue devant l’Assemblée nationale, le 29 avril dernier à Bamako.
Un peu moins d’un mois après sa nomination, dans un discours-fleuve, le chef du gouvernement a notamment appelé à un sursaut national. « Jamais dans notre histoire, les Maliens n’ont eu si peu confiance en eux-mêmes », a-t-il déclaré. Moussa Mara s’est évertué à convaincre les Maliens qu’« un sursaut national est plus que nécessaire ».

Les bonnes dispositions du gouvernement malien semblent se heurter à d’autres obstacles
Le Premier ministre s’est fixé, entre autres objectifs à atteindre : redonner confiance à l’armée malienne. Actuellement, 8 300 militaires maliens sont dans le Nord. S’agissant du Nord-Mali, Moussa Mara envisage de relancer le dialogue avec les groupes armés du Nord. Selon lui, les négociations devaient se mener « rapidement ». Le Premier ministre malien a, par ailleurs, annoncé que son gouvernement consacrerait près de 110 milliards de F CFA au développement dans le domaine de l’économie, de l’école, de l’agriculture, de l’aide au retour des réfugiés, des personnes déplacées, etc.

Ces décisions s’ajoutent donc à la récente nomination d’un médiateur interne : l’ancien Premier ministre Modibo Keïta. En outre, siège désormais au gouvernement, un ancien chef rebelle : M. Zahabi Ould Sidi Mohamed, le tout nouveau ministre de la Réconciliation nationale. Pourtant, les bonnes dispositions du gouvernement malien semblent se heurter à d’autres obstacles. Certes, nommé par Bamako, le nouveau médiateur semble inspirer confiance. Mais, des craintes se font jour, quant à la composition de l’équipe devant l’entourer, et à propos de la représentation effective des populations du Nord. Ainsi en est-il du nouveau « monsieur réconciliation », qui ne semble pas bénéficier de beaucoup d’estime de la part de certains représentants de groupes armés. Avait-on pris les bonnes informations avant de nommer l’intéresser ? Les risques ont-ils été bien mesurés ?

Dans ce cafouillage, Bamako entend dépêcher très rapidement une mission dans des pays de la sous-région. Zahabi Ould Sidi Mohamed, ministre de la Réconciliation nationale, et le nouveau Haut Représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-malien, séjourneront ainsi à Ouagadougou, Nouakchott et Alger notamment. Ils comptent y rencontrer les dirigeants des groupes rebelles du Nord, et leur proposer de se retrouver entre eux.

Le scénario prévu est le suivant : une première rencontre exclusivement réservée aux groupes armés, se déroulerait pendant quelques semaines à Tamanrasset, dans le Sud algérien. Sur place, une plateforme de revendications serait dégagée aux fins de permettre aux rebelles de parler d’une même voix face à Bamako. Parallèlement, dans la capitale malienne, la société civile et les représentants du gouvernement malien seraient en train de se préparer. Les futures négociations se dérouleront au Mali, mais avec la facilitation de plusieurs pays et institutions. L’Union européenne, la Mission de l’ONU au Mali, le Burkina Faso et le Maroc devraient y participer. Si ce plan de relance est accepté par tous, les négociations devront commencer à Bamako dans 60 jours.

Les médiations se multiplient autant qu’on les récuse

Pour l’heure, la situation paraît déplorable car, on sent le manque de sincérité chez les acteurs. Pourtant, l’individu en face n’est pas le plus important. Seules comptent les négociations. En la matière, les groupes armés doivent désormais intégrer le fait que la question de l’indépendance est définitivement compromise et donc non négociable.
Il faut savoir ce que l’on veut.

Du côté du pouvoir, il faut éviter l’enlisement et la très grande polarisation autour de la crise du Nord-Mali. Ce pourrait être un piège des groupes armés désireux de confondre le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et de lui miner le terrain. A force de se laisser divertir, IBK risque fort de ne pas pouvoir travailler sur la demande sociale des Maliens. Son premier mandat pourrait donc en prendre un sérieux coup.

Parallèlement, il faut dénoncer la prise en charge ad vitam aeternam des ténors des groupes armés. Ils semblent avoir trop pris goût à vivre dans les hôtels luxueux des villes d’Afrique et d’ailleurs aux frais du contribuable. Très à l’aise aujourd’hui, comment peuvent-ils s’empresser de signer des accords définitifs et de retrouver une vie normale ?

Certes, le Mali qui a renoué avec la démocratie, est en pleine reconstruction. Les institutions semblent fonctionner normalement. Il faut donc en profiter pour avancer sérieusement sur les différents dossiers qui fâchent. Mais, avec quelle feuille de route le président Kéïta travaille-t-il ? Il y a trop d’atermoiements, et les médiations se multiplient autant qu’on les récuse. La quadrature du cercle, en somme !

S’il ne veut pas que la situation pourrisse et profite à l’adversaire, IBK a intérêt à ne pas donner l’impression d’en faire à sa tête. La table est mise, et il convient de battre le fer pendant qu’il est chaud. S’il ne veut pas voir son premier mandat compromis, et le second hypothéqué, le chef de l’Etat malien a intérêt à demeurer vigilant. Le risque est grand, en effet, de voir les groupes armés conjuguer progressivement leurs efforts à ses dépens. Déjà que la classe politique ne lui semble pas totalement acquise… Or, lorsque la paix devient impossible, la guerre finit toujours par triompher.

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