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L’Essor N° 17670 du 7/5/2014

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Industrie semencière : Un fort potentiel encore inexploité
Publié le jeudi 8 mai 2014  |  L’Essor




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L’implication tardive et timide du secteur privé dans la production et dans la distribution des semences des grandes cultures constitue une des difficultés majeures à l’épanouissement du secteur. L’Association semencière du Mali (ASSEMA) a réuni mardi, sa 10ème assemblée générale ordinaire à la Maison de la femme de Bamako rive droite sous le slogan : « Améliorer la disponibilité et la qualité des semences pour les paysans et agriculteurs ». L’ouverture des travaux présidée par le directeur national de l’agriculture, Moussa Camara, s’est déroulée en présence du président de l’ASSEMA, Mamadou Kayentao.

Durant la session, les administrateurs ont discuté du compte rendu de l’assemblée générale de 2012, du rapport d’activités et financier 2012-2013, présenté les projets d’activités de 2014 et les nouvelles adhésions et renouvelé leur bureau. A l’issue des travaux, le directoire de 10 membres, dirigé par Mamadou Kayentao, a été maintenu pour deux ans.

Dans son allocution, le président réélu de l’Association semencière a reconnu que bien qu’étant une zone à vocation pastorale, notre pays possède une industrie semencière active quoiqu’encore embryonnaire vu le faible volume des semences certifiées produites et vendues par rapport à l’immensité du potentiel qu’offre le secteur de l’économie rurale et périurbaine qui occupe près de 80% de la production active.

Le désengagement progressif de l’Etat des activités de production et de commercialisation à partir des années 1990, a sans nul doute contribué à la création et à la formation de nombreuses associations et coopératives de producteurs semenciers. Mais l’implication tardive et timide du secteur privé dans la production et dans la distribution des semences de grandes cultures (mil, sorgho, riz, maïs, arachide, niébé et blé) constitue encore une difficulté majeure à l’épanouissement de l’ensemble de l’industrie des semences au Mali, a analysé Mamadou Kayentao.

Parmi les principales contraintes liées à l’engagement effectif du secteur privé dans la production et le commerce des semences certifiées standards et hybrides dans notre pays, Mamadou Kayentao cite l’application d’un taux de 18% à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à l’importation et à la revente des semences (exception faite des semences de pomme de terre, de riz, de haricot et de maïs) contrairement aux autres pays de la sous région. Le marché local s’en trouve, du coup, inondé par des semences de contrebande en provenance des pays voisins qui n’appliquent pas la TVA. L’insuffisance de formation en techniques de protection, de conservation, de reconditionnement et de commercialisation des semences, figure aussi parmi les contraintes recensées par le premier responsable de l’Assema.

L’expression tardive des besoins en semences par les producteurs, le manque de standards pour les emballages destinés au reconditionnement des semences produites localement, le non respect de l’étiquetage par la plupart des producteurs et vendeurs semenciers, l’absence d’un cadre de concertation entre l’industrie des semences et les principales filières pouvant soutenir de manière durable les activités marchandes du secteur des semences (élevage du bétail, de la volaille, industrie de la transformation et de la conservation des produits agricoles) constituent également des entraves à l’activité semencière.

Mamadou Kayentao n’a garde d’oublier dans son énumération, la lenteur du mécanisme de règlement des ventes de semences subventionnés par l’Etat, la faible utilisation de semences hybrides, la réticence des établissements financiers à soutenir la production, le traitement et la vente des semences, le besoin pressant de mise en œuvre de textes législatifs et réglementaires harmonisés visant à créer un cadre propice au développement du secteur semencier. L’Initiative riz lancée par le gouvernement en 2008 et étendue au maïs et au blé, a créé un véritable engouement pour la production agricole et un besoin croissant en semences de qualité supérieure, a-t-il indiqué.

La place de notre pays sur le marché des semences devra aussi être perçue sous l’angle des potentialités de son secteur agro-pastoral et aussi bien en termes de diversité des espèces cultivées (mil, sorgho, maïs, riz, blé, arachide, niébé, soja, fonio, coton, canne à sucre, sésame, pomme de terre tomate, oignons et autres cultures potagères) que du point de vue de l’étendue des superficies cultivées et cultivables. Mamadou Kayentao a rappelé à ce propos que notre pays possède près de 2 millions d’hectares de terres irrigables sur près de 2600 km de fleuve, de grandes mares. Les principales espèces de céréales cultivées (mil, sorgho, riz, maïs et blé) occupent plus de 3.000.000 d’hectares soit un besoin potentiel en semences d’environ 45.000 à 50.000 tonnes par an sans compter l’arachide, le niébé et le soja dont la culture est en pleine expansion.

La production maraichère actuellement estimée à plus d’un million de tonnes est en plein essor dans les zones irriguées autour des grandes villes, des villages, des points d’eau et en toute saison. Le maintien et le développement du cheptel bovin estimé aujourd’hui à 7,8 millions de têtes, et des ovins/caprins (environ 20 millions de têtes) exigent la production de semences de variétés fourragères plus productives afin de stimuler l’élevage intensif, a souligné le président de l’ASSEMA.

Ces atouts s’appuient sur l’existence de plusieurs institutions spécialisées comme la direction nationale de l’Agriculture ( DNA), les directions régionales de l’Agriculture (DRA), le service semencier national, le laboratoire semencier (LOBOSEM), la Compagnie malienne de développement textile (CMDT), l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN), l’Office de développement rural de Sélingué (ODRS), l’Office du Niger, l’Institut d’économie rurale (IER), l’Institut international de recherche sur les cultures tropicales en zones semi-arides (ICRISAT) et des structures d’encadrement expérimentées et très disponibles.

Créé en 2002, l’Association semencière du Mali s’emploie à promouvoir les semences de qualité, renforcer le partenariat public-privé et privé-privé, développer l’industrie semencière dans le pays, contribuer à la sécurité alimentaire, servir de cadre de concertations, d’échange, d’informations et expériences dans le domaine de l’industrie semencière malienne et africaine. Elle représente, défend, développe et consolide les intérêts de l’industrie semencière malienne dans la sous-région, contribue efficacement à l’organisation, à la sensibilisation, à la formation des producteurs et des distributeurs semenciers afin d’améliorer la production agricole au Mali.

S. Y. WAGUE


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