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Chronique du vendredi : Et après la formation du gouvernement ?
Publié le vendredi 17 aout 2012  |  Le Républicain




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Le gouvernement de large consensus, c’est le moins qu’on puisse dire, aura d’abord été d’une difficile gestation. Il aura fallu du tact et de la détermination, d’Abidjan à Ouaga pour remettre à l’endroit le premier bébé hors-jeu de la 3è République. Et vu les délais qui ont été tous dépassés, ce gouvernement ne peut plus résulter de l’accouchement naturel mais de la césarienne. Une technique comme une autre, peut-on minimiser, surtout que l’enjeu est de taille et malheureusement l’embarcation trop petite pour remorquer tant d’aspirations.


La Cedeao ne connaissant pas le marigot politique malien a voulu signifier par les délais donnés son impatience à voir derrière elle la crise institutionnelle malienne qui lui paraissait être l’obstacle à la résolution de la crise du Nord. Cette lecture n’est pas juste et on le verra plus loin. Cheick Modibo Diarra auquel l’adversité a donné plus d’énergie s’est battu de toutes ses forces pour rester à son poste. Entre les deux, il y avait évidemment Dioncounda Traoré qui n’avait pas d’autre choix que de couper la poire en deux entre le Premier ministre et ses adversaires. Normal, la politique étant aussi l’art du compromis et de ne pas livrer les batailles qui font reculer plutôt que d’avancer.

Alors, les vraies angoisses sont ailleurs. Premièrement, c’est de faire en sorte que le fétichisme du consensus et l’appel de sang nouveau qui était un des messages de l’après-22 mars même ne supplantent l’avantage d’ une équipe rodée et d’expertise avérée pour conduire à bien, et sans délais, les deux missions fondamentales de la transition que sont la reconquête de l’intégrité territoriale et la tenue d’élections crédibles. Deuxièmement, il s’agit de faire en sorte que les péripéties pour la formation du gouvernement d’union nationale ne divisent davantage les acteurs, notamment ceux qui se sont battus pour le retour à l’ordre constitutionnel. Au-delà du re-cadrement qui est monnaie courante dans la négociation, le tacle de Siaka Diakité à Me Kassoum Tapo peut bien augurer de l’état dans lequel se retrouveront tous les regroupements dans quelque temps. Le cas échéant, ils auront simplement donné plus de munitions contre la classe politique traditionnelle contre laquelle existe, même si c’est de la part d’agitateurs à la représentativité peu connue, le procès d’avoir mis ce pays à la dérive. Car, globalement, le problème de la première équipe de Cheick Modibo Diarra n’était pas la qualité des ministres.

Le parcours de la plupart d’entre eux est respectable. C’est le chef de gouvernement lui-même qui était mis en cause au Fdr de manière plus explicite et par des chefs d’Etat de la Cedeao selon des sources off. Et pour deux raisons : d’abord son critère d’exclure ceux qui ont été au gouvernement ces vingt dernières années et pas plus loin a été perçu comme le premier acte d’un agenda restaurateur, ramenant ainsi dans l’arène politique Moussa Traoré qui de notre point de vue, est le Malien qui a le plus de raisons d’éviter au pays une zizanie qui pourrait n’épargner personne. Quant à la feuille du route du gouvernement de Cheick Modibo 2, son ré-profilage accélèrerait t-il a conquête du Nord. Rien n’est moins évident.

Une armée ne se reconstruisant pas en trois mois, si tel était le résultat attendu du Premier ministre à son installation en avril, on peut alors douter de la bonne fois et de l’expertise ambiante sur les complexités du Nord, sans dédouaner le Chef du gouvernement qui n’a pas été à un impair près sur le dossier. Reste que c’est au Président de demander l’assistance militaire. Et surtout à l’obtenir et ce n’est pas la plus facile des démarches pour qui connaît les moyens de la Cedeao qui vit largement de sous-traitance alors que les occidentaux qui ont le nerf de la guerre ne soufflent pas dans la même trompette. Ils restent, en effet, divisés sur la stratégie à déployer au Nord malien. Entre le tout dialogue, le dialogue sélectif, la guerre contre qui il faut et pas de guerre du tout, il y a plusieurs nuances et plusieurs acteurs de poids dont le nouvel attelage conduit par un président de la transition revenu requinqué de sa convalescence devra tenir compte. En agissant vite. Et en prenant ses responsabilités historiques. Le gouvernement est un wagon. C’est lui la locomotive.

Adam Thiam

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