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Moussa ag Assarid : « Notre but, contrôler l’ensemble de notre territoire » au nord Mali
Publié le vendredi 23 mai 2014  |  Afrik.com


© Autre presse
Moussa Ag Assarid
Porte-parole du MNLA au mali


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Après les sanglants combats à Kidal, qui ont opposé les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à l’armée malienne, le Mali replonge dans une nouvelle crise. D’après Moussa ag Assarid, l’un des porte-parole du MNLA, son groupe a pris possession de Kidal, Ménaka mais aussi d’Aguelhoc, Tessalit et Anefis. Selon lui, son organisation se rapproche de la ville de Gao où sont stationnés des soldats français de la force Serval. Actuellement à Kidal, il revient pour Afrik.com sur les revendications du MNLA. Entretien.

Afrik.com : L’ONU a indiqué jeudi que le MNLA contrôlait la ville de Kidal plus récemment celle de Ménaka, est-ce que vous confirmez ces informations ?
Moussa Ag Assarid : Je confirme. Le MNLA a pris possession de Kidal, Ménaka plus Aguelhoc, Tessalit et Anefis.

Afrik.com : quels sont les objectifs du MNLA en prenant possession de ces villes ?
Moussa Ag Assarid : Nous avons constaté que le gouvernement du Mali n’a pas la volonté politique de négocier. Il n’a pas respecté l’accord de Ouagadougou (voir encadré). L’armée nous a attaqué à Kidal au niveau du gouvernorat (occupé alors par le MNLA). Ensuite il y a eu une attaque de l’armée malienne le 21 mai dernier. Le gouvernement a violé ses engagement. La communauté internationale est témoin, la MINUSMA (l’opération de l’ONU au Mali [1]), Serval (la force française au Mali [2]. Elle a débuté le 11 janvier 2013, à la demande du gouvernement du Mali.), ils ont vu qui a tort, qui a refusé de négocier, qui a refusé de libérer les prisonniers du MNLA. Les objectifs du MNLA sont : de contrôler son territoire ; de sécuriser la population et leurs biens ; de permettre l’accès aux organisations humanitaires ; et de rester disponible pour la négociation, sur un terrain neutre et par l’intermédiaire d’un médiateur consensuel pour négocier un statut juridique à l’Azawad.

L’accord de Ouagadougou : cet accord a été signé le 18 juin 2013, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, entre la République du Mali, le Mouvement national de libération de l’Azawad et le Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA). Il contient deux phases distinctes. Une première qui consistait à gérer l’urgence. Il s’agissait de permettre l’organisation d’une élection présidentielle, dans la ville de Kidal ainsi que dans toutes les régions du Nord et pour cela de stabiliser la situation sécuritaire. La deuxième phase devait débuter 60 jours après cette élection. Le nouveau chef d’Etat du Mali devait organiser des pourparlers pour aller en profondeur dans la résolution des problèmes, notamment afin de définir le statut administratif de l’Azawad ainsi que les stratégies de développement de la zone. La mise en place de cette deuxième phase a piétiné et les incidents se sont multipliés, chaque camp accusant l’autre d’avoir violé l’accord.
Afrik.com : quels sont les autres organisations qui vous suivent dans vos actions ?
Moussa Ag Assarid : c’est une coordination. Il y a le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) qui est signataire de l’accord de Ouagadougou. Le premier est arabe, le HCUA est composé exclusivement de touaregs. Il est basé essentiellement à Kidal tandis que le MNLA est présent sur tout le territoire de l’Azawad et est multiethniques.

« Indispensable à l’ouverture des négociations »

Afrik.com : après Kidal, Ménaka et maintenant Tessalit et Aguelhoc notamment, jusqu’où va aller le MNLA ?
Moussa Ag Assarid : Je ne le connais pas. C’est secret défense...Oui, bon après on a envi de contrôler l’ensemble de notre territoire. Mon envie en tant que politique est de contrôler l’ensemble du territoire.

Afrik.com : le contrôle de ces villes était-elle indispensable à l’ouverture de négociations ?
Moussa Ag Assarid : le contrôle était indispensable à l’ouverture des négociations. Selon l’accord de Ouagadougou, les négociations entre le gouvernement et le MNLA devaient reprendre début novembre 2013. Le 17 mai, les hostilités ont repris. Ce n’est pas de notre faute. Nous avions mis en place une commission pour être représenté aux négociations, nous étions disponible pour négocier. IBK (le président malien Ibrahim Boubacar Keïta) a mené une politique de démission.

« légitime défense »

Afrik.com : la France et la Mauritanie ont appelé à la reprise dialogue entre le gouvernement et le MNLA, le dialogue va-t-il reprendre ?
Moussa Ag Assarid : nous sommes disponible à tout moment pour les négociations. C’est le mot « négociation » qui est important, nous ne voulons pas d’un « dialogue ». Je ne sais pas quand les combats vont s’arrêter mais il est souhaitable de ne pas laisser le sang couler.

Afrik.com : vous aviez récemment déclaré à la BBC que le MNLA voulait ouvrir des négociations après la libération des 30 otages lundi dernier, pourquoi les combats ont repris ?
Moussa Ag Assarid : parce que le 21 mai dernier, l’armée malienne nous a attaqué. Ils ont tiré 8 fois à l’armement lourd. Ils visaient nos cantonnement militaires et même nos représentants politiques. Il y a eu un tir qui est tombé à 400 mètres d’où je me trouvais ! Nous avons attendu 20 minutes avant de riposter. Nous avons accepté le cessez-le-feu du général Jean Bosco Kazura à la tête de la MINUSMA. On a dit : « ok, mais si vous pouvez le garantir ». Nous avons même fait un geste humanitaire en libérant des prisonniers. Trois jours après, on était attaqué par l’armée malienne qui le reconnaît elle-même aujourd’hui. Notre riposte était uniquement de la légitime défense.

« Nous somme toujours disponible pour les négociations »

Afrik.com : quelles sont les revendications du MNLA à satisfaire pour que vous cessiez le combat ?
Moussa Ag Assarid : nos revendications, tout le monde les connaît : entamer des vrais négociations avec les vrais belligérants sur un terrain neutre avec un médiateur consensuel. Nous somme toujours disponible pour les négociations.

Afrik.com : il y a eu des manifestations, à Bamako, de soutien à l’armée malienne, comment réagissez-vous ?
Moussa Ag Assarid : c’est de bonne guerre. Les Maliens soutiennent l’armée malienne. Les Azawadiens soutiennent leurs combattants. Après certains civils sont manipulés par le gouvernement pour crier : « à bas la France », « à bas la MINUSMA ». La MINUSMA et la force Serval sont venus pour stopper l’avancé des terroristes du Mujao, d’Ansar Dine et d’AQMI. Nous avons participé à lutter contre ces groupes. Le président français l’avait reconnu de même que le ministre de la Défense qui avait dit que le MNLA avait suppléé les soldats français dans leur reconquête du nord du pays.

Afrik.com : le MNLA a de nouveau capturé des soldats de l’armée malienne, que va-t-il advenir d’eux ?
Moussa Ag Assarid : je suis actuellement en train de faire visiter les prisonniers au CICR (Comité international de la Croix-rouge). Ils seront traités humainement et dignement jusqu’à ce qu’une décision politique soit prise.


[1] La MINUSMA : la MINUSMA a été créée le 25 avril 2013 avec la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle prend le relais de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA). Elle a été mis en place le 1er juillet 2013.

[2] L’opération Serval : l’opération Serval est le nom qui a été donné à l’intervention militaire de l’armée française au Mali

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