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Affrontements meurtriers à Kidal : Les Maliens de Paris au chevet du Mali
Publié le mardi 27 mai 2014  |  Le Reporter Heddomadaire




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Le gouvernorat de Kidal tombé aux mains du groupe séparatiste. Des otages, des fonctionnaires de l’Etat et des civils exécutés. L’impression de revivre les pires heures de 2012. L’heure était venue de se mobiliser pour un rassemblement à Paris.

Des représentants d’associations maliennes, des personnes aimant le Mali, juste maliennes et françaises, une vingtaine au total, se sont retrouvés le mardi dernier pour lancer un appel de soutien au Mali et interpeller les autorités françaises et européennes. De petites commissions ont travaillé ce soir là afin que, 4 jours plus tard, le samedi 24 mai à 14h, le rassemblement puisse avoir lieu aux Invalides, au cœur de Paris.

Le lendemain, la demande d’autorisation était déposée et obtenue à la Préfecture de Paris. La motion qui devait être lue au rassemblement et envoyée aux autorités françaises et aux candidats aux élections européennes, était rédigée, approuvée et diffusée. Les slogans étaient choisis ; la communication était lancée. Il ne restait plus qu’à mobiliser les gens par téléphone, par mail, sur les réseaux sociaux, bien conscients que le même jour, devait se tenir le scrutin, déjà reporté à plusieurs reprises, pour l’élection du nouveau Conseil qui représenterait dorénavant la diaspora malienne de France.

C’est sous une fine pluie mêlée de rayons de soleil que ceux qui avaient choisi de consacrer du temps à la cause du Mali et au devenir de Kidal, se sont retrouvés à deux pas du Quai d’Orsay où siège le ministère des Affaires étrangères français. Plusieurs camions de la police nationale attendaient, sagement garés le long des rues adjacentes et, comme d’habitude, lors de manifestations sur la voie publique, deux messieurs chargés du renseignement, étaient présents, talkie walkie à la main. Ils étaient chargés d’accompagner les trois personnes qui avaient été désignées pour remettre la motion à l’Adjudant Le Marchand, de garde ce jour là, à qui Monsieur Viguier, le Sous-directeur de la Direction Afrique du MAE, avait demandé de la réceptionner pour la lui remettre dès le lundi.

Une centaine de personnes, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, certains en costume cravate, d’autres en tenue traditionnelle, certains vivant en foyers, d’autres, étudiants, certains venus d’Ile de France, d’autres de province. Tous les yeux et tous les cœurs étaient tendus vers le Mali un et indivisible. Ceux qui connaissent un peu la diaspora malienne, ont reconnu le visage de ceux qui, d’habitude, brandissent leur couleur politique. Mais, ce samedi là, aux Invalides, ils n’étaient pas venus pour ça. Ils étaient venus pour être ensemble, et pour parler d’une seule voix. Les autres, les absents, étaient au Consulat à s’entre-déchirer au sujet des élections du nouveau Conseil. Il fallait que les passants et les autorités entendent que tous les Maliens sont à la fois Arabes, Bambaras, Bellas, Bozos, Bwas, Dogons, Khassonkés, Kountas, Malinkés, Maures, Sarakolés, Sénoufos, Songhaïs, Tamasheqs et que c’est ça la richesse du Mali.

Il fallait que les passants et les autorités entendent qu’ils ne comprennent pas pourquoi la France mobilise les chefs d’Etat africains pour le combat contre Boko Haram au Nigeria et semble soutenir le groupe indépendantiste. Il fallait que les passants et les autorités entendent qu’ils ne comprennent pas pourquoi la France combat les terroristes d’Aqmi, Ançar Dine, Mujao et semble soutenir le groupuscule qui prétend parler au nom des populations du septentrion alors qu’il n’y a été mandaté par personne. Il fallait que les passants et les autorités entendent que tous ces groupes armés s’infiltrent les uns les autres. Il fallait que les passants et les autorités entendent qu’ils ne comprennent pas pourquoi les forces Serval et Minusma ont libéré, aux côtés de l’armée malienne, les régions de Tombouctou et Gao, et ont fait une exception pour la région de Kidal. Il fallait que les passants et les autorités entendent qu’ils s’interrogent sur ce que «l’internationale» est en train de mijoter pour le devenir de ce territoire malien qu’est la région de Kidal.

Avant d’être déposée au ministère des Affaires étrangères, la motion a été lue pour que tout le monde sache que les Maliens et les amis du Mali exigent que le Mnla et ses alliés soient désarmés et répondent de leurs crimes devant la justice. Les Maliens et les amis du Mali exigent que les forces Serval et Minusma atteignent leurs objectifs, assurent la sécurité de tous les civils, surveillent les droits de l’homme, et permettent à l’Etat malien de recouvrer l’intégrité de son territoire et sa souveraineté. Les Maliens et les amis du Mali exigent que le gouvernement français qui a été autorisé le 22 avril 2013 par le Parlement à prolonger l’intervention de l’armée française au Mali, clarifie sa position vis-à-vis du mouvement indépendantiste ; et clarifie ses intentions quant à la région de Kidal. Les Maliens et les amis du Mali exigent que l’Union européenne qui a adopté le 15 avril 2014 la prolongation pour deux années supplémentaires de sa mission de formation et de conseil aux forces armées maliennes (Eutm Mali) obtienne le désarmement de ceux qui entretiennent l’insécurité au Mali, et permette le retour de l’Etat malien sur tout son territoire.

Les Maliens et les amis du Mali exigent que l’Union européenne qui a accueilli la Conférence des donateurs pour le développement et la relance durable du Mali le 15 mai 2013 à Bruxelles, agisse pour que la région de Kidal ne soit plus laissée aux mains d’un groupe qui remet en question le Mali un et indivisible, et la maintient ainsi à l’écart de tout développement.

Ce rassemblement des Maliens et leurs amis a été une réussite. Il a souligné, une fois de plus, depuis janvier 2012, leur attachement au Mali. D’autres rassemblements suivront, sans relâche, jusqu’à ce que la paix revienne dans un Mali un et indivisible.

Françoise WASSERVOGEL

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