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La bataille contre les Fama à Kidal : Une victoire à la Pyrrhus du Mnla
Publié le mercredi 28 mai 2014  |  Le Guido




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Boubèye Maïga, le ministre de la défense ne pouvait mieux dire quant il disait, s’adressant à l’opinion malienne que les forces armées nationales avaient perdu une bataille contre les rebelles, mais pas la guerre. Le Mali a perdu une manche. Mais le MNLA s’est rapidement rendu compte que dans la période actuelle où l’opinion est désormais convaincue de sa collusion totale avec les islamistes radicaux, les terroristes jihadistes personnifiant le Mal absolu aux yeux de l’Occident, sa situation devient de plus inconfortable et sa position indéfendable après les atrocités récemment commises à Kidal. C’est bien d’une victoire à la Pyrrhus qu’il s’agit pour le MNLA.

Tout le monde en convient, une telle guerre ne peut être éclair. Par la force des choses dans le contexte actuel malien cerné de toute part par le péril de la rébellion touarègue renforcée par les phalanges jihadistes nationales et internationales d’Ansardine, du Mujoa et d’Al Quaïda au Maghreb Islamique et peut être de Boko Haram, une telle campagne ne peut que s’inscrire dans la durée. Pour avoir des chances de succès, elle demande la mutualisation des forces militaires et sécuritaires de la bande sahélo-saharienne, au-delà de toute la région et un soutien exemplaire du monde où le péril peut rapidement s’exporter en cas de laxisme des puissances occidentales. La France, maints pays d’Europe et la puissante Amérique l’ont déjà vérifié à leurs dépens dans un passé récent, avec la vague des attentats terroristes et suicides qui ont fait d’innombrables victimes.

Le MNLA s’est empressé de tenir la perche du cessez le feu tendu opportunément par le président mauritanien Mohamed Ould Aziz, président en exercice de l’Union Africaine qui vient de faire dans la foulée le voyage à Kidal pour rencontrer les leaders rebelles. Pour ces derniers jouant leur ultime carte face à la pression internationale unanime, il n’était plus question de surenchère, ni de tergiverser. Il n’y avait plus d’échappatoire et Il fallait saisir la balle de match lancée par le président mauritanien au bond. Ils l’ont fait, recevant le message codé cinq sur cinq.

L’Union Africaine était dans son rôle et le président mauritanien encore plus. C’est pourquoi lors de la conférence de presse conjointe tenue au palais de Koulouba le jeudi, le lendemain de la rencontre avec le MNLA, le MAA et le HCUA à Kidal, il avait tenu à informer l’opinion et la presse, son relais, des enjeux et de la portée des accords signés. Il a notamment déclaré : « Ce que vit en ce moment le Mali, nous le vivons tous. Cette insécurité et cette instabilité sévissent dans beaucoup de pays de la sous région. Notre réponse à cela, c’est faire les efforts nécessaires pour d’abord apaiser les esprits. C’est un rôle qui nous revient à nous, dirigeants, mais aussi à vous, journalistes. Nous nous devons toujours d’apaiser les esprits et d’éviter d’enflammer les situations. Ce sont des situations qui ont toujours été d’actualité malheureusement en Afrique et on ne peut les surmonter qu’avec le dialogue, les discussions et avec des rencontres ». Il avait ajouté qu’il faut des efforts conjugués de tous pour rétablir la paix et la sécurité dans la région ouest africaine et que c’est toute l’Afrique qui bénéficiera de la paix, de la sécurité et la stabilité au Mali.

Le Mali et les autorités maliennes ne sont pas des va-t-en guerre. Loin s’en faut. Mais les nécessités de l’heure commandaient d’être ferme face à l’insolence et à la cruauté des groupes armés rebelles. Même si de très nombreux citoyens poussaient l’armée à en découdre sans merci avec les touaregs devenus à leurs yeux des ennemis irréductibles à châtier de la même manière dont ils procèdent avec les soldats maliens prisonniers et avec les innocentes populations civiles. Cette surenchère de la violence doit être évitée à tout prix. Ce qui a amené le chef de l’Etat et chef suprême des armées Ibrahim Boubacar Kéita à dire, en présence de son homologue mauritanien qui a joué à la perfection le monsieur bons offices, qu’on ne peut pas clore la question de la crise du septentrion rien que par les armes.

C’est dans cette conviction, après avoir analysé les différentes propositions faites par l’Union Africaine et mûrement réfléchi à tous les paramètres, que le Mali a accepté de parapher sous l’égide de cette institution un accord de cessez le feu avec les groupes armés du Nord.
Il faut signaler que quelques heures auparavant le Mnla et deux groupes armés du nord du Mali, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA, formé par des dissidents d’un groupe jihadiste) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), avaient déjà signé le document à Kidal, à l’issue de leurs discussions avec le président de l’Union africaine (UA).
Ce qui veut dire clairement que l’option politique est clairement privilégiée autour de la table de négociation qui doit s’ouvrir incessamment, alors que se trouve banni le langage des armes.

La question du cantonnement, du désarmement des groupes rebelles et de leur réinsertion future revient à l’ordre du jour. On peut dire qu’il ya eu une épilogue heureuse, même provisoire à la guerre totale éphémère rallumée entre la dissidence touarègue et l’Etat malien, à l’occasion de la visite du premier ministre Moussa Mara à Kidal. Puisque les parties ont convenu de la cessation de toute hostilité sur l’étendue du territoire national et de revenir aux accords du 18 juin 2013 signés à Ouagadougou au Burkina Faso. Les négociations imminentes, se feront avec l’aide de l’ONU, de la France et des autres partenaires régionaux et internationaux, avec comme préalable la préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité du Mali.

Oumar COULIBALY

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