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Collégienne et déjà maman, elle affronte sans trembler son violeur
Publié le mercredi 28 mai 2014  |  AFP




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Melun - Jusqu’au verdict, elle n’a pas tremblé.
L’adolescente a affronté devant la cour d’assises de Melun le septuagénaire qui l’a violée à des dizaines de reprises, entre ses 10 et ses 13 ans, et dont elle a eu un enfant.

Ce conteur d’origine malienne, Hamadoun Tandina, a été condamné mercredi à 10 ans de prison pour viols, au-delà des réquisitions du parquet qui avait demandé 7 ans.

A la barre, la voix est d’abord fluette, celle d’une collégienne de 15 ans, baskets aux pieds et coiffée de longues tresses. Mais très vite, elle s’affirme, racontant sa sixième, les journées de cours et les rapports sexuels imposés en rentrant du collège par son voisin, alors âgé de 68 ans.

"J’ai vraiment de la haine pour lui, il me dégoûte", dit-elle. Sa mère à quelques mètres derrière elle sur le banc, elle ne s’est pas démontée face aux trois juges professionnels et aux jurés, dont cinq hommes. Elles n’ont pas demandé le huis clos.

Dans cet appartement à la porte toujours ouverte pour les enfants du quartier, auxquels M. Tandina racontait des histoires, "j’allais faire des photocopies pour un exposé. La porte a claqué derrière moi. Il s’est collé à moi, il a caressé ma poitrine, j’ai pleuré", raconte la jeune fille, un peu perdue à son arrivée à Combs-la-Ville à l’âge de 10 ans en venant de la République démocratique du Congo.

Face à elle, celui dont l’ADN a certifié qu’il était le père de l’enfant, en costume sombre, la moustache fournie, nie les viols jusqu’à l’absurde, se présentant comme la victime d’une redoutable séductrice.

La défense évoque des relations consenties, une jeune fille formée et très mûre ? "Quand quelqu’un veut quelque chose, il ne pleure pas", rétorque-t-elle à la cour, avant d’expliquer : "Il m’avait menacée de mort si je parlais".

Pourquoi continue-t-elle à se rendre chez lui, des mois durant, pour y avoir des relations sexuelles ? "On est prêt à tout faire pour ne pas mourir", dit-elle.

- ’Je l’aime mon fils, il a rien demandé’ -

Lorsque son agresseur, conteur professionnel qui a officié dans plusieurs centres culturels et au musée parisien du Quai Branly, se lance dans des envolées lyriques, elle ne le quitte pas des yeux. Lui n’hésite pas, à grand renfort de gestes des bras et des mains, à la décrire comme "une femme, les seins gonflés comme une star", qui aurait "menti sur son âge".

Elle "m’a manipulé, profitait que ma femme ne soit pas là, elle me suivait, elle n’attendait que ça", a avancé M. Antanaga, père de dix enfants de trois épouses successives, en sus de celui né des viols, sans pouvoir expliquer pourquoi il n’avait pas mis fin de lui-même à la relation. "On n’est pas dans un conte là, monsieur, on est dans la réalité", le coupe, agacée, la présidente de la cour d’assises Catherine Katz.

"J’avais tout le temps une tenue correcte mais en même temps j’ai le droit de m’habiller comme je veux sans qu’il ne me saute dessus", dit la jeune fille.

C’est lorsqu’elle évoque sa vie d’aujourd’hui, maman trop jeune qui jongle entre le brevet dans un mois, le pouponnage et les rendez-vous chez le psy, que la victime lâche un sanglot. "Je ne peux plus faire comme les autres. Je peux plus sortir, je dois faire mes devoirs mais je n’ai plus beaucoup de temps, j’ai un fils à gérer."

"Elle gère deux vies en parallèle et elle réussit mieux que d’autres. Elle mène son bonhomme de chemin", salue l’assistante sociale du collège.

Ses derniers mots sont pour son fils : "Il est sage. Je l’aime mon fils. Je vais pas lui en vouloir, il est comme il est, il a rien demandé". Elle rêve de devenir sage-femme. Quant au père, elle est "contente" que justice ait été faite, a déclaré son avocat Me Frédéric Guerreau.

fbe/ei

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