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L’inconscience d’une mère conduit sa fille à la mort
Publié le vendredi 24 aout 2012  |  Le Républicain




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La démission des parents dans notre société expliquerait la perversion de la jeunesse actuelle. Des parents voient la dépravation de leurs enfants comme une bouée trop lourde à traîner. Aussi, certains n’hésitent pas à se décharger de toute responsabilité vis-à-vis de leurs enfants. Tel a été le cas de cette mère qui a laissé mourir sa fille sans aucune assistance parce qu’elle était de mœurs légères.

« Pardonnez-la, je sais qu’elle menait une vie dépravée, elle était impolie et ne respectait personne. Que Dieu fasse que vous la pardonnez sinon comment pourrait-elle trouver le repos sans ça, elle n’était pas bien… », tels était les propos de cette mère de famille qui venait juste de perdre sa fille de 14 ans à la veille de la fête de Ramadan. Divorcée avec trois filles, cette dame vit en commune IV du district de Bamako dans un appartement qu’elle loue. Ses deux premières filles âgées d’environ la vingtaine sont toutes deux filles-mères, la plus petite de 14 ans vient de perdre la vie suite à une courte maladie non déterminée. Sira, allons nous l’appeler ainsi pour garder l’anonymat, la jeune fille de 14 ans vit avec ses grandes sœurs et sa maman. Comme dit un dicton de chez nous, « les pintades suivent la tête de celle qui les guide » pour dire que l’environnement a une grande influence sur le comportement de chaque enfant.

En effet, Sira la défunte n’a pas eu dans sa courte existence des modèles idéaux en matière de bonne éducation, avec une mère divorcée qui reçoit d’innombrables visites galantes et des sœurs cupides qui collectionnent les amants. Elevée dans cette atmosphère la petite Sira à la puberté, a vite épousé les habitudes de ses grandes sœurs.

La jeune fille s’est retrouvée dans une bande de jeunes filles précoces dans leur vie de femme. Ces jeunes filles étaient indexées dans le quartier, elles se pavanaient en tenues indécentes, ne quittaient pas les grins des « petits voyous » du quartier. Pire, le soir les jeunes filles s’affichaient avec «des vieux pervers ». Indexées ainsi par les gens du quartier, la petite Sira et sa bande n’étaient vraiment pas aimées. L’autre facette de Sira était son habitude d’injurier les vieilles personnes. Face à la mal éducation de sa fille, sa mère ne fît aucun effort pour mieux l’éduquer. Au contraire, elle décida de la laisser suivre son mauvais chemin.

La jeune Sira rentrait à des heures indues de la nuit (2h- 4h du matin) après des virées nocturnes avec des hommes mariés, ses sœurs et sa mère, refusaient de lui ouvrir la porte de leur appartement et la jeune fille passait alors ses nuits sur la terrasse en plein air ou souvent sous la pluie. Au rythme d’une vie dévergondée, trop remplie pour son âge, Sira finit par tomber malade. Pendant que la jeune fille agonisait, cette drôle de mère de famille resta insensible face à la douleur de sa fille. Elle finit par rendre l’âme tout bonnement au bout de trois jours d’agonie. Selon les témoignages des proches de la jeune fille, sa maladie était l’œuvre d’un vieil homme qu’elle aurait giflé après une dispute sur sa courte tenue vestimentaire (croyance païenne qui nous habite toujours).

Mais après la mort de la petite Sira, lorsque les gens se sont rendus dans sa famille pour présenter leurs condoléances, chacun sentit chez la mère un soulagement dans la perte de sa fille, comme si elle était enfin débarrassée d’un fardeau. Sans prendre conscience de sa part de responsabilité dans la mauvaise éducation de sa fille, elle accusait la défunte et demandait aux gens de lui pardonner. Mais toute personne ayant suivi la brève histoire de Sira, a fini par prendre conscience de la part de responsabilité des parents de Sira dans sa fin tragique. Comment exiger d’une jeune fille de 14 ans d’avoir une grande maturité pouvant la conduire sur le bon chemin quand elle cohabite avec une mère et des sœurs ayant une vie dissolue ? N’ayant aucun repère sociétal, il est difficile de juger une enfant qui a épousé les mauvaises habitudes de ses grandes sœurs en suivant des hommes pour l’argent. Pour son grand dam elle n’a pas eu assez de « chance » avec ses partenaires sur le plan financier pouvant faire du coup le bonheur de sa mère et acquérir le respect de ses grandes sœurs. A travers les plaintes de la mère endeuillée, aux visiteurs venus présenter leurs condoléances, il nous apparaît au grand jour, combien les parents ont démissionné de leur rôle d’éducateur. Comment condamner un enfant qui rentre tard la nuit tout en étant sous la responsabilité parentale ? Il est important de signaler la responsabilité des parents dans tout acte posé par l’enfant.

Khadydiatou Sanogo

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