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IBK à cœur ouvert avec les leaders des partis de la majorité : «Je voulais démissionner mais je pense que ce serait une trahison»
Publié le mardi 10 juin 2014  |  Le témoin du nord




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Bouleversé par la récente escalade militaire au septentrionale, le président de la République est finalement revenu a de meilleurs sentiments en associant la classe politique longtemps ignorée quant à la recherche de solutions aux grandes équations de l’heure.

Majorité et opposition ont ainsi eu droit à des explications tous azimuts de la plus haute autorité sur les douloureux événements de Kidal et leurs répercussions sur le devenir de la nation. Ce fut aussi l’occasion de grandes révélations sur des interrogations qui taraudent : les raisons profondes de la débâcle de l’armée, les circonstances de la démission de Soumeylou Boubèye Maïga, l’état d’esprit du chef de l’Etat après un tel revers collectif, etc.

C’est un président de la République profondément affecté, pensif, à inspirer la mansuétude depuis quelques temps, qui s’est finalement résout à ramener la classe politique dans ses justes proportions dans un régime républicain.

Dans la foulée des événements de Kidal –ainsi que du grand désarroi consécutif à l’attitude des partenaires extérieurs- les différentes composantes de la classe politique, naguère royalement ignorées dans la prise des grandes décisions, ont finalement eu droit à un appel du pied du président de la République. Le geste est si hautement politique que nombre d’observateurs se demandent pourquoi le chef de l’Etat a perdu tant de temps avant de s’inscrire dans cette salutaire posture d’ouverture et de partage.

La démarche a consisté essentiellement à partager avec l’ensemble de la classe politique, de la majorité comme de l’opposition, les informations sur les récentes évolutions de la situation à Kidal et à clarifier par la même occasion certains épisodes consécutifs.

Un déballage dans le dos de Soumeylou

En réponse aux multiples interrogations qui préoccupent autant dans la majorité que dans l’opposition -en l’occurrence la perte des positions antérieures de l’armée et le sacrifice improductif de ses éléments- l’interlocuteur privilégié des formations politiques, de sources concordantes, a imputé le revers à une malicieuse sous-estimation des forces de l’adversaire. À quelques uns des convives de Koulouba IBK aurait confié, de mêmes sources, que l’armée régulière était confrontée à des colonnes rebelles de pas moins de 6000 hommes issus des trois principaux mouvements armés de l’Azawad.

Selon toujours les confidences rapportées, Il en veut énormément à certaines personnalités de la capitale pour avoir joué à la rétention d’une information qu’ils auraient dû mettre à la disposition des hautes autorités. Il n’en veut pas moins à son ancien ministre de la Défense, Soumeylou B. Maïga. Il lui est notamment reproché, à tort ou à raison, d’avoir failli à la collégialité requise en pareille circonstance pour avoir esquivé le déplacement de Kidal sans partager l’information sur les risques et le danger y afférents avec les autres membres de la délégation gouvernementale. De là à le soupçonner d’avoir voulu organiser un pire scénario contre ses compagnons, il n’y a qu’un pas que le président de la République n’a voulu franchir que par les sous-entendus.

Quid des circonstances de la démission de SBM ? Là-dessus, nos sources rapportent que le président de la République a déclaré sans ambages que le ministre de la Défense n’a pas démissionné de son propre chef et qu’il avait été bel et bien invité à rendre le tablier. En clair, le chef suprême des armées lui avoir ouvertement signifié qu’il n’a pas plus sa confiance. Car, ses explications sur le déroulement des événements ne lui donnent pas satisfaction.

Quant à la brûlante question incongrue de la partition jouée par l’autorité politique dans le déclenchement des hostilités du 21 Mai, il n’en été probablement guère question tout au long des échanges. Or, ce sujet fait figure de nœud principal de l’écheveau depuis qu’il est l’objet de dispute entre le Pm et le ministre de la Défense démissionnaire. Lequel a d’ailleurs requis et obtenu que l’équivoque soit levée par le biais d’une enquête parlementaire.

La confession de tentation à la démission

De démission, il n’a sans doute pas été question que pour le seul cas du ministre de la Défense. Lequel, selon toute évidence, porte injustement les soupçons d’avoir gardé par devers-lui des renseignements qui auraient pu certainement provenir d’autres autorités administratives présentes sur le terrain, à savoir : le gouverneur de la région de Kidal, les commandants de zone ou de brigade, des forces Serval ou Minusma, etc.

Un collaborateur, et non moindres, avance que les événements de Kidal allaient emporter le chef du gouvernement, a rapporté IBK à ses interlocuteurs. Les supputations sur la démission de Moussa Mara ont été en fait été tirées au clair par le président de la République, à la faveur de sa rencontre avec les composantes de la classe politique. IBK en profité pour confirmer que Moussa Mara aurait effectivement jeté sa démarche si son intention n’avait pas été désapprouvée, à cause de ses répercussions possibles sur la stabilité de l’Etat.

Mais, en manifestant son intention de tirer sa révérence, le Premier ministre ignorait sans doute que la même idée animait discrètement le chef suprême des armées en personne. C’est du moins la substance de la confession que le président de la République a faite à la majorité présidentielle, en précisant que cette tentation l’a traversé après les éprouvants épisodes de Kidal. «Je voulais démissionné pour rendre au Maliens leur honneur» leur a-t-il confié, avant d’ajouter qu’il s’est finalement retenu de franchir le Rubicon parce que sa démarche aurait pu être perçue comme une trahison.

Il fait dire qu’il y avait vraiment de quoi pour un chef de l’Etat, dont l’ambition de ressusciter la dignité des concitoyens a été contrariée en huit mois de gestion par une humiliante remise en cause de la souveraineté nationale, un cuisant revers de l’armée doublé d’une résignation devant les conditions de la rébellion armée.

Quoi qu’il en soit, en ayant l’humilité de prendre langue avec la classe politique sur la question, le président de la République prouve, s’il en était besoin, une sublime capacité de recul sur ses principes personnels au nom des intérêts bien compris de la nation. Bien que sa démarche d’ouverture n’est pas forcément partagée au sein de sa famille où certains le ressentent encore comme humiliation.

A Kéïta

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