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Aides aux personnes déplacées : Cri de cœur ravitaille le MNLA en médicaments
Publié le lundi 27 aout 2012  |  La Dépêche




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Depuis le début de la crise sécuritaire au septentrion de notre pays, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont trouvé refuge dans les régions du Sud, précisément Bamako. Cette crise a été l’occasion saisie par certains individus pour monter de toute pièce des associations dites humanitaires dans le souci de mieux profiter des circonstances. Ces associations poussent comme des champignons et oui tout le monde fait de l’humanitaire : COREN, Plateforme des jeunes du Nord, Collectif Cri de Cœur. Plus connu sous l’expression « Cri de cœur », cette association est de plus en plus décriée par les déplacées du Nord qui demandent que la lumière soit faite sur la gestion des millions reçu par elle.

Le Collectif Cri de Cœur pour le Nord (CCC) a vu le jour dans la foulée entre février et mars 2012. Cette association s’est versé dans l’humanitaire suite à la crise sécuritaire que connait notre pays depuis. La première action du Cri de Cœur qui a été unanimement saluée par l’opinion nationale, a été l’organisation du premier convoi humanitaire en direction des régions du Nord sous occupation. Mais aujourd’hui beaucoup de zones d’ombre subsistent à ce niveau, car selon des sources concordantes ce convoi n’est jamais arrivé aux populations aux quelles il était destiné ou du moins qu’il n’aurait pas été remis directement au bénéficiaires, Cri de cœur s’est contenté de le remettre aux assaillants c’est-à-dire au MNLA et consort. Ce que dément formellement Almahdi Cissé en ces termes « nos convois n’ont jamais été remis aux insurgés ». L’autre inquiétude émise par certains est le fait que les mouvements se servent de ces produits au détriment des populations cibles, là aussi M. Cissé rassure en disant que « ces mouvements n’ont pas bénéficiés des aides car elles étaient remises aux dignitaires traditionnels et religieux ». Mais il reconnait que le MNLA aurait une fois bénéficié d’un lot de médicament sur demande de ce dernier.
Ayant marqué un grand coup médiatique, le cri de cœur bénéficie d’un soutien sans failles de nos généreux donateurs qui ont mis la main à la poche. Le collectif aurait, selon certaines indiscrétions de l’entourage, reçu plus d’une centaine de millions de francs CFA en liquide et en produit de première nécessité. Information confirmée en partie par le responsable du Cri de cœur. Selon lui, ils auraient reçu à la date du 14 juillet, 11 000 000 de francs CFA en espèce et des produits d’une valeur de plus de 93 000 000 de francs CFA. Dans le rapport financier de Cri de cœur, publié pour la même période, il y est mentionné des entrées en liquide de 18 199 506 de FCFA au lieu des 11 000 000 affirmé par le président de l’association. Mais le responsable financier nous a expliqué que c’était une erreur de leur part et que le calcul fait dans ledit rapport était fait à base d’un principe de comptabilité.
Aujourd’hui plus que jamais les déplacées et même les personnes restées au Nord ont le droit de savoir ou est passé toute cette manne ? Qu’a-t-on fait de ces aides qui leur sont destinées ? M. Cissé est clair sur ce sujet : « tous les dons qu’on a reçus en nature ont été distribués sauf un lot de kit scolaire que nous avons reçu de la part de Lutherian World Relief, et nous attendons le début de l’année scolaire pour le faire. » Concernant les accusations de malversations et de détournements des aides, Almahdi Cissé nous rassure que la gestion faite par sa structure est transparente et que leurs activités sont suivies par un cabinet d’audit (dont on ne nous a pas spécifié le nom). Ils ont aussi élaboré un rapport détaillé des activités de l’organisation qu’ils ont présenté à l’opinion publique ; dont M. Cissé nous a procuré une copie.
Pratiquement tous ceux que nous avons interrogé ici à Bamako, nous donnent les mêmes réponses et souvent avec amertume, impuissance et l’air désemparé avec toute cette situation qu’ils vivent aujourd’hui. Ils se sentent oubliés ; le constat est amer. Ils ne comprennent pas le système de distribution des aides et beaucoup sont résignés à s’apitoyer sur leur triste sort. Ils ne comprennent pas pourquoi Cri de cœur ne vient pas en aide aux personnes présentes ici d’abord car, selon eux, il n y a presque plus personne au Nord. Et pour ces derniers c’est pour pouvoir faire autre chose, car là bas personne ne peut réellement contrôler leurs activités donc en résumé ils peuvent faire ce qu’ils veulent de cet argent. Pour Almahdi Cissé, les personnes restées au Nord sont prioritaires car elles n’ont aucun soutien, l’économie ne tourne pas, les hôpitaux ne fonctionnent pas et selon lui c’est ce qui explique le fait que Cri de cœur ait choisi de les venir en aide.
Un des problèmes, qui ressort de cette question est le fait que certaines régions sont en quelque sorte marginalisées dans la distribution, notamment Kidal et Tombouctou au profit de Gao dont sont ressortissant la plupart des responsables de Cri de cœur. M. Cissé dément sans réserve ce dernier point. Mais ce qui est frappant, c’est le fait que le rapport que l’on nous a remis ne fait pas mention de la quantité reçu individuellement par chaque région, ce qui étaye en quelque sorte la première thèse et laisse planer certains doutes. Pourtant à ce niveau nous disposons de preuves accablantes concernant Kidal. En effet, un médecin du CSREF de Kidal nous a dit que : « depuis mon arrivée à Kidal c’est moi qui réceptionne tout ce que l’hôpital reçoit et Cri de cœur nous a rien donné… D’ailleurs on n’a vu personne se réclamant de Cri de cœur ».
Le collectif Cri de cœur ne dispose pas de représentations locales dans les trois régions, ce qui pousse l’organisation à sous-traiter la distribution avec les chefs traditionnels et religieux, les antennes locales du Haut Conseil Islamique. Ce qui, à nos yeux, n’est pas fiable et crédible. Et on se pose la question si l’organe central peut avoir un quelconque contrôle effectif sur ces aides avec un tel dispositif de sous-traitance ? Ou encore quelles sont les garanties d’un tel dispositif ? Notre médecin de Kidal nous explique que : « ici le mode de distribution est compliqué et les aides sont utilisées autrement, à d’autres fins », voila qui est dit et qui confirme toutes nos inquiétudes.
L’utilisation de ces aides par les groupes armés n’est plus qu’un secret de polichinelle. Nous avons plusieurs confirmations de certains responsables des régions du Nord qui nous ont fait part de cet état de fait, il semblerait, selon leurs dires, que les mouvements tels que Ansar Dine utilisent ces aides à des fins personnelles pour renforcer leurs stocks ou pour acheter la sympathie des populations locales affamées et désemparées.

Mohamed AG ASSORY

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