Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



L’Essor N° 17669 du 12/6/2014

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Forum Etats-Unis – Monde musulman : Tombouctou entame la reconquête de son aura
Publié le jeudi 12 juin 2014  |  L’Essor


© AFP par Faisal Al-Tamimi
11ème Forum Etats-Unis–Monde musulman.
Bamako, le 08 juin 2014. le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, est arrivé dimanche en début soirée à Doha, pour une visite officielle de 72 heures comme invité d’honneur du 11ème Forum Etats-Unis–Monde musulman.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Les amis de Tombouctou ont réaffirmé leur engagement à accompagner le gouvernement pour la réhabilitation et la renaissance culturelle de la ville légendaire. Ville exquise, pure, illustre. Cité bénie, plantureuse et animée. Les qualificatifs pour désigner la capitale de la 6ème Région administrative du Mali sont légion.

Car Tombouctou est plus célèbre à travers le monde entier que le pays qui l’abrite, le Mali. De l’explorateur français René Caillé en passant par le chroniqueur Abderhaman Sâdi, auteur du Tarikh es-Soudan, qui célébrait vers 1630 « sa » ville jusqu’au chercheur français Félix Dubois en 1896, on ne compte plus les intellectuels qui ont magnifié Tombouctou, évoquant son statut de cité de l’érudition et contribuant à sa renommée planétaire.

Il n’y a donc rien d’étonnant que la Cité mystérieuse soit fort connue au Qatar, le richissime émirat du Golfe, où son nom intégré dans une expression populaire très usitée fait référence à un pays fabuleux doté d’une richesse islamique inestimable. D’où la stupéfaction de nombreux intellectuels qataris lorsqu’ils ont appris en 2012 que ce haut lieu de l’islam a été attaqué et saccagé par des bandits armés et leurs alliés djihadistes et narcotrafiquants.

Voilà pourquoi l’appel pour sauver le patrimoine mondial en péril, lancé par des artistes et d’autres hommes de culture de notre pays, n’est pas tombé dans l’oreille de sourds au Qatar. L’université de Georgetown et la Brookings Institution, en partenariat avec les amis de Tombouctou au Qatar, ont donc mis à profit le forum international Etats-Unis-Monde musulman pour mobiliser les milliers d’experts en culture, universitaires et chercheurs pour la cause de Tombouctou.

Ces images d’une autre époque

Cette mobilisation se trouve à l’origine de l’organisation à Doha lundi dernier d’un important panel consacré à la Cité des 333 saints. La rencontre a réuni autour du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, des ministres maliens et qataris, d’éminents experts américains, saoudiens, européens et qataris ainsi que de nombreux universitaires africains. La modération des débats était assurée par la distinguée Pr Cynthia P. Schneider de l’Université de Georgetown, représentant également la Brookings Institution. Des investisseurs qataris ont également pris part à la rencontre.

La ministre de la Culture, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, a tout d’abord fait l’historique de la ville légendaire, de la « cité rayonnante pleine de richesses, pleine de culture, pleine de sagesse, pleine de connaissances, pleine d’un islam historique et d’un islam d’avenir ». Elle a rappelé aussi « ces scènes atroces de destruction des mausolées et autres expressions culturelles, telles que les manuscrits anciens » en précisant que les dégâts causés ont concerné 14 des 16 mausolées de Tombouctou. « Il m’est impossible de ne pas insister sur ces images d’une autre époque de ces terroristes arrachant avec colère et barbarie la porte dite secrète de la mosquée de Sidi Yahia. Il nous faut ne plus revivre, par la pensée, la destruction du monument de l’Indépendance à l’effigie d’El Farouk, un monument capital de l’identité des communautés locales de Tombouctou », a-t-elle déclaré.

Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo s’est réjouie de la mobilisation des amis de Tombouctou à travers le monde. « Cette initiative est salutaire à plus d’un titre, et le gouvernement du Mali, en perçoit toute la portée », a-t-elle apprécié, assurant de la volonté politique des pouvoirs publics maliens d’œuvrer à la renaissance de Tombouctou. Cette volonté politique, soulignera-t-elle, s’exprime à travers la présence du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Pour la ministre de la Culture, Tombouctou a toujours été une ville carrefour et doit le rester. « Notre vision de la renaissance de Tombouctou est une vision intégrée d’une ville hautement symbolique pour la culture mondiale, représentative de l’expression d’un islam modéré au service de la paix et du développement social. Cette vision traduit une volonté mondiale de faire de la culture un moteur de croissance économique et un levier de développement socioculturel, comme cela a été rappelé lors de la 68ème session des Nations unies », expliquera Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo. Le ministre a expliqué aussi que le plan d’action pour la réhabilitation de l’héritage culturel et la sauvegarde des manuscrits anciens de Tombouctou, proposé par l’UNESCO, s’inscrit dans les chantiers prioritaires du ministère de la Culture qui met l’accent sur la réhabilitation, la rénovation, la sauvegarde et la promotion des biens culturels.

De génération en génération.

Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo n’a pas manqué de convier les amis de la Cité des 333 saints à travers le monde à venir visiter celle-ci. Elle a annoncé à cet égard que des efforts sont en cours pour redonner à Tombouctou son attractivité culturelle. « Dans cette optique, revitaliser le festival du désert d’Essakane n’est plus un défi, mais un objectif à atteindre.

Ce festival, pour ne parler que de lui, créait des emplois et des sources de revenus pour une population aujourd’hui en proie au chômage. Reprendre l’activité culturelle de Tombouctou, c’est donner une alternative aux armes que proposent les terroristes aux jeunes des Régions du Nord du Mali. Faire revivre le tourisme culturel de Tombouctou, c’est permettre à des femmes de se détourner de la corruption morale qu’exercent les extrémistes par le moyen de l’argent et de la drogue. Enfin, développer économiquement Tombouctou, c’est assurer la paix au Nord du Mali parce que sans paix pas de développement et sans développement pas de paix », a plaidé la ministre de la Culture, qui a mis en exergue l’exemple du Qatar avec son Musée des arts islamiques.

Dans son allocution, le président de la République témoignera aussi de la légendaire histoire de Tombouctou, ajoutant que la Cité des 333 saints est un alliage réussi entre le mythe, la science, le savoir et la connaissance religieuse. « Tombouctou, la mystérieuse, Tombouctou, la mythique n’est plus une richesse du Mali seul, les vestiges de Tombouctou sont un savoir inscrit sur ce palimpseste du temps devant voyager de génération en génération. Mais ce voyage n’est pas sans difficultés », a-t-il lancé.

Ibrahim Boubacar Keïta a souligné son engagement pour la renaissance de Tombouctou et rendu hommage à Son Altesse l’émir du Qatar et au peuple qatari qui, se trouvant loin par la géographie mais se révélant très proches au plan humain et culturel, permettent à notre pays de ne pas se sentir seul. « Au Mali, nous savons reconnaître nos amis et nous les savons gré de l’intérêt et de la considération qu’il nous porté », assurera le chef de l’Etat qui n’a pas manqué de remercier la Brookings Institution et l’Université Georgetown pour leur engagement ferme à faire de la renaissance de Tombouctou une réalité.

Faire revivre Tombouctou

Le président Keïta a insisté aussi sur l’importance des manuscrits de Tombouctou, plaidant pour des actions visant à les sauvegarder. « Les manuscrits anciens de Tombouctou sont une mine à exploiter. Le patrimoine écrit d’une nation constitue sa mémoire. La sauvegarde et la conservation de cette mémoire ne sont pas une option, mais plutôt un devoir à remplir.

Les manuscrits anciens de Tombouctou ont échappé de justesse à une perte définitive. Aujourd’hui, une nouvelle chance nous est donnée de les mettre à l’abri afin que dans l’avenir, aucune crise ou situation guerrière ne puisse menacer de détruire totalement ce patrimoine inexploré. Cela nécessite de fédérer les savoir-faire, les moyens technologiques et de mobiliser toutes les ressources et toutes les bonnes volontés », a estimé le président de la République.

Pour sa part, la distinguée Pr Cynthia P. Schneider de l’Université de Georgetown rappellera que le projet « Renaissance de Tombouctou » est la résultante du travail du groupe d’action des amis de Tombouctou. Ce groupe d’action, expliquera-t-elle, est composé des hommes de culture maliens et étrangers, mais aussi d’investisseurs, d’universitaires et d’experts en sécurité, en nouvelles technologies. « Pour nous, il s’agit de mobiliser tous ce monde là pour faire revivre la ville de Tombouctou. Le plan que nous venons de présenter au président de la République et aux membres du gouvernement retrace les grandes actions que nous comptons mettre bientôt en œuvre. Nous ambitionnons de doter Tombouctou d’un centre culturel moderne, de promouvoir l’art et la culture à travers la revitalisation des festivals, du tourisme ainsi que la restauration des sites historiques de la région », a-t-elle détaillé.

A la suite de cette présentation, le président de la République a eu une séance de travail avec les responsables du groupe d’action pour la « Renaissance de Tombouctou ». Il a aussi reçu en audience les représentants de la société civile notamment Mme Aminata Dramane Traoré, l’ancien directeur du centre Ahmed Baba de Tombouctou, Mahmoud Zouber.

Les travaux du panel sur Tombouctou ont été agrémentés par les mélodies de feu Ali Farka Touré, interprétées par son guitariste de fils Vieux Farka Touré, accompagné par la voix mélodieuse de Fadimata Walet du groupe Tarkint.

Envoyée spéciale

D. DJIRÉ


 Commentaires