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Création d’un département des affaires religieuses et du culte : l’islam, victime d’un procès en sorcellerie ?
Publié le mercredi 29 aout 2012  |  Le Flambeau




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Depuis sa création au sein du nouveau gouvernement d’union nationale réclamé à cor et à cri par les formations politiques et les institutions internationales, le ministère des affaires religieuses et du culte est la cible d’attaques porteuses d’un sentiment de colère et de peur. Au-delà des commentaires passionnés et passionnels qu’il alimente sur les blogs, sur internet, des voix ont émergé de la classe politique pour mettre en garde contre une montée de la donne religieuse –singulièrement musulmane- qui pourrait conduire, à long terme, le pays dans un processus d’islamisation des institutions.

Invectives, insultes, accusations : cette explosion de colère et de crainte, quoiqu’ennuyeuse, n’a rien d’étonnant. Mais ce qui est notable, c’est que les coups de gueule des uns et des autres se sont concentrés sur l’islam comme s’il était la seule religion dans ce pays où la laïcité reste une règle d’or, si bien que la cohabitation des deux religions que sont l’islam et le christianisme se passe sans heurt remarquable. De fait, ce qu’il est intéressant de relever, c’est qu’en ces derniers temps, les mobilisations du haut conseil islamique (HCI), surtout celle du 12 Août dernier, sont source d’une profonde inquiétude pour certains politiques et une frange de l’opinion internationale et nationale. Et, avant de s’éloigner, il serait raisonnable de dire de la manière la plus claire que soutenir l’idée selon laquelle la création d’un département des affaires religieuses et du culte constitue un danger, relève d’une peur aussi intellectuelle que morale, pour la bonne et simple raison qu’elle est hors de propos. Ces propos auraient fait mouche dans les moments où le dernier mot est revenu aux musulmans sur le débat acharné au sujet du code de la famille et des personnes qu’ils ont accueilli dans une grogne fracassante jusqu’à amener le président Amadou Toumani Touré à ordonner une relecture du texte. C’est incontestablement à partir de cet instant que les musulmans (pas les religieux) ont pris conscience de leur poids, et donc aujourd’hui croient dur comme fer qu’ils sont même en force de tordre le cou des principes de la laïcité. Dès lors, on entrevoit clairement que si islamisation il doit y avoir, le processus a démarré il y a belle lurette et que la question est de savoir où trouver les moyens de l’éviter !

Bien sûr, aujourd’hui, le haut conseil islamique (HCI) tient en laisse une partie de l’opinion nationale. Mais aussi faut-il relever que cela découle du fait que le gros des politiques qui tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme n’ont pas bien joué leur partition, et en sont même arrivés à décevoir les espoirs, à les rendre défunts. C’est pourquoi, ils auront beau crié, leur voix se perdra dans l’indifférence de ceux dont ils ne se souciaient guère des désastreuses conditions d’existence. Ce qui revient à dire qu’ils doivent verser des larmes qui n’accusent qu’eux-mêmes !

Loin de nous la prétention de faire le procès de Monsieur Soumana Sacko, dans la mesure où il n’a fait que se prononcer sur une question d’importance capitale pour la nation. En d’autre terme, il ne saurait être question pour nous, ici, de dire qu’il n’y a pas un départ de vérité dans les propos du président du CNAS-FASO HERE, tenus sur les antennes de R.F.I. Si nous les frottons à la réalité, on découvre tout simplement que M. Sacko a vu juste lorsqu’il relève que « nous craignons que cela ne soit une politique d’apaisement à l’égard des salafistes qui contrôlent le Nord. Pour nous, c’est une erreur très grave (…) L’appétit vient en mangeant. La prochaine étape, ça sera de proclamer la République islamique du Mali, puis la charia. »

En effet, il est difficile d’être indifférent vis-à-vis du débat que provoque le phénomène de l’islamisme. Et nous croyons que les sociétés maghrébines connaissent bien cette question qui les a plongées dans la tourmente, confisquant ainsi les espoirs de démocratie nés du printemps arabe. Pour mémoire, la Tunisie sous Ben Ali n’était pas ce pays où les salafistes, « ces fous de Dieu », faisaient des descentes dans des lieux de cérémonie pour attaquer des filles dont ils jugent l’habillement grivois, et pour comble de bêtise, blesser un père de famille, un franco-tunisien, non moins membre du parti socialiste au pouvoir en France. C’est dire à quel point cette société avide de liberté a sombré dans le désenchantement. La Tunisie tout comme l’Egypte est prise en otage par les salafistes !

Au Mali, qui pourrait réfuter que les plans de l’islamisation n’existent pas dans ses cartons ? Qui pourrait nier le fait que le processus a déjà démarré ? Et enfin, que les choses soient claires, cet attachement voué aujourd’hui au haut conseil islamique n’a rien de surprenant ni de croustillant, quand on sait que le pays est musulmans à 95%. Et compte tenu de tout cela, alors, oui, la création de ce ministère qui fait beaucoup de bruit est un risque notable. C’est comme cela qu’il faut voir les choses. Tout problème a une solution ou ce sera un problème mal posé, comme on aime à le dire. Et ce procès de sorcellerie actuel contre l’islam n’altérera en rien la philosophie des maliens contre la classe politique qui a prouvé sur tous les plans, et au fil des vingt dernières années, qu’elle se moque éperdument des aspirations profondes du malien lambda, notamment la sécurité, la justice, l’égalité des chances et de quoi se bourrer le ventre et prendre son petit thé ! Et d’ailleurs, ministère des affaires religieuses et du culte ne veut forcément pas dire islamisation du Mali. L’initiative mérite d’être analysée sous tous ses angles afin d’être comprise et éviter de créer les problèmes là où il n’en existe pas.


BOUBACAR SANGARE

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