Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



L’Essor N° 17717 du 8/7/2014

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

L’avenir politique au Mali : Les pièges du passé
Publié le mardi 8 juillet 2014  |  L’Essor




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Dans la négociation avec les groupes armés, il convient dès la phase préparatoire d’éviter les erreurs commises à un autre moment critique.

Les chemins vers la paix s’avèrent très souvent impénétrables, les négociateurs les plus chevronnés vous le confirmeront. Ces chemins peuvent prendre l’aspect d’un véritable dédale dans lequel les parties tournent en rond sans espoir apparent de trouver une sortie et sans possibilité de même revenir sur leurs pas. Ils peuvent aussi s’assimiler à une interminable escalade au cours de laquelle chaque difficulté surmontée accouche d’une épreuve encore plus ardue. Mais ils peuvent également proposer une fin de parcours proprement miraculeuse en faisant déboucher un sentier escarpé sur une voie royale où les obstacles s’éclipsent littéralement l’un après l’autre. L’imprévisibilité dans les avancées est donc à garder à mémoire lorsque dans quelques jours débuteront, en principe, en Algérie les discussions préparatoires entre notre pays et les groupes armés.

S’il nous fallait définir l’état d’esprit de l’opinion malienne à la veille de cet événement, nous dirions qu’il allie résignation et amertume. Résignation parce qu’après s’être pendant longtemps persuadés que notre pays avait la possibilité de recourir en cas de nécessité à une solution militaire, nos compatriotes ont admis que la reconstruction en cours des FAMa ne laissait d’autre choix que celui des pourparlers. Amertume, parce que les Maliens craignent confusément que les événements de Kidal nous ayant privé de la possibilité d’arriver en position de force à la table de négociations, nous ne soyons contraints d’accepter des concessions qui auraient été rejetées il y a quelques mois. Ajoutons à ces états d’âme le fait que nos concitoyens se repèrent mal dans la part d’initiative laissée à chacun des médiateurs et qu’ils continuent à nourrir de solides préventions contre les plus actifs de ceux-ci, le Burkina Faso et l’Algérie.

Mais le moment n’est plus à la récrimination, ni à l’incantation. L’important – et nous l’avions dit dans une précédente rubrique – est que notre pays ait une approche stratégique précise et la souplesse tactique indispensable pour élaborer des compromis mutuellement acceptables. A cet égard, il n’est pas inintéressant de se rappeler et de tirer leçon de la manière dont les négociations ont été gérées lors de la deuxième rébellion entre la nuit du 28 au 29 juin 1990 et le 11 avril 1992. C’est à dire entre la première attaque perpétrée par les rebelles armés à Tidarmène (quatre morts furent alors à déplorer) et la signature du Pacte national qui mettait officiellement fin aux hostilités et balisait un avenir à construire ensemble. Les contextes étaient certes différents, la nature du régime politique aussi. Mais les enjeux de sécurité pourraient facilement être assimilés à ceux d’aujourd’hui et la difficulté à dégager une solution à la fois réaliste et équilibrée est quasiment la même qu’il faudra résoudre à partir de la première étape algérienne.

DEUX POINTS FAIBLES. En 1990, les premières attaques de la rébellion par leur soudaineté et leur brutalité (le raid sur Ménaka survint 24 heures après celui de Tidarmène et fit 14 morts) prirent complètement de court les autorités. La première réaction de celles-ci fut tout naturellement d’appliquer une solution militaire. Solution qui présentait le double avantage de répondre à l’angoisse d’une population traumatisée par la survenue d’une violence incompréhensible pour elle et de créer un réflexe d’union nationale autour d’un régime qui affrontait les assauts de la contestation politique. Mais très vite, l’option armée laissa apparaître son inanité. Le président Moussa Traoré se tourna alors vers un traitement par la négociation et mit pour cela deux fers au feu.

Il voulut tout d’abord s’assurer la solidarité des Etats concernés par la rébellion, à savoir l’Algérie, le Niger et la Libye. Mais lors du sommet quadripartite organisé les 8 et 9 septembre 1990 à Djanet en Algérie, l’attitude ouvertement provocatrice de Mouammar Khaddafi, habillé en notable tamasheq, fit comprendre au Mali qu’il ne pourrait compter sur la médiation que de l’Algérie. Entretemps, le chef de l’Etat malien avait autorisé une délégation composée de chefs de fraction et de cadres touaregs à rencontrer à Alger des responsables du Mouvement patriotique de l’Azawad (MPA) et du Front islamique arabe de l’Azawad (FIAA). La délégation revint à Bamako avec un document contenant 21 revendications des deux groupes armés.

Ces derniers demandaient notamment la nomination d’un vice-président issu de la communauté touarègue ainsi que l’affectation des ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur et du Développement rural à des cadres tamasheq. Mais à côté de ces exigences extrêmes, des points beaucoup plus réalistes étaient à relever concernant la démilitarisation du Nord du Mali, le désenclavement du Septentrion, l’intensification de la prospection minière, la création de banques agro-pastorales, la libération des prisonniers impliqués dans les opérations en cours, la nomination des natifs de la zone dans l’administration locale, la réversion des rebelles repentis à concordance de grade dans l’Armée malienne … et l’instauration du multipartisme. Le document a servi de base aux négociations menées avec l’aide de l’Algérie et qui aboutirent aux accords de Tamanrasset signés le 6 janvier 1991 entre le Mali, le MPA et le FIAA.

Deux particularités sont à signaler et qui constituent les points faibles de la démarche adoptée sous la IIème République. Primo, même si l’option de la solution militaire avait été abandonnée, le ministère de la Défense est demeuré au cœur du traitement du dossier de la rébellion. Les politiques (responsables du parti UDPM et gouvernement) étaient maintenus dans une quasi ignorance et les accords furent signés pour le gouvernement malien par le chef d’état-major général des armées, le colonel Ousmane Coulibaly. Secundo, les négociations avec les groupes armés et les résultats de celles-ci furent gérés dans la plus grande opacité. Il est vrai que dans les Accords (dont le contenu exact ne fut dévoilé qu’après la révolution de Mars) figuraient des dispositions qui auraient été très mal accueillies des populations si elles avaient été rendues publiques telles que l’allègement des dispositifs de l’armée malienne dans les régions de Gao (dans laquelle se trouvait à l’époque Kidal) et de Tombouctou, la suppression de certains postes militaires et l’affectation aux régions du Nord de 47,3% du futur programme d’investissement.
... suite de l'article sur L’Essor


 Commentaires