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L’Indépendant N° 3545 du 17/7/2014

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Rencontre RPM-ADEMA autour de la Coordination de la majorité présidentielle : La tête de Moussa Mara mise à prix
Publié le jeudi 17 juillet 2014  |  L’Indépendant


© aBamako.com par mouhamar
Atelier de validation du projet de politique nationale de la ville
Bamako, le 18 Novembre 2013 au CICB: Moussa Mara, ministre de l`Urbanisme et de la Politique de la Ville du Mali a présidé la cérémonie d`ouverture de l`Atelier de validation du projet de politique nationale de la ville. Photo: ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, M. Moustapha DICKO


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L’on se rappelle que le RPM avec ses 75 députés n’avait pas du tout apprécié la nomination du président du parti YELEMA (1 député), Moussa Mara à la primature, le 5 avril 2014. Dans un communiqué relatif à cette promotion inattendue, le Bureau politique national (BPN) du RPM avait alors déclaré « avoir pris acte » seulement de cette décision du président de la République sans le moindre mot de félicitations à Moussa Mara. Quand au même moment il remerciait son prédécesseur Oumar Tatam Ly, qui avait démissionné avec fracas à travers une déclaration vite postée sur les médias sociaux.

La réunion du mardi 15 juillet dernier entre l’ADEMA et le RPM avait officiellement pour but » de discuter des questions d’intérêt commun ». En réalité, il s’agissait pour le RPM de démarcher sa consœur de la ruche, l’autre poids lourd de la majorité présidentielle, afin de bloquer le désir de Moussa Mara de prendre la présidence de la Coordination de la majorité présidentielle (CMP) en gestation. Et cela à travers une relecture des statuts et règlement intérieur de ce conglomérat de partis politiques qui ont soutenu IBK lors de l’élection présidentielle de 2013.

Allons-nous vers une rupture entre le RPM et le Premier ministre Moussa Mara que le parti d’IBK soupçonne (déjà ?) d’avoir des ambitions trop grandes voire démesurées ?

En tout cas, il n’a, en réalité, jamais été question de lune de miel entre le jeune président du parti YELEMA (un seul député) et les dirigeants du parti majoritaire, en l’occurrence le RPM. On se rappelle du silence gêné de la formation politique d’IBK après que ce dernier eut porté son choix sur Moussa Mara, et cela suite à la démission brusque et inattendue de Oumar Tatam Ly de la primature. Cette décision du chef de l’Etat avait été ressentie en son temps comme une sorte de désaveu des hommes et femmes du RPM qui l’ont jusque-là accompagné sur le long chemin qui l’a conduit à Koulouba en septembre 2013.


En effet, quand les observateurs de la scène politique nationale s’attendaient à voir un Bokary Treta, secrétaire général du parti et l’un des pères fondateurs du RPM, un cadre féru d’expériences et bénéficiant du respect et de la considération de toute la classe politique y compris dans les rangs de l’opposition, se remettre les clés de la primature, c’est le jeune loup qui avait mis IBK lui-même en ballotage lors des législatives de 2007 en commune IV du district de Bamako, Moussa Mara, ministre de la Ville dans l’équipe sortante, qui fut nommé chef du gouvernement. Cela au grand dam des cadres et militants du parti des Tisserands qui n’avaient désormais que leurs yeux pour pleurer.

Quatre mois après cette nomination, le RPM n’arrive toujours pas à avaler la couleuvre, et commence à voir en Moussa Mara quelqu’un qui a d’autres ambitions politiques inavouées. Vrai ou faux ? En tout cas, l’affaire fait grand bruit dans les milieux RPM où un chapelet de griefs est formulé contre le Premier ministre.

Une lutte à mort pour la présidence de la CMP
C’est dans ce climat délétère que le Premier ministre Mara a eu l’idée géniale de mettre en place une structure dénommée » Coordination de la majorité présidentielle (CMP) » regroupant l’ensemble des formations politiques ayant soutenu IBK lors de la présidentielle de 2013. La CMP ayant pour, entre autres, objectifs d’informer et de sensibiliser les Maliennes et les Maliens en vue d’obtenir leur soutien dans la mise en œuvre du projet présidentiel, à travers la Déclaration de politique générale du Premier ministre ; créer entre chacune des institutions de la République et la CMP des opportunités d’échanges ; soumettre au Premier ministre, chef de la majorité présidentielle, des propositions de solutions aux grandes préoccupations de la nation.

D’après ses contradicteurs, c’est le Premier ministre qui a élaboré le projet de statuts et règlement intérieur de cette coordination avant de les envoyer, comme une lettre à la poste, aux autres partis membres de la mouvance présidentielle. Il se serait, d’autre part, autoproclamé président de la nouvelle structure alors même que le document n’est pas encore adopté.

Le hic étant, selon eux, que dans ledit projet de statuts, il est dit que le Premier ministre est le président de la Coordination de la majorité présidentielle. Le RPM n’a pas du tout digéré ce passage qu’il considère comme une sorte d’OPA (offre public d’achat) que Moussa Mara veut opérer sur l’ensemble des partis devant appartenir à cette coordination.

La rupture semble consommée
Maintenant que le comportement du Premier ministre Moussa Mara semble aller à l’encontre même des intérêts existentiels du RPM, la direction de ce parti s’en est confiée au président IBK, au cours d’un entretien qui a duré plusieurs heures.

Selon des sources concordantes, à la suite de cette rencontre le président de la République aurait demandé à ses camarades d’échanger avec Moussa Mara lui-même sur la question et d’en discuter également avec les autres partis de la majorité présidentielle.

Suite à ces recommandations d’IBK, la direction du RPM a pris son bâton de pèlerin pour démarcher les formations politiques membres de la mouvance présidentielle en vue de les sensibiliser pour procéder à une relecture des statuts et règlement intérieur soumis à leur approbation par le Premier ministre Moussa Mara. D’où la rencontre du mardi 15 juillet dernier que le RPM a sollicitée auprès de l’ADEMA pour » échanger autour des questions d’intérêt commun « , selon un haut responsable du parti de l’abeille.
De sources concordantes, on apprend que cette rencontre avait pour but principal d’œuvrer à obtenir la relecture des textes qui régissent la coordination afin que son président ne soit plus le Premier ministre, c’est-à-dire Moussa Mara. Mais que soit retenu à cette fonction, le premier responsable du parti qui est à même de revendiquer le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Ce qui revient à dire que la présidence de la CMP soit exercée par le RPM.

Après ces échanges entre les deux mastodontes de la majorité présidentielle, l’on se demande si la forte délégation du RPM, composée notamment de son secrétaire général, Dr Bokary Treta, non moins ministre du Développement rural et du secrétaire politique Nancoman Kéïta, ancien ministre, a pu convaincre la direction de la ruche sur la nécessité d’écarter Moussa Mara de la présidence de cette coordination dont la naissance fait (déjà) grand bruit. Il est permis d’en douter, cela dans la mesure où seul va compter dans la balance le poids d’IBK. Si ce dernier se trouve du côté des dirigeants révoltés de son parti, ceux-ci parviendront inexorablement à leurs fins. Au cas contraire, Moussa Mara sortira renforcé de ce bras-de fer qui ne dit pas son nom, entre lui et les barons du RPM, qui sont depuis longtemps agacés par sa présence à la tête de l’Exécutif. Et ils n’en font plus mystère.

Le RPM plaide pour que le chef de la majorité sorte de ses rangs
Des alliés politiques soutiennent le parti présidentiel
Véritablement prêts, comme de véritables godillots à s’aligner sur les positions défendues par le RPM, le parti majoritaire, les acteurs politiques semblent applaudir la pression que le parti du tisserand met depuis quelques jours sur IBK afin qu’il nomme un nouveau Premier ministre issu de ses rangs.¨

Pour l’ASMA-CFP de Soumeylou Boubèye Maïga, l’actuel Premier ministre Moussa Mara est celui par qui le malheur de son président (limogeage du ministre de la Défense d’alors) est venu, puisque c’est suite à sa « visite aventureuse à Kidal » (l’expression est de Tiébilé Dramé du PARENA) que les événements du 21 mai sont survenus dans l’Adrar des Ifoghas. Un député de ce parti a expliqué que le RPM est dans ses droits de souhaiter que le chef du gouvernement sorte de ses rangs pour mieux canaliser l’action du président, qui est censé porté par le projet politique de ce parti.

Pour d’autres partis politiques comme l’ADEMA, il n’est pas question de faire le procès d’un homme mais de défendre le fonctionnement normal des règles démocratiques.

Pour un des responsables du parti de l’abeille, la crise que le pays traverse impose que le chef du gouvernement soit porté par la formation politique qui a le plus de répondant dans l’ensemble du pays ; c’est-à-dire le parti qui a eu le plus grand nombre de députés à l’issue des élections législatives, le RPM avec 75 élus.

Certains députés de ce parti rappellent volontiers l’épisode de la crise des années 90 où le président Alpha Oumar Konaré a dû faire appel à un certain Ibrahim Boubacar Kéita, président de l’ADEMA-PASJ, comme Premier ministre. Ce qui a permis de juguler un tant soit peu la crise d’alors. « C’est normal que de façon classique, le chef de la majorité au pouvoir, symbolisé par le Premier ministre, soit issu du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. L’insatisfaction du RPM, qui compte 75 députés à l’Assemblée nationale, est simplement légitime », a déclaré un cadre de l’ADEMA.

Il faut noter tout de même que certains responsables politiques précisent que « le RPM ne conteste pas Moussa Mara à la primature mais le parti présidentiel souhaite prendre la direction de la Coordination des partis politiques de la majorité. Ce qui est compréhensible », a indiqué Blaise Sangaré de la CDS. C’est d’ailleurs l’analyse d’un autre cadre du RPM, qui souligne qu’on ne peut pas voter à une écrasante majorité la déclaration de politique générale du Premier ministre et le désavouer à peine deux mois après.

Il faut rappeler que dans un entretien avec L’Indépendant, le député Mamadou Diarrassouba a déclaré qu’il est nécessaire que la majorité se renforce pour appuyer les initiatives du président de la République. Que cette majorité doit se former autour du socle RPM. « Même le Premier ministre ne voit pas de mal en cela.

Dans tous les pays démocratiques, la majorité présidentielle a pour colonne vertébrale, le parti majoritaire, qui est le RPM, avec 75 députés. Aujourd’hui, il est évident que c’est ce parti qui doit être le socle de la majorité au pouvoir. Nous avons rencontré le président de la République pour lui dire que nous souhaitons que le chef de la majorité présidentielle sorte des rangs du RPM « , a-t-il déclaré.


Avant de préciser que le parti présidentiel ne souhaite pas avoir des dissensions avec le chef de l’Etat. Il va l’accompagner jusqu’au bout pour la réussite de sa mission à la tête du pays. « Etant donné que le RPM va assumer totalement le bilan du président de la République, il est normal que le parti puisse faire toutes sortes de propositions pour la réussite du projet présidentiel « .
Bruno D SEGBEDJI

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