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Les Fama sont à reconstruire avec intelligence
Publié le vendredi 25 juillet 2014  |  Le Soir de Bamako




L’attaque rebelle dirigée contre la ville de Ménaka le 17 janvier 2012 est survenue à un moment où on ne savait plus qui était qui dans notre armée, tant le laxime, le laisser-aller et l’indiscipline avaient gagné le terrain. Le lendemain de cette attaque, les Maliens apprirent qu’elle était du fait du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla), un groupe de bandits.

La suite est connue : de mensonges en mensonges, de replis tactiques en replis tactiques, ces bandits armés du Mnla et alliés terroristes gagnaient du terrain. Entre temps, la somme des maux, qui s’étaient des années durant incrustés au coeur de la grande muette, explosait à Bamako et Kati.

Pour une fois de jeunes soldats indisciplinés et accrocs à l’alcool se révoltèrent contre la République en situation de crise, cassèrent les magasins d’armes et se déchaînèrent sur la Présidence de la République. Au petit matin du 22 mars 2012, un coup d’État était passé par là, précipitant la chute des régions de Kidal, Tombouctou et Gao. La junte qui s’installa au pouvoir ne fit qu’étaler au grand jour les tares et les craintes maintes fois exprimées quant à l’état de déliquescence de nos forces armées.

LES DÉFIS DE LA REFONDATION DE NOTRE ARMÉE

Des tares et des craintes qui tenaient en suspens les nouvelles institutions issues d’elections libres et crédibles ayant consacré le retout du Mali dans le concert des nations démocratiques. Comme l’illustre d’ailleurs la mutinerie qui a suivi la prise de fonction du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Celui-ci, conscient des dangers évoqués, a su rebondir en décidant d’agir en chef suprême des armées et en reprenant les choses en main. L’armée malienne est-elle pour autant sortie de l’ornière ? Ce cerait uune chimère que de croire à cela, tant la plaie était profonde et que la désagrégation a commencé avec le début de l’ère démocratique dans notre pays.

Et les incidents des 17 et 21 mai 2014 à Kidal, suite à la visite du Premier ministre Moussa Mara, sont venus sonner le réveil pur tous ceux qui pensaient que notre armée avait dejà fait sa mue. Reconstruire une armée après tant d’années de déchéance, cela prend du temps et beaucoup de temps. C’est d’ailleurs en ayant conscience de cela que les groupes armés du nord jouent avec les nerfs du pouvoir central de Bamako.

Pour donc panser les plaies des forces armées du Mali (Fama), le Président IBK doit éviter de tomber dans des erreurs du passé. Des erreurs qui ont pour noms : la mise à l’écart des vrais chefs de commandement au profit de jeunes officiers inexpérimentés et sortis de nulle part comme ce fut le cas sous le Président Alpha Omar Konaré (1992-2002); une chaine de commandement plus preoccupée par son confort que par le bien-être des troupes; opacité dans la gestion des fonds des opérations militaires, culture de l’incompétence…

Des tares qui avaient fini par faire de notre armée une sorte de contradiction des chefs valeureux mis sur la touche au profit des néophites, voire des illettrés des fois, d’invasion de la chaine de commandement par des ex-rebelles intégrés, de création d’unités fantôches dites « unités spéciales » s’adjugeant les prérogratives de l’état-major et consacrant l’abandon du terrain par les troupes au profit de ces « machins ». Il appartient donc au Président IBK de trouver les moyens de faire sortir notre armée de l’ornière.

Il faut pour cela identifier les causes profondes qui ont amené l’armée malienne dans cet état là, pour ensuite apporter des solutions qui s’imposent. Pour cela, le Président IBK ne doit pas être en manque d’incantations face à un tas de fétiches. Autrement dit, il doit même veiller personnellement à ce que tout ce qui est destiné à l’armée lui parvienne. Les Ministres de la Défense doivent être des militaires, et des militaires de valeurs.

Une anecdote sur un Ministre de la Défense civil du président ATT (2002-2012) rapporte que celui-là a failli de peu prendre ses jambes au cou quand les militaires ont voulu lui rendre les hommages, comme il est de coutume dans les garnisons. Que ferait un tel Ministre quand des coups de feu éclatent dans son ministère ?
Le Président IBK doit être particulièrement regardant sur les cas d’injustice et d’abus qui ont cours dans l’armée. Qu’il tienne compte des officiers injustement mis sur la touche et qui continuent de raser les murs. Ces officiers doivent être réhabilités, surtout que nous sommes dans une situation de guerre.

Encore faudrait-il aussi qu’on aille au-delà de l’optimisme qui nous anime pour oser la question de savoir « ce qui va se passer au cas où les négociations avec les groupes armés vanaient à échouer « .

Prétendre construire une armée digne de ce nom ou faire la guerre, revient à réhabiliter forcément et à intégrer les officiers mis à l’écart pour non seulement commander les hommes, ils en ont l’art et la carrure, mais aussi pour faire la guerre s’il le faut, ils en ont la compétence et ils sont aguerris. A suivre !
Assane Sy DOLO
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