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Crash d’Air Algérie: ramener les corps, une promesse intenable
Publié le jeudi 31 juillet 2014  |  lexpress.fr




Aux dires des experts, le travail de relevé et d'identification des corps des victimes du vol d'Air Algérie sera long et difficile. De quoi compromettre la promesse de François Hollande selon laquelle toutes les dépouilles seront ramenées en France.

Le contraste est saisissant entre les images du crash du vol MH 17 de la Malaysia Airlines et celui du vol AH 5017 d'Air Algérie. D'un côté, une zone étendue sur plusieurs kilomètres, de gros morceaux de carlingue disloqués et des corps tombés jusque dans les habitations attenantes. De l'autre, un périmètre restreint, des débris désintégrés et pas un corps visible à l'oeil nu. Autant dire que la tâche s'avère ardue pour les 20 enquêteurs français dépêchés samedi au Mali. Lesquels sont chargés de retrouver et d'identifier les 54 victimes françaises que compte le vol Ouagadougou-Alger.

Cinq de ces professionnels appartiennent à la Gendarmerie des transports aériens (GTA). Les 15 autres relèvent de l'Unité d'identification des victimes de catastrophes (UNIVC), une brigade qui comporte notamment des médecins légistes et des dentistes. "C'est un travail méticuleux. L'impact du choc est tel que ce ne sont plus vraiment des corps. On est en phase de recherche de parties qui peuvent être identifiées et analysées", explique-t-on à la gendarmerie nationale.
"Il n'y aura pas de corps présentés"

Pour une raison encore inconnue, l'avion d'Air Algérie a violemment heurté le sol malien et s'est désintégré. Sa vitesse au moment de l'impact est estimée à 800 kilomètres/heure, selon l'expert en aéronautique Gérard Feldzer. Une configuration qui rend quelque peu maladroite la promesse faite par François Hollande aux familles des victimes. Le chef de l'Etat avait en effet assuré que "tous les corps seront ramenés en France." "Il ne faut pas se faire d'illusion, il n'y aura pas de corps présentés mais des restes humains. Il est même possible qu'on ne retrouve pas certaines personnes", prévient Michel Sapanet, médecin légiste au CHU de Poitiers*. Selon cet expert, la violence du choc risque fort d'avoir enterré quelques éléments de corps.

Au peu de traces laissées par l'accident s'ajoutent des conditions de travail rudes. Le gendarmerie évoque pêle-mêle la chaleur, les zones marécageuses, l'alternance de pluie et de vent et la faune présente sur place. Pour contrer l'accélération de la phase de décomposition liée aux conditions climatiques, les enquêteurs doivent notamment recourir à des caissons réfrigérés.

Comment identifier des restes?

L'identification des corps s'annonce aussi difficile que le relevé. En théorie, elle est effectuée de trois manières possibles, qui correspondent au degré de gravité de l'accident: la reconnaissance visuelle, la prise d'empreintes digitales et l'analyse des éléments biologiques selon les restes humains retrouvés. Pour le crash d'Air Algérie, on est plutôt dans le troisième cas. Etant donné la violence du choc, les experts redoutent même que l'identification repose uniquement sur l'analyse des dents. "Quand toutes les autres méthodes ne sont plus efficientes, quand les corps sont trop dégradés, c'est la seule qui marche encore", note Pierre Fronty, chirurgien dentiste et expert en identification odontologique auprès de la justice. "L'émail dentaire est le corps biologique le plus résistant qui soit.

Il resiste à la chaleur et aux chocs."
Les proches des victimes sont ensuite chargés de fournir des radios dentaires susceptibles de pouvoir émettre une comparaison. Si des traces ADN peuvent être relevées sur des tissus humains, on demande alors aux familles de fournir des éléments d'identification, comme une brosse à dent ou une brosse à cheveux. En plus de ces méthodes scientifiques, les enquêteurs peuvent aussi s'appuyer sur les informations dites "de présomption", comme les objets ou bijoux retrouvés sur la victime. Ce travail, de fourmi, risque de prendre du temps: quelques semaines à un mois selon les experts interrogés par L'Express. A la gendarmerie, on explique simplement être "au début de l'enquête".

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