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Nord du Mali : La sécheresse, alliée des rebelles
Publié le lundi 4 aout 2014  |  L’aube




De nombreux éleveurs démunis dans la région de Gao scrutent désespérément le ciel dans l’espoir que quelques goûtes de pluies arrosent leurs vaines pâtures. Certes, la plus poussée rebelle est une source d’inquiétude, mais ces pauvres citoyens s’inquiètent davantage de la sécheresse qui frappe actuellement les régions du nord, laissant des carcasses d’animaux, surtout de petits ruminants, morts de soif.
C’est une situation alarmante que décrit Akim Maïga, de retour de sa région natale de Gao où il a vu des populations, vivant essentiellement de l’élevage, éprouvées. Une situation occultée par les négociations et les affrontements sporadiques entre les communautés. Cette sécheresse consume à petit feu les populations du nord et leurs moyens de subsistance.

Pour l’instant, rien de bien grave ne différencie cette sécheresse de celles qui arrivent ordinairement dans la zone. En 2009, un manque similaire de pluie avait plongé cette partie du pays dans la désolation, au moment où un conflit armé de moindre ampleur s’achevait sous les auspices de la diplomatie libyenne et algérienne.

La sécheresse qui laisse crever actuellement les animaux, principaux moyens de subsistance de nombreuses populations du Nord présente presque les mêmes caractéristiques que celle de 2009.

Alors que les pourparlers de paix viennent de démarrer en Algérie entre le gouvernement et les groupes armés, ces derniers continuent le combat sur le terrain communautaire.

Il y a deux jours, les rebelles du MNLA associés à la branche dissidente du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) poursuivaient leur offensive contre les groupes armés qui n’ont pas accepté de les suivre dans leur volonté indépendantiste. Mais la question de l’hostilité climatique n’apparaît pas dans les discours, ni du côté gouvernemental ni du côté rebelle.
Et il est à craindre que la conséquence immédiate de la sécheresse soit l’exacerbation des conflits intercommunautaires. Si les pertes de bétail ne sont pas réduites ou compensées à temps, elles pourraient aiguiser l’appétit vorace des voleurs et autres brigands recourant à la violence pour s’emparer des biens de leurs voisins.

L’urgence aujourd’hui, c’est de venir en aide aux populations frappées par la sécheresse à travers des opérations de distribution d’aliment bétail. Les services humanitaires sont déjà à l’œuvre, faisant des dons de vivres aux populations dont un nombre important de déplacés ayant choisi de revenir sur leurs terres malgré l’insécurité.

Les habitants de la zone semblent être surpris par la sécheresse qui était pourtant prévisible depuis au moins le mois d’avril. Un forum météorologique international tenu à Bamako avait attiré l’attention des décideurs, en prédisant l’installation tardive des pluies dans les zones septentrionales du Mali et d’autres pays du Sahel.

Les experts de la météo avaient aussi prédit l’arrivée précoce des pluies dans le sud du Mali et de certains pays Ouest africains, mais les autorités maliennes ont vite fait de sauter sur l’occasion pour assurer aux paysans qu’il y aura beaucoup de pluies cette année. La météo a indiqué qu’en 2014 les précipitations peuvent être inférieures au niveau de 2013, ce qui n’a pas empêché le ministre de l’Agriculture de passer à la télévision nationale pour annoncer que la pluviométrie sera plus abondante cette année.

Au-delà des régions nord du Mali, depuis le début de juillet les pluies se font rares dans la partie sud du pays, pourtant arrosée abondamment par les pluies précoces. Cette séquence sèche, qui frappe également d’autres régions de la sous-région ouest africaine, a été aussi prédite par les experts de l’agro-météorologie. En janvier dernier, la situation alimentaire au nord était jugée grave par les organisations, mais c’est tout le pays qui est concerné avec plus de 800 000 personnes en besoin d assistance alimentaire immédiate. Environ trois millions de personnes risquent de ne plus avoir de quoi manger dans les prochains mois, selon les résultats du Cadre harmonisé de Décembre 2013 rassemblant plusieurs partenaires travaillant sur la sécurité alimentaire au Sahel.

Soumaïla T. Diarra
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