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Pourparlers d’Alger : Les femmes leaders rencontrent le premier ministre
Publié le lundi 4 aout 2014  |  L’Essor




Les échanges ont tourné autour de leur faible implication au processus du dialogue et de la paix
Les négociations pour le retour définitif de la paix dans notre pays ont commencé sous la facilitation algérienne. Une première rencontre destinée à faire le contour du dialogue a réuni vers la fin du mois de juillet le gouvernement et les groupes armés en Alger. Une feuille de route a été élaborée balisant la voie des négociations proprement dites. Seul hic, les femmes se plaignent d’avoir été mises à l’écart de ce processus crucial pour la paix durable dans notre pays.
Il n’y avait à Alger que seulement deux femmes sur une délégation d’une cinquantaine de personnes. Il s’agit du maire de Goundam, Mme Seck Oumou Sall et la coordinatrice de l’ONG GREFFA, Mme Fatoumata Touré. Les deux femmes étaient à Alger en tant qu’expertes et membres de la commission du Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif. La société civile féminine n’était pas représentée.
Face à cette situation les femmes leaders du Mali se sont regroupées au sein d’une plateforme pour dénoncer d’une part leur faible implication au processus du dialogue et de la paix. D’autre part, elles ont élaboré un document de plaidoyer décrivant les raisons pour lesquelles les femmes doivent être aujourd’hui des actrices incontournables dans ce processus et une feuille de route permettant une présence massive des femmes leaders, afin de faire du lobbying durant toutes les sessions d’Alger.
Une série de rencontres avec les autorités en vue de les informer et les sensibiliser sur la nécessité d’impliquer les femmes dans le processus de paix et de réconciliation étaient prévues dans ce sens. C’est dans ce cadre que le Collectif des femmes, conduit par Mme Maïga Sina Damba, vice-présidente du réseau des femmes africaines ministres et parlementaire du Mali (REFAMP/Mali) a été reçu samedi à la primature. Cette rencontre avec le Premier ministre Moussa Mara fait suite à celle du Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif, Modibo Keïta.
Mme Maïga Sina Damba a tout d’abord rappelé les conséquences de la crise sur les femmes et le rôle joué par celles-ci lors de cette crise. Les femmes sont restées mobilisées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays pour la défense de l’intégrité territoriale, la réconciliation et la restauration de la paix a t-elle dit.
Par conséquent explique Mme Maïga Sina Damba, il importe de prendre en compte le rôle particulier des femmes dans les stratégies de sortie de crise aux plans local et national. En tant qu’épouses, mères et sœurs, elles ont une aptitude particulière à conseiller et convaincre les hommes et les enfants à aller à la réconciliation et à la paix. La vice-présidente du REFAMP/Mali, a insisté sur le rôle des femmes en tant qu’un des leviers incontestables pour le renforcement de la paix durable, de la stabilité et du relèvement socioéconomique.

30% DE FEMMES DANS LE COLLEGE DE MEDIATION ET DE FACILITATION. Mme Maïga Sina Damba a détaillé le contenu de leur feuille de route au chef du gouvernement. Celle-ci prévoit en dehors de rencontres avec les autorités, d’autres avec les institutions régionales et internationales et les pays du champ. Le Collectif sollicite du gouvernement d’impliquer au moins 30% des femmes dans les collège de médiation et de facilitation. Il est demandé d’inclure 30% de femmes parmi les observateurs désignés pour mener les négociations.
Des mécanismes de la justice transitionnelle et le fond d’indemnisation des victimes doivent être mis en place. Les femmes leaders entendent également initier des missions d’information et de sensibilisation auprès des frères des mouvements et des femmes appartenant à ces mouvements. Elles sollicitent un temps de parole à l’ORTM, afin de diffuser des messages de paix et de la réconciliation nationale. Car explique Mme Maïga Sina « l’après crise est toujours difficile à gérer et les femmes se donnent ce rôle qui leur est naturellement dédié ».
Les femmes leaders ont obtenu de leur partenaire la prise en charge de neuf femmes pour les pourparlers en Alger. La balle est désormais dans le camp du gouvernement pour voir dans quelle mesure ces femmes pourront intégrer le cercle des négociations pour le second round des pourparlers.
Le Premier ministre a salué l’engagement des femmes du Mali depuis le début de la crise à nos jours. Moussa Mara se réjouit du fait que les femmes d’une façon générale se sont démarquées de toute autre considération pour se retrouver autour de l’essentiel : le retour sans condition de la paix au Mali. Il a précisé que la rencontre d’Alger n’est qu’une première étape d’un processus à trois phases.
Cette première phase était destinée à baliser les contours de la négociation. La seconde phase qui se profile à l’horizon précisément vers le 18 de ce mois donnera lieu à des discussions sur des sujets de fond et la troisième phase fixée en octobre prochain finalisera les travaux en dotant notre pays d’un accord de paix et de stabilité.
Dans les deux dernières phases, explique le chef du gouvernement, toutes les composantes de la population malienne seront impliquées. C’est ce qui justifie d’ailleurs la série de rencontres du président de la République et celle qu’il a lui même entamée la semaine dernière. Il s’agit là de prendre en compte les préoccupations des uns et des autres pour la prochaine rencontre en Alger. Moussa Mara a annoncé une grande rencontre avec les partis politiques, la société civile et la communauté du Nord. Celle-ci spécifiquement pour designer ceux où celles qui iront les représenter lors des négociations, car il a été établi que les groupes armés ne sont pas représentatifs de l’ensemble des communautés du Nord. Ces larges concertations permettront de recenser les avis, les conseils et les recommandations pour mieux négocier.
Participer au processus de la paix ne veut pas dire être forcement sur la table des négociations a cependant estimé le Premier ministre. Selon Mara, le gros du travail reste à venir. Car dit-il une chose est de conclure les accords et une autre leur application. C’est justement là où les femmes seront sollicitées pour mieux sensibiliser et informer les populations. Car, explique le chef du gouvernement, c’est un nouveau Mali qui sortira de ces négociations.

Il y aura donc beaucoup de changements qui nécessiteront forcement l’implication des femmes pour mieux conduire cette vaste transition vers un monde meilleur pour notre pays.
Par rapport à l’intégration des neuf femmes au processus de pourparlers, le Premier ministre indique qu’il ne saurait donner son quitus pour la simple raison que l’équipe gouvernementale est une équipe technique. En revanche, il a promis d’analyser les profils des neuf femmes désignées et voir quelle conduite adopter.
Moussa Mara a exhorté les femmes leaders a aller vers leurs sœurs des groupes armés, toute chose qui facilitera, selon lui, les négociations.
M. A. TRAORE
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