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L’enquête préliminaire hautement mise en cause : Nos policiers et gendarmes sont devenus des tortionnaires
Publié le mardi 12 aout 2014  |  L’Indépendant




Les enquêtes préliminaires sont de plus en plus mises en cause par les accusés qui comparaissent devant la Cour d’Assises pour des crimes aussi différents les uns que les autres. A ce premier stade de l’enquête, Ils affirment subir des tortures horribles et inhumaines pour les obliger à reconnaitre les faits.

Les travaux de la Cour d’Assises prendront fin le jeudi 14 Aout à la Cour d’Appel de Bamako. Des pires cas des viols, des vols, des assassinats ou encore des meurtres ont été traités par cette Cour.

Pour la plupart, les accusés nient les faits qui leur sont reprochés devant la Cour d’Assises alors qu’ils avaient reconnu les mêmes faits à l’enquête préliminaire devant le commissaire de police et le magistrat instructeur. Dès lors on est en droit de se demander ce qui pousse les accusés à s’adonner à une telle incohérence. Laquelle incohérence peut, pourtant, leur coûter très cher à l’annonce du verdict. On se dit tout de suite que c’est une stratégie préalablement élaborée par l’accusé lui-même sur instruction de son avocat pour pouvoir apporter devant la Cour des éléments pouvant prouver la non-culpabilité de son client.

Toutefois, la version des accusés est toute autre et suscite des interrogations quant au respect de la procédure de l’interrogatoire.

Selon plusieurs accusés ayant déjà comparu devant les Assises, ils subissent des tortures horribles, inhumaines pour les obliger à avouer. Même pour les infractions qu’ils n’ont pas commises. La présomption d’innocence dont est censé bénéficier tout accusé est le dernier des soucis de nos chers policiers enquêteurs. Tout comme les droits humains les plus élémentaires allègrement bafoués.

C’est ainsi qu’une fois qu’un accusé tombe entre les mains de la police ou de la gendarmerie, à l’enquête préliminaire, on ne s’interroge plus sur sa possible innocence. Aucun véritable effort supplémentaire n’est fourni pour pousser les investigations afin de mettre la main sur d’éventuels complices ou vrais responsables. Le premier suspect est le vrai coupable aux yeux de notre police et de notre gendarmerie. C’est pourquoi il n’est pas rare d’assister à des renvois de dossiers pour compléments d’enquêtes. Idem pour les condamnations par contumace où les vrais responsables courent toujours dans la nature et respirent l’air frais du paysage sans jamais être inquiétés.

Dans le cadre de la session de la Cour d’Assises qui se termine, les accusés n’arrêtent pas de mettre en cause la procédure des interrogatoires. Ils affirment sans cesse qu’ils reconnaissent les faits, à l’enquête préliminaire, sous les coups des fouets et des bottes des agents de police ou de gendarmerie.

Dans d’autres coins éloignés en milieu rural, les accusés affirment que, même devant le juge d’instruction, ils subissent des tortures. Chose qui semble complètement insensé mais qui mérite une attention particulière, car si le juge lui-même fait bastonner les détenus pour qu’ils reconnaissent les faits, la justice malienne est loin d’être crédible.

Dans l’affaire opposant le ministère public à Ladji Ba et l’un de ses complices pour vol qualifié, les accusés ont affirmé à la barre avoir été violemment battus à la police. Ladji Ba aurait même perdu connaissance avant de reconnaitre effectivement les faits pour lesquels il a été condamné quelques mois plus tard à 10 ans d’emprisonnement ferme.

Dans une autre affaire opposant le ministère public à Molobaly Dembélé pour vol qualifié, l’accusé a également déclaré avoir reconnu les faits qui lui étaient reprochés sous les coups des fouets des agents de la police.

Par ailleurs, de l’avis d’un avocat, « nous connaissons tous ce qui se passe aujourd’hui dans nos prisons et, à l’enquête préliminaire, on ne tient absolument pas compte du droit de l’accusé de garder le silence…ils sont torturés, maltraités pour les obliger à reconnaitre les faits « .

En tout cas, un coup d’œil mérite d’être jeté sur la manière dont on procède à l’enquête préliminaire au niveau de la police et de la gendarmerie. Car le rôle de la justice n’est pas seulement de condamner ou de mettre le premier qui passe devant elle sous les verrous. Il y va de sa compétence aussi de veiller sur le droit des détenus, conformément à la loi.

Aboubacar DICKO, *stagiaire
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