Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Corridor Bamako-Conakry : Le rythme des échanges au ralenti
Publié le lundi 18 aout 2014  |  L’Essor




La psychose d’Ebola s’est installée le long du corridor entrainant une méfiance et des incertitudes dans les échanges commerciaux.
La quiétude est une variable essentielle du commerce. La situation d’épidémie de fièvre Ebola que connaissent certains pays de la sous-région depuis quelques mois n’est pas sans conséquence sur les échanges économiques interfrontaliers. D’ores et déjà, les économistes s’inquiètent des conséquences de cette pandémie sur les échanges économiques sous-régionaux dans les mois à venir.
Vaste de plus 1,2 million de km2, enclavé et partageant 7000 km de frontières avec 7 autres Etats, notre pays doit son approvisionnement correct en produits de première nécessité et en produits industriels aux échanges commerciaux aussi bien avec ses voisins qu’avec des pays lointains. Notre pays importe pour près de 2000 milliards de Fcfa par an en provenance d’Afrique (40,7%) dont 29,3% de l’espace UEMOA, d’Europe (30%) et d’Asie (19,2%). Le commerce se caractérise par la dualité entre l’informel et le formel. De façon pratique, la vitalité économique du pays est basée sur le dynamisme des opérations d’importations et d’exportations.
Les relations de fraternité entre notre pays et la Guinée Conakry transcendent les conjonctures de voisinage territorial. En effet, tout lie les deux pays. Le père de l’indépendance de la Guinée le président Ahmed Sékou Touré a trouvé cette formule devenue célèbre pour exprimer les liens étroits entre nos deux pays : « Le Mali et la Guinée sont deux poumons d’un même corps ». Donc si l’un des deux pays tousse l’autre s’enrhume. Car le brassage est une réalité entre Maliens et Guinéens. Les échanges commerciaux aussi.
Pour éviter que l’épidémie d’Ebola qui sévit en Guinée, passe la frontière, nos autorités ont pris des mesures de surveillance des mouvements entre les deux pays.

La méfiance et les incertitudes. Le constat fait l’unanimité, les échanges économiques interfrontaliers ont lourdement pâti des incertitudes liées à l’épidémie d’Ebola. Et aujourd’hui, les acteurs du corridor Bamako-Conakry vivent dans une psychose totale. Même si certains sont plus alarmistes que d’autres, la situation est qualifiée de préoccupante par tous et la persistance la non maîtrise de l’épidémie avec la propagation dans d’autres pays de la sous-région (Sierra Leone, Liberia et le Nigéria) la rend encore plus inextricable, dans la mesure où nos frontières se caractérisent par leur porosité. Ce qui rend la surveillance sanitaire moins efficace.
Pour prendre la température de ce corridor pendant de cette période de psychose, le lieu le mieux indiqué est sans doute la gare routière de Djicoroni-Para où stationnent la plupart des véhicules en provenance de la Guinée. Ici, c’est le ballet incessant des véhicules de type R12, R18 et R21 avec des plaques d’immatriculation guinéenne. « Kankan, Conakry, Laabé », hèlent les apprentis à la recherche de voyageurs. Cette ambiance apparemment animée est trompeuse car les habitués de la gare soutiennent que les activités y sont au ralenti. Assis en groupe de 5 à 7 personnes autour du thé, chauffeurs et passagers discutent de l’actualité. L’épidémie d’Ebola est évidemment le sujet numéro un.
Le patron du syndicat des transporteurs, Mory Keïta est un chauffeur ayant blanchi sous le harnais. L’homme affirme qu’il a derrière lui 35 ans d’expérience sur l’axe Bamako-Conakry. Il explique que le commerce entre les deux pays est surtout tenu par des femmes. « Les Maliennes vont en Guinée pour s’approvisionner en tissus wax et autres produits féminins importés à partir du port de Conakry. Tandis que les Guinéennes font le commerce des produits agroalimentaires (huile de palme, soumbala et autres produits de cueillettes). Elles achètent en grande quantité le bazin malien », détaille-t-il, ajoutant que le commerce de contrebande y est aussi très développé et concerne surtout les engins motorisés et autres produits comme la cigarette.
Notre interlocuteur estime que l’épidémie a ralenti considérablement les mouvements entre les deux pays. « Beaucoup de Maliennes ont aujourd’hui abandonné l’axe Bamako -Conakry à cause des méfiances et des incertitudes autour de cette maladie. Voyez-vous, la gare est remplie de véhicules vides. Les rares qui arrivent à quitter de la journée ont tout le mal à faire le plein de clients », fait-il remarquer.
Favorable au contrôle sanitaire. Cependant, exergue-t-il, la grande particularité de ce corridor est le dynamisme des échanges intercommunautaires le long des frontières. « Les populations riveraines de la frontière ont les mêmes modes de vie. Ils ont les mêmes habitudes alimentaires et vestimentaires. C’est donc à travers les échanges commerciaux basés sur les produits agroalimentaires que l’économie locale tourne. Malheureusement, avec la pandémie d’Ébola, les Maliens sont de plus en plus réticents à aller à l’intérieur de la Guinée, mais les populations guinéennes continuent de fréquenter les foires hebdomadaires maliennes », analyse le syndicaliste.
Ces propos sont confirmés par les chauffeurs en activité sur le corridor. Koman Keïta, vient de décharger ses passagers en provenance de Kankan. Il semble très déçu. A ces camarades qui lui demande comment le voyage s’est passé, il répond d’un ton chagriné « Je suis parti et retourné sain et sauf c’est le plus important », lance t-il en refrain. Selon lui, le premier problème c’est la psychose crée par la maladie. « Quand on vous dit qu’il y a pas de médicaments pour un maladie et que ça tue, c’est la psychose naturellement. Vous savez même le contrôle sanitaire installé à la frontière ne rassure pas beaucoup. Dans la voiture tout le monde se regarde et le moindre toux ou indigestion est objet d’inquiétude. Moi, par exemple, j’ai décidé de ne plus prendre de passager en cours de route ou de passager n’ayant pas subit le contrôle. C’est une question de vie ou de mort », lance-t-il d’un air effrayé.
« Le contrôle sanitaire à la frontière est devenu fondamental et même vital pour nous routier. Parce qu’avec une maladie comme Ebola qui se transmet aussi facilement, il vaut mieux être prudent », lance un autre chauffeur.
Mme Konté Assouma Soumaré est une commerçante reconnue du corridor. « Je vais en Guinée pour acheter les produits agricoles et les produits de cueillettes (l’huile de palme, l’avocat, les bananes plantain, l’igname, le manioc etc.). Mais j’ai ralenti un peu le rythme de mes déplacements vers la Guinée, surtout que le marché est très lent à Bamako. Les gens rechignent à acheter les produits importés de la Guinée. Bon, avec l’Ebola, même nous, nous avons peur mais c’est notre gagne-pain. On vit de ce commerce », témoigne la commerçante.
Le corridor Bamako-Conakry résistera-t-elle à la pression de la propagation de l’épidémie d’Ebola ? C’est la question que se pose beaucoup d’observateurs nationaux. Cependant, la réponse du patron du syndicat de la gare routière est toute simple : « Cela dépendra de situation de l’épidémie. S’il est maitrisé, ce que nous souhaitons le plus vite possible, nous continuerons à l’emprunter mais dans le cas contraire, nous resterons ici. Car, la prudence est de toute sureté », annoncera-t-il.
Il faut dire que plusieurs facteurs interviennent dans l’essor de ce corridor. Mais deux s’avèrent déterminants : la position géographique et les produits importés essentiellement féminines donc l’économie informellle. Mais, sur le plan de l’économie formelle, le port de Conakry représente moins de 2 % les importations et exportations de notre pays soit moins de 4000 tonnes de marchandises par an contre près 73.000 tonnes pour le Sénégal et plus de 26.000 tonnes avec la Côte d’Ivoire. Le bureau des douanes de Kourémalé peine à faire 50 millions de Fcfa de recettes par an au moment où certains bureaux font mensuellement plus de 3 milliards de Fcfa. Malgré la psychose, les échanges commerciaux intercommunautaires restent très dynamiques et mais la menace Ebola risque fort d’impacter ces échanges.
D. DJIRE
Commentaires

Titrologie



L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment