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Négociations de paix d’Alger : Les dirigeants de la transition mis hors jeu
Publié le lundi 18 aout 2014  |  L’Indépendant




Aucune raison ne peut expliquer la mise à l’écart des pourparlers inclusifs inter-Maliens d’Alger des anciens dirigeants de la transition Dioncounda Traoré, Django Sissoko et du représentant spécial du chef de l’Etat, Tiébilé Dramé, si ce n’est une réelle volonté du pouvoir actuel de nuire aux intérêts supérieurs du pays.
Aux Etats-Unis on connait le » spoil system « , une méthode qui consiste pour la nouvelle administration venue aux affaires à faire complètement table rase du passé pour placer ses hommes dans les différentes sphères de décision. C’est une tradition bien ancrée au pays de l’oncle Sam et apparemment cela ne choque personne. Même le patron de la maison blanche amène dans ses bagages son majordome et sa cuisinière. Qu’il est loin derrière le temps du maccarthysme et de la chasse aux sorcières de Salem. Chez nous les mœurs politiques n’ont pas évolué jusqu’à ce point.

On croirait volontiers à la chasse aux sorcières pour toute tentative des hommes du jour de toucher à un quelconque poste de direction. On ne peut pas non plus se comporter comme les Etats-Unis, un pays aux ressources humaines illimitées. Chez nous on dit très souvent qu’un ancien chef de village ne veut pas du bien du village. Prétexte tout trouvé pour l’écarter comme un empêcheur de tourner en rond. Cependant, les Bamanans disent aussi qu’on peut enlever sa main de celle d’un lépreux sans la lui arracher.
Dans le cadre des pourparlers qui se déroulent actuellement à Alger entre Maliens de tous bords, on a pourtant fait pire vis-à-vis des dirigeants de la transition. Ni le nom de Dioncounda ni celui de son premier ministre Django Sissoko ne figure parmi la pléthore de la cinquante de personnes qui ont fait le déplacement dans la capitale algérienne. Omission, dédain ou mépris ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on vient de les payer en monnaie de singe. Alors qu’ils ont été les premiers bâtisseurs de la paix par l’application diligente de l’accord-cadre du 6 avril 2012, qui fixait aux dirigeants de la transition deux missions spécifiques à réaliser à savoir le rétablissement de l’intégrité du territoire national et l’organisation d’élections libres et transparentes. Si la première phase de ces deux volets s’avère à présent comme un processus long et compliqué, mission accomplie par contre pour le retour à un ordre constitutionnel normal. A telle enseigne que Alassane Ouattara, alors président en exercice de la CEDEAO pouvait jubiler lors de l’investiture d’IBK : » Le Mali vient de donner une leçon de démocratie à l’Afrique et au monde « . Ce succès n’a été possible qu’avec le départ du tonitruant Cheick Modibo Diarra et l’arrivée du discret mais combien efficace Django Sissoko. S’entendant avec le président par intérim comme deux larrons en foire ensemble ils mèneront une transition sans tambour ni trompette. Pendant que sur le terrain Tiébilé Dramé fut le vrai artisan de la signature de l’accord préliminaire de Ouaga sous l’égide de la communauté internationale. Avec le recul, on se prendrait de pitié pour cet homme aux yeux bouffis de sommeil mais obligé de regarder en chiens de faïence des Huns qui ravagent son pays depuis un demi-siècle. Que même s’il n’est pas Hadès, le gardien du séjour des morts, Tiébilé a été envoyé par Zeus
pour éteindre toutes les flammes de l’enfer que ce soit à Madagascar, à Haïti ou au Mali. Lui aussi n’a pas été convié à la foire aux empoignes. On peut peut-être estimer que Dioncounda Traoré a actuellement la tête plongée dans la francophonie à cause des nombreux soucis que lui cause l’ancienne gouverneure générale du Canada, Michelle Jean. Néanmoins bientôt une francofête à Bamako ?
Même dans ce cas, les négociations d’Alger ne peuvent être pour lui le moindre des enjeux. Il vient de prouver pendant la transition qu’il est prêt à abandonner un destin national, même au péril de sa vie, au profit de l’intérêt supérieur du pays. Quant à son ex-premier ministre Django Sissoko, il a toujours pignon sur rue à Bamako. Il s’apprête à ouvrir son propre cabinet dans la plus pure tradition Yankee des anciens présidents américains Bill Clinton, Jimmy Carter et Ronald Reagan. En attendant de voir clair à l’horizon. Car pour l’heure à Alger, il n’y a rien de nouveau, aucune avancée par rapport à l’accord de Ouagadougou dont les principes de base sont intangibles qui fixent aux rebelles les limites à ne pas dépasser. Serinées à longueur de journée par IBK, ces lignes rouges comportent en particulier, le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali, le respect de la forme républicaine et de la laïcité de l’Etat. Le message est très clair : pas de statut particulier pour les régions du nord, pas d’autonomie, ni de fédéralisme et encore moins d’indépendance.
Fin du rêve d’un Etat intégriste comme en Irak ou en Somalie. Même le cessez-le-feu proclamé par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été fait pour masquer la folie guerrière d’un seul homme, Moussa Mara, que pour arranger les positions du gouvernement malien. En effet, voilà un homme orgueilleux qui n’admettant pas son erreur personnelle, a organisé une vendetta à la sicilienne en envoyant nos troupes à une énorme boucherie.
Le cessez-le-feu de Mohamed Aziz n’a d’ailleurs pas empêché les groupes armés de guerroyer les uns contre les autres en procédant à l’occupation d’autres localités du pays.
Ils viennent de demander le report des négociations de fond en mois de septembre. Autant dire que dès le point de départ on a perdu beaucoup de temps dans les cérémonies protocolaires, les manœuvres dilatoires et de couloir, les surenchères verbales pour un forum planétaire aussi coûteux pour le budget de la république. Et qui vous dit que la prochaine fois sera la bonne face à des interlocuteurs ainsi peu crédibles, fourbes et espiègles ? Au demeurant l’Algérie n’a jamais été un havre de paix pour le Mali. Combien d’accords ont été signés au pays de Bouteflika et qui ont été par la suite voués à l’échec ? Pacte national du 11 avril 1992, accords d’Alger du 4 juillet 2006, accord de Tamanrasset du 6 janvier 1991. Tous des marchés de dupes. Sans compter que l’irrédentisme, c’est comme l’hydre des marais de Lerne. Il faut être Hercule dont c’était le destin dans les douze travaux pour couper sa septième tête.
Mamadou Lamine

DOUMBIA (MLD)
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