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Occupation du Seno Haïre-Macina-Farimake-Kounari-Guimballa : Psychose à Mopti
Publié le jeudi 21 aout 2014  |  L’aube
Des
© Autre presse par DR
Des rebelles Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) en 2012




La situation est grave, voire dramatique à Hombori et dans tout le secteur du Séno-Haïré, cercle de Douentza, région de Mopti. Depuis lundi, des rebelles du Mnla, MAA et Hcua ont dépouillé des dizaines de bergers peuls de milliers de têtes de bétails provoquant la colère des populations propriétaires de ces animaux et de tous les habitants de la zone. Ceux-ci préparent une riposte sanglante, faisant craindre un affrontement raciale entre populations noires et blanches.

Cette nouvelle situation vient remettre sur le tapis les exactions en souffrance des rebelles sur les populations du Macina, du Farimaké, du Méma, du Kounari, du Guimballa, zones toujours occupées par ces bandits armés. Le silence coupable, ou tout au moins l’inaction des autorités, est très inquiétant, car au-delà de l’extrême nord, la région de Mopti aussi est tombée sous le contrôle des rebelles.

Les rebelles du Mnla continuent à s’attaquer impunément aux paisibles populations de la région de Mopti. Ils écument la 5è région en toute liberté et sèment la terreur partout où ils passent. C’est la psychose à Mopti.

Péril en vue dans le Séno-Haïré
Le dernier acte criminel des bandits armés et qui fait couler beaucoup d’encre et de salive date du lundi 18 août dernier. Ce jour-là, alors qu’une rencontre intercommunautaire sur la paix venait d’être tenue la veille à Boni, avec des recommandations fortes, des peaux blanches lourdement armés, deux à deux, à bord d’engins à deux roues, débarquent dans le Séno-Haïré. Ils investissent le village de Boulli Kessi (frontalier avec le Burkina Faso) autour de la mare de Soum envahie en cette période par les animaux pour l’eau et l’herbe qu’elle renferme. Les assaillants, arborant fièrement le drapeau du Mnla, s’attaquent à tout ce qui bouge. Ils dépouillent les populations résidentes de tous leurs biens : argent, parures, téléphones, vivres, et, même le sel.

Mais, ils n’en restent pas là : sous la menace d’armes à feu, ils chassent des dizaines de bergers et confisquent leurs bétails dont le nombre est évalué à des milliers de tête. Mardi matin, les premiers berges arrivent à Hombori et donnent l’alerte. Aujourd’hui, ils sont une trentaine abrités à Hombori. Les autres bergers sont égarés dans la nature, car, dans la psychose et en souvenir des exactions menées ailleurs dans un passé récent, ce fut le sauve-qui-peut. Nul ne sait où ils sont ou ce qui a bien pu leur arriver.

L’alerte donnée par les fuyards n’a pas eu d’échos favorables auprès des autorités administratives, car le poste de sécurité le plus avancé se trouve à Douentza, soit à près de 100 km de l’attaque. Pas signe d’un militaire à Hombori, encore moins à Boni.
Abandonnées donc à leur propre sort par les autorités, les populations du Haïré s’apprêtent à lancer une offensive sanglante pour récupérer les biens volés, les animaux enlevés et, pourquoi pas, envisager de nettoyer les bandits rebelles de leur bastion : Bara Boulli et Djiguel. Les rebelles sont donc en ce moment sur le qui-vive, dans l’attente d’une attaque imminente des habitants des communes de Boni, Dalla, Hombori, Indiatafane et Mondoro.
Si l’on sait les conséquences d’un tel affrontement, on ose croire que les autorités régionales et centrales prendront toutes les dispositions utiles afin qu’on en arrive pas là.
En attendant, nous apprenons que le maire adjoint de Hombori, M. Maïga (en l’absence du maire, en séjour à Bamako) est entrain de se battre comme un beau diable pour trouver une solution à la situation.

Une courte victoire de la paix
Le paradoxe, c’est que, comme l’écrivions plus haut, cette équipée des rebelles intervient au lendemain d’une importante « Rencontre intercommunautaire sur la paix », tenue à Boni le dimanche 17 août 2014. Ce village, chef lieu de la commune rurale du Haïré et situé à environ 90 km de Douentza sur la route Gao est un carrefour de rencontre de toutes les communautés. La rencontre est une initiative des ressortissants de Boni en collaboration avec une Organisation non gouvernementale. Elle a regroupé les peuls, sonraïs, dogons, Bellahs et tamasheq, sous la supervision de la Minusma, représentée par Mme Anastasia du Rwanda. Y ont également pris part, le préfet de Douentza, les sous-préfets du cercle, les maires des communes et les chefs de villages.

De 11h à 18h, les participants ont rappelé toutes les exactions subies par les populations noires de la part des rebelles touaregs. Hombori a été particulièrement affecté avec l’assassinat de son chef de village et l’enlèvement des deux Français, Serge Lazarevic et Philippe Verdon. Les communautés réunies à Boni ont décidé de faire table rase sur ce passé douloureux et de s’orienter et s’entendre sur l’essentiel, à savoir la réconciliation, le pardon et l’instauration d’une paix durable. Plusieurs autres recommandations ont été formulées.

Pour couronner le succès de la rencontre de Boni, une commission chargée du suivi de la mise en œuvre des recommandations a été mise en place. Et les protagonistes se sont donné au-revoir dans cette atmosphère bonne enfant.

Malheureusement, on n’avait pas fini de savourer cette première victoire intercommunautaire que les rebelles renouent avec leur jeu favori : la violence.

En souvenir de Doungoura
Cet épisode du Séno-Haïré vient nous rappeler hélas toutes ces exactions dont sont victimes les populations des cercles de Ténenkou, Léré, Youwarou, Niafunké et Mopti. Ces populations, vivant dans le Macina, Farimaké, Méma, Kounari, du Guimballa, jusqu’à Goundam, continuent, en effet, à faire l’objet d’exactions de toutes sortes : meurtres, assassinats, coups et blessures, enlèvements de bétails, vols d’engins et d’objets de valeurs.

Le cas le plus écœurant, c’est celui de Doungoura. Là, gisent toujours 25 corps de victimes au fond d’un puits-charnier. A titre de rappel, Doungoura est une bourgade de la commune rurale de Toguéré Coumbé, dans le cercle de Ténenkou. C’est à quelque 7 kms de là, précisément au lieu dit Neenga, qu’a été opéré le massacre de civils le plus horrible de la rébellion 2012. C’était le 18 mars 2013. Ce jour-là, des bandits armés ont intercepté des véhicules de forains sur l’axe Léré-Dioura. Une vingtaine de passagers sont ligotés, les yeux bandés, puis égorgés ou fusillés, et jetés dans un puits.

Depuis, malgré les multiples démarches entreprises par Tabital Pulaaku-Mali, aucune autorité politique ou administrative, aucun organisme de défense des droits de l’Homme, aucun média, n’a rendu compte de ce qui s’est passé à Doungoura.

Pire, il n’y a eu aucun signe de sympathie et de compassion des autorités pour les orphelins et les veuves. Alors qu’en février 2014, il a fallu que 30 touaregs soient tués dans des violences intercommunautaires à Tamkoutat (80 km au nord de Gao), pour mettre en alerte toute la République et la communauté internationale et dépêcher deux membres du gouvernement pour les « condoléances de la nation et la compassion ».

Dans l’affaire Doungoura, en plus du combat mené par Tabital Pulaaku, un regroupement Vérité et Justice a été créé. Ils ont vu leurs démarches couronnées par la visite de la Minusma sur le lieu, en avril dernier. Mais depuis, plus rien.


Toujours au chapitre des exactions, le 18 novembre 2013, à Tinahamma, dans le cercle d’Ansongo, près de la frontière avec le Niger, 53 éleveurs ont été massacrés (la liste des victimes est disponible dans les archives de Tabital Pulaaku). C’est à peine si ce ne fut un fait divers.

Pour en revenir aux cercles de Ténenkou, Léré, Youwarou, Niafunké et Mopti, les populations de ces zones vivent dans le plus grand traumatisme du fait des exactions des rebelles du Mnla, à savoir embuscades, braquages, enlèvements de bétail et vols de motos.
Un cas retentissant s’est produit le jeudi 27 février 2014. Ce jour-là, un camion appartenant à un certain Touré, en partance pour la foire de Léré (tous les vendredis), a été bloqué à 30 km de là par des éléments du Mnla. Les bandits font descendre la cinquantaine de passagers sous la menace d’armes à feu, les ligotent et procèdent à leur fouille systématique. Ils les dépouillent de tout : argent, téléphones, parures, marchandises et tous objets de valeur. Pire, ils mettent le feu au véhicule et s’en vont sans crainte, laissant derrière eux des victimes impuissantes, toujours ligotés.

Les forces de l’ordre et de sécurité de Léré (commandées par un capitaine à la peau blanche), alertées, n’ont même pas daigné aller faire les constats, « faute de moyens », arguent-elles. Les volontaires peuls qui ont franchi ce pas pour venir faire le compte rendu au capitaine, ont vu tous leurs parents du Méma chassés avec leur cheptel.
Cette embuscade du 27 février entre Dioura et Léré est le énième acte de banditisme dont les populations noires sont quotidiennement victimes de la part des touaregs, maures et arabes. Leurs cheptels sont enlevés comme des poulets, quasiment à tous les levers du soleil.

Elles sont dépouillées de leur argent, biens et marchandises suite à des embuscades tendues par les rebelles.

Défendons-nous !
Plus grave encore, cela fait trois ans de suite (2012, 2013 et 2014) que la transhumance n’a pas eu lieu. Les animaux n’ayant donc pu sillonne en toute sécurité le Delta intérieur du Niger, c’est tout le cheptel du Macina, du Farimaké, du Mema, du Kounari, du Guimballa jusqu’à Goundam etc. qui est actuellement menacé d’être décimé (s’il ne l’est déjà), et les propriétaires moralement assassinés et réduits à la survie économique.

Au moment fort des attaques et des braquages, les communautés des secteurs concernés, meurtries dans leur chair et dans leurs âmes, avaient décidé de plancher sur leur destin avec la création de brigades d’autodéfense, partout et par tous les moyens, pour défendre les forains, préserver le cheptel, sécuriser les propriétaires de véhicules et d’engins à deux roues ainsi que les biens et marchandises.

Leurs slogans : « Défendez-nous ! Financez-nous ! Préservons notre cheptel, nos biens, nos vies ! Usons de tous les moyens de défense possibles : bâtons, pilons, couteaux, sabres, épées, arcs, fusils, mitraillettes ! C’est au prix de notre existence ».

Donc, un véritable carnage se profilait à l’horizon. Mais l’Association des amis de la culture peule « Tabital Pulaaku » est parvenue in extremis à désamorcer la bombe. C’était au cours d’une rencontre tenue le lundi 10 mars. Les membres de l’association avaient pu convaincre leurs parents venus spécialement à Bamako de revenir sur leur décision de riposte systématique aux attaques des rebelles, en attendant de trouver une solution avec les autorités maliennes. Et effectivement, en son temps, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, avait pris plusieurs engagements de nature à baisser la tension. Son successeur, Moussa Mara, ne semble pas intéressé par ce dossier, pourtant très très brûlant.

Sékou Tamboura

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