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Maro Coulibaly, femme politique à Yelimané : « Le député Mahamadou Hawa Gassama a incendié ma maison parce que j’ai refusé de le suivre à l’URD et d’être sa compagne «
Publié le lundi 25 aout 2014  |  L’Indépendant




Après la tournée du Premier ministre en compagnie du ministre de la Justice dans la région de Kayes, le député de Yelimané, Mahamadou Hawa Gassama, a aussitôt exprimé son souhait, à travers une correspondance, d’interpeller ce dernier qui, selon lui, a tenu des propos » diffamatoires et injurieux » à son égard à propos d’une dame répondant au nom de Maro Coulibaly.

La Cour constitutionnelle a été saisie par le bureau de l’Assemblée nationale pour statuer sur l’opportunité de cette interpellation. Pour notre part, nous avons profité du passage de Maro Coulibaly à Bamako, le week-end dernier, pour en savoir davantage sur le différend qui l’oppose à l’honorable Mahamadou Hawa Gassama.

L’Indépendant : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Maro Coulibaly : Je m’appelle Maro Coulibaly, je suis une politicienne et je m’occupe des activités sportives et des spectacles dans le village de Diongaga, situé dans le cercle de Yelimané, dans la région de Kayes. Depuis le passage du ministre de la Justice dans la région de Kayes, on parle beaucoup de l’affaire Maro Coulibaly et Mahamadou Hawa Gassama dans la presse.

Pouvez-vous nous dire comment votre nom s’est retrouvé dans ce dossier ?

Cette affaire me concerne au premier plan, car elle m’oppose au député de Yelimané, Mahamadou Hawa Gassama. Pour rappel, ce dossier remonte entre 2006 et 2007. A l’époque, l’honorable voulait quitter le parti ADEMA pour l’URD. Il m’a demandé de le suivre dans cette nouvelle aventure politique. Une proposition que j’ai aussitôt rejetée. Ne sachant plus quoi faire, il est allé jusqu’à me proposer 400 000 FCFA pour que je sois sa compagne. Je lui ai dit clairement qu’après tant d’années passées en Zambie, en Angola et en République démocratique du Congo, je ne suis pas à acheter pour 400 000 FCFA. Et que je ne fais de la politique pour de telles pratiques malsaines. Cependant, aux élections législatives de 2007, il a été contraint d’aller au second tour par l’ADEMA pour finalement remporter le scrutin. Il n’a donc pas supporté le fait de se retrouver au second tour, car il pensait que c’est moi qui ai démobilisé son électorat. Depuis cette date, Gassama m’en veut à mort.

Il semblerait que lors du passage du ministre de la Justice à Kayes, vous avez demandé réparation du préjudice que Gassama vous a causé. Vous faites allusion à quoi concrètement ?

Je peux dire sans risque de me tromper que Mahamadou Hawa Gassama a bafoué ma vie. Je vais juste vous donner quelques exemples. Il s’est permis une fois d’aller détruire tout mon champ avant de l’attribuer à une tierce personne. Ce n’est pas tout, un jour, il déclaré sur la radio communautaire dont je suis actionnaire qu’à partir de cet instant, l’organisation des concerts est désormais interdite dans ledit village. Parce qu’il savait que je devais faire venir l’artiste Nabintou Diakité pour un concert et j’avais payé son cachet pour un million de FCFA. Lorsqu’il a su que j’étais dans la logique d’organiser le spectacle, il est parti voir toutes les autorités administratives de Yélimané, dont le juge, pour leur dire que si jamais j’organisais ce concert, il mettrait le feu à ma maison. Comme il l’a dit, il a attendu l’arrivée de l’artiste au village pour faire sortir des jeunes avec des bidons d’essence pour incendier mon domicile. Tous mes biens ont été consumés par le feu. Un détail important : c’est Gassama même qui transportait les badauds sur les lieux et planifiait l’opération sur le terrain.

Beaucoup ignorent que dans le cercle de Yelimané, Gassama est craint par tout le monde. Qu’il s’agisse du juge, du préfet, du commandant de la brigade de gendarmerie, personne n’ose le contredire. Pour preuve, lorsque j’ai été hospitalisée au centre de santé communautaire de la localité, il a instruit à mon médecin traitant de me retirer la perfusion.

Ce dernier ayant refusé, il a aussitôt mis fin à ses fonctions au village. Ce dernier est présentement à Bamako. En résumé, Mahamadou Hawa Gassama a incendié ma maison parce que j’ai refusé de le suivre à l’URD et aussi d’être sa compagne.
Avez-vous porté plainte pour situer les responsabilités de ce que vous avancez ?
Cela fait environ sept ans que l’affaire est pendante auprès du tribunal de Kayes. Et à chaque convocation, il nargue les juges. Et le plus grave, c’est que partout où je vais, les juridictions attestent que je dois être rétablie dans mes droits.

Paradoxalement, je n’ai jamais reçu un kopeck et les auteurs de cet incendie, arrêtés par la justice, ont été libérés par Gassama. Alors que depuis l’avènement de l’actuel régime, on crie sur tous les toits que nous sommes dans un Etat de droit et que personne n’est au-dessus de la loi. En tout cas, ce n’est pas le cas avec Gassama qui se croit tout permis dans le cercle de Yelimané.

Vous dites également que Gassama aurait fait main basse sur une trentaine de millions de FCFA qui vous étaient destinés en guise de dédommagement. Avez-vous la preuve de cette accusation ?

Evidemment, je vous rappelle qu’au moment des faits, Dioncounda Traoré était le président de l’Assemblée nationale. Il s’est déplacé jusque chez moi au village pour constater les dégâts causés et a regretté l’acte commis. Aussi, quelques mois plus tard, il m’a reçu à l’Assemblée nationale en présence de son vice-président Younouss Touré. Cependant, un jour, il m’a révélé qu’il a reçu des menaces de Gassama et qu’il préfère prendre ses distances avec ce dossier. Une dame s’est portée volontaire afin qu’on règle ce problème à l’amiable. Dans ses démarches, Gassama et moi avons été reçus par Soumaïla Cissé, alors parrain de l’URD, qui lui a demandé, je me rappelle bien, de réparer le préjudice causé.

Ces mêmes démarches de conciliation nous ont conduits chez l’ex-première Dame Mme Touré Lobo Traoré qui a promis de remettre à Gassama un chèque de 5 millions de FCFA pour qu’il puisse compléter les 30 millions de FCFA qui lui avaient déjà été envoyés de la France par un de nos ressortissants pour que je sois remise dans mes droits. Depuis cette visite, je ne suis pas entré en possession des 5 millions promise par Lobo ni le montant envoyé de l’Hexagone. Pourtant je persiste, je signe et je maintiens, qu’il a bel et bien perçu ces 30 millions de FCFA. Cela m’a été confirmé par l’ancien ministre des forces armées, le Général Sadio Gassama.

Après votre adresse au ministre de la Justice lors de cette rencontre, est-ce que les choses commencent à bouger ?

Quelque part les choses commencent à bouger. En effet, aussitôt après la visite de la délégation ministérielle, il (Gassama) s’est présenté au tribunal de Kayes. Cependant, je lance un appel au président de la République, à son Premier ministre et au ministre de la Justice de tout mettre en œuvre afin que le droit soit dit dans cette affaire. Car cela fait environ dix ans que ma famille et moi sommes dans une situation inconfortable. Ce sont les gens du village et mes parents qui ont cotisé pour réparer une partie de ma maison incendiée. Une telle situation est déplorable dans un Etat de droit. Je compte sur Dieu et sur la justice de mon pays pour que cette affaire soit résolue.

Propos recueillis par Kassoum THERA
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