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Diéma : Une épidémie de difficultés financières mine les ASACO
Publié le jeudi 11 septembre 2014  |  L’Essor




Les associations de santé communautaire du cercle ont du mal à assurer le fonctionnement de leurs structures sanitaires du fait des réticences des populations à s’acquitter des cotisations.

Le district sanitaire de Diéma compte 22 aires de santé qui disposent chacune d’une Association de santé communautaire (ASACO). Celles-ci éprouvent des difficultés à mobiliser des ressources. Beaucoup tournent au ralenti à cause du non paiement des cotisations, de l’absence totale de ressources. Elles ne parviennent plus à payer correctement les salaires de leurs agents, ni à faire face aux dépenses de fonctionnement.

Souleymane Konaté, le secrétaire général de l’ASACO de Fatao, ne cache pas son amertume face à cette situation. « Si nous demandons aux populations de cotiser pour alimenter notre caisse, elles n’acceptent pas. Nous avons fait appel à nos ressortissants vivant ailleurs. Là aussi, on n’a rien vu pour le moment. Nous comptons sur la vente de tickets pour payer, chaque mois, 4 agents : le gérant du dépôt de pharmacie, deux matrones et un vaccinateur », explique notre interlocuteur qui souligne que l’organisation d’une assemblée générale sur la situation de l’ASACO a conduit certains villages à s’acquitter de leur cotisation.

Cette cotisation est annuelle et son montant varie selon les villages. Ainsi le village de Fatao est tenu de verser 75 000 Fcfa par an. Puisque les cotisations ne tombent qu’au compte-goutte et que les appuis financiers des ressortissants vivant en France se font rares, l’ASACO vit des frais de consultation, d’accouchement, d’hospitalisation. Les responsables de l’ASACO se tournent vers l’Etat et les partenaires étrangers pour garder en vie l’association de santé communautaire.

Poulo Coulibaly, le président du comité de gestion de l’ASACO de Guédébiné, déplore lui aussi le peu d’empressement des villages à régler les cotisations. « Sans cotisations, l’ASACO ne peut pas vivre », rappelle-t-il en soulignant que les frais des différents actes du CSCOM suffisent à peine à assurer les salaires d’une matrone, d’un aide-soignant, d’un gérant du dépôt de pharmacie, d’un gardien et d’une femme chargée du ravitaillement en eau. Seul le directeur technique du CSCOM est payé par l’Etat. « Il faut que les populations comprennent qu’elles sont les premières responsables de leur propre santé, l’aide des autres vient après », souligne Poulo Coulibaly.

Des ASACO songent même à trainer en justice les villages mauvais payeurs de cotisations. C’est le cas de l’association de Lattakaf, comme le révèle Mamadou Seydou Diawara, son trésorier. « Notre aire de santé compte 9 villages. Mais seuls deux fréquentent le CSCOM. Il s’agit de Kobokoto et Diassiguibougou. Tout le reste se dirige vers le CSCOM de Lakamané. Ce qu’on gagne dans les consultations et autres ne suffit pas», témoigne le trésorier. Ce n’est pas faute de sensibilisation que les populations refusent de payer leurs cotisations, estime-t-il en constatant : « Nos messages ont atteint tous les villages de l’aire de santé. Les populations promettent toujours de payer, mais rien ».

Ses propos sont confirmés par Moussa Koï Diallo, le président du comité de gestion de l’ASACO de Lakamané, qui assure qu’on a beau expliquer aux populations ce qui est fait avec leur argent, elles ne veulent rien comprendre. Nous avons convoqué tous les chefs de villages pour échanger sur le problème et leur faire comprendre que les maigres ressources générées par le CSCOM ne suffisent pas. Nous payons 4 agents dont la masse salariale dépasse 250 000 Fcfa par mois», développe-t-il.

Du côté de l’ASACO de Béma, la situation est un peu meilleure grâce au soutien de la mairie, explique la présidente Assa Traoré. « La mairie nous aide beaucoup. Je la remercie très sincèrement au nom de l’ASACO. C’est elle qui paye le directeur technique du CSCOM dont le salaire n’est jamais en retard. Sans cette subvention de la mairie, on n’aurait pu s’en sortir. Les frais de consultation, d’accouchement, d’hospitalisation, sont insignifiants », témoigne-t-elle en attirant l’attention sur le fait que le véhicule qui servait à l’ASCO pour ses tournées de sensibilisation, est en panne depuis des mois, faute d’argent pour le réparer. « Nous avons des populations très difficiles. Lors des assemblées générales, certains ont eu l’audace de nous dire qu’ils allaient s’occuper d’abord de leurs enfants plutôt que de donner leurs sous à l’ASACO. Ça décourage vraiment ! », s’exclame-t-elle.

L’aire de santé de Débo Massassi compte 8 villages. Chaque village doit payer 20 000 Fcfa de cotisation annuelle. Mais aucun ne s’en acquitte. « Ce sont les ressortissants de Débo Massassi à l’extérieur qui nous soutenaient mais leurs aides ne parviennent plus depuis belle lurette », regrette Assa Traoré sans plus de précision sur les raisons de cette interruption des appuis des ressortissants.

Samba Diagouraga, le trésorier de l’ASACO de Souranguédou Santié, se demande pourquoi l’Etat ne subventionne pas les ASACO afin de stabiliser leur fonctionnement. « Si je prends l’exemple sur Yélimané, il existe des agents de l’Etat dans les centres de santé secondaires même les plus reculés. Ces ASACO ont moins de problèmes financiers», relève-t-il.

Quant au président du conseil de gestion de l’ASACO de Diéma, Abdoulaye Sissako, il s’interroge sur les raisons du refus des populations de payer les cotisations. « Quand nous avons pris fonction, nous avons effectué plusieurs missions de sensibilisation dans les 20 villages de l’aire de santé. On a tenu des assemblées générales partout. Mais les populations sont toujours hostiles aux cotisations. Nous avons fixé les cotisations à 50 Fcfa par personne, afin de donner la possibilité à tout le monde de payer. Nous leur avons même proposé de gérer leurs cotisations à leur niveau, s’ils n’ont pas confiance », détaille-t-il pour justifier son incompréhension.

A l’évidence, la pauvreté est pour beaucoup dans l’attitude des populations. A ce facteur, se greffent les soupçons de mauvaise gestion des fonds, ainsi que l’habitude bien ancrée dans ces contrées d’attendre le soutien des ressortissants vivant à l’extérieur.

Les ASACO ont besoin de plus de soutiens. L’Etat doit-il se résoudre à mettre à leur disposition du personnel qualifié en vue de diminuer leurs charges ? Cette éventualité doit être envisagée sous peine d’enregistrer un échec du système de santé décentralisé. Ce que personne ne souhaite.
O. BA
AMAP-Diéma
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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