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Amadou Djicoroni Traoré, un héros de l’indépendance : « Je vis une époque dramatique pour ma génération, mon peuple… »
Publié le vendredi 12 septembre 2014  |  L’Indicateur Renouveau




Réputé pour son franc-parler, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance du Mali, Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni s’est livré à « L’Indicateur du Renouveau » dans un entretien où il fait son analyse sur l’Accord préliminaire de Ouagadougou, la volte-face des combattants du Mouvement national de l’Azawad, le comportement peu orthodoxe des autorités dans la gestion de la crise du Nord, notamment les négociations en cours dans la capitale algérienne. Selon le doyen, cette époque est la plus dramatique pour sa génération, son peuple, son pays et pour l’Afrique. Réquisitoire d’un ancien.

« L’accord préliminaire de Ouagadougou veut dire vous êtes un interlocuteur valable et vous allez passer par des voies qui vont nous donner un interlocuteur valable en attendant de trouver un leader. C’est ça le résumé de l’accord de Ouagadougou. Il n’y a pas d’interlocuteur à Ouaga. On vous donne le temps de faire les élections présidentielles et législatives comme ça vous serez à mesure de nous donner un homme valable.

Signé sur cet état d’esprit et que vous serez valable. Nous allons signer en tant que Mouvement de libération de l’Azawad. C’est patriotique ? A partir de là, nous nous sommes fait piéger. Et à Alger aussi, ils veulent chasser quelqu’un qui n’a pas de mandat. A quel titre ? Ils ont quel mandat ? On ne pose même pas la question qu’ils nous posent. On ne leur exige même pas ce qu’ils nous exigent. Vraiment je ne comprends rien.

Je ne suis pas dans cette logique. C’est la raison pour laquelle on ne m’invitera pas dans ses débats. Je sens que je vis une époque dramatique pour ma génération, pour mon peuple, pour mon pays et pour l’Afrique. Je représente une génération qui a lutté pour l’indépendance. Ça veut dire la souveraineté, la renaissance culturelle, le renouveau social et la véritable démocratie.
Il s’agit bien attendu du maximum de bonheur pour le maximum de Maliens dans le minimum de temps. Et c’est tout ça qui fait un grand coup sous mes yeux impuissants. En réalité, je souffre. Malgré tout je garde une conviction que le Mali est éternel. Il y a eu l’occupation selon les estimations pendant et aussi le 22 septembre 1960. Je ne pense pas à un jour un drame peut nous arriver pire que le 22 septembre. Un jour le Mali se débarrassera de toute tutelle et de tous les complots et déploiera ses ailes pour s’envoler.

Mais le problème est qu’il n’y a pas de parti politique. Il y a 170 organisations qui acceptent le qualificatif. Un seul ne répond pas aux critères. Certains ont des bons projets, mais l’immaturité politique est là. Du côté de la société civile, c’est plus grave et le reste des Maliens sont en recréation pour s’amuser du Mali. Je fais un jugement général. Mes préoccupations sont nombreuses. Je pense que lorsque la base est mauvaise, les actes ne peuvent pas être meilleurs. L’œuvre ne peut pas être meilleure que l’ouvrier. Et il manque aujourd’hui la valeur humaine nécessaire pour sauver et construire.

Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bâtisseur. Il y a des graines au Mali. Elles vont germer. L’espoir est grand. L’avenir est certain et le Mali sera heureux. Tôt ou tard. Peu importe la durée. Je crois au Mali. Je crois en Dieu et je crois à la vérité.

Ma solution à cette situation est conforme à ce que j’ai appris et ce que j’ai appris est qu’aucun homme n’est complet et moi je suis le plus incomplet et n’est pas le droit de poser une solution. Parce que j’ai appris la démarche collective. Pensez ensemble, examinez ensemble et décidez ensemble. Je n’ai pas appris à agir seul, à parler seul. Ce n’est pas mon école. Je pense que la meilleure façon de réussir, c’est de travailler ensemble ».
Propos recueillis par Bréhima Sogoba
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