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Le Mali entre fédéralisme et autonomie du nord
Publié le mardi 23 septembre 2014  |  tribune de lecteurs
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




Notre journal l'avait annoncé en exclusivité, depuis près d'un mois : Le Mali entre fédéralisme et autonomie du nord

Par Kamel Zaïdi

Une " décentralisation très poussée " et une " régionalisation " du Mali ont été proposées, dans le cadre de la deuxième phase des négociations de paix en cours à Alger, a déclaré ce dimanche le président malien Ibrahim Boubacar Keïta à la chaîne de télévision TV5. " Face aux demandes de fédéralisme, nous avons proposé la régionalisation, nous proposons une décentralisation très poussée ", a dit M. Keïta lors d'un entretien réalisé à Bamako. " Des propositions très concrètes ont été mises sur la table ", a-t-il indiqué.

Le chef de l'Etat malien a fait valoir qu' " il y a beaucoup de pays, des grands pays même, dans lesquels il y a eu des velléités identitaires, qui poussaient jusqu'à vouloir l'indépendance, l'autonomie ". Ces mouvements, a-t-il dit, " n'ont pas eu gain de cause parce qu'aujourd'hui, aucun Etat responsable n'incline vers cela ". Cette tentative de réduction de l'ampleur des divergences entre les deux camps ne peut tromper personne. Le dialogue d'Alger risque en effet, de finir en queue de poisson. Notre journal avait fait état en exclusivité, des exigences soulevés par les groupes armés après une rencontre tenue au Burkina Faso, et que les responsables du MNLA (Mouvement national pour la libération de l'Azawad), à peine un jour avant la reprise des négociations d'Alger.

Ces "parasitages", téléguidés en sous-main par la France, qui soutient Bamako tout en faisant tout pour que la crise perdure au Mali (seul argument pouvant lui permettre de maintenir ses troupes sur ces terres très riches en ressources naturelles), risquent de faire échouer les négociations d'Alger.

Pour rappel, la coordination des Mouvements de l'Azawad regroupant le MNLA, HCUA, MAA dissident et CM-FPR 2, et les mouvements politico-armés signataires de la plateforme d'Alger (MAA et CPA), ont signé un protocole d'entente en date du 12 septembre 2014, pour exiger que le Mali devienne un Etat fédéral.

Le document a été signé pour la coordination des Mouvements de l'Azawad (MNLA, HCUA, MAA dissident et CM-FPR 2), par Bilal Ag Chérif, pour le Mouvement arabe de l'Azawad par Ahmed Ould Sidi Mohamed et pour la coalition du peuple pour l'Azawad, par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh. Ce document tient en 5 articles, dont le plus important et le plus dangereux est le premier article.

Il indique que : " Les parties ont convenu d'un statut politique et institutionnel pour l'Azawad à travers un Système fédéral, à faire reconnaitre par l'Etat malien et la communauté internationale ". Et, pour atteindre cet objectif, le protocole d'accord des groupes armés, annonce dans son article II, que " les parties conviennent de la mise en place d'une commission conjointe de négociations ".

Si l'article III précise que " les parties ont décidé de poursuivre leurs efforts de rapprochement jusqu'à la concrétisation de leur unité effective pour la mise en place d'une organisation commune ", l'article IV pourrait être perçu contredisant le précédent et annonciateur de difficultés, pour le retour d'une paix durable dans les régions au nord du Mali. Il stipule en effet, que " les parties limitent désormais les mouvements aux signataires de ce présent protocole ".

Et, pour finir, dans un cinquième article, les signataires ont décidé que : " le présent protocole d'entente prend effet à compter de sa date de signature ".

La réaction de la Coordination des Mouvements et Forces patriotiques de Résistance (CM-FPR), signataire de la plateforme d'Alger, ne s'est pas faite attendre. Ses dirigeants dénoncent le protocole d'accord qui ne respecte pas, selon eux, l'esprit des accords précédents et de la feuille de route. Même son de cloche du côté du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA originel).

Les représentants des autorités maliennes ne peuvent que se braquer à leur tour, car cela signifierait la perte de Bamako de tout contrôle sur sa partie nord. Les pays où s'étend l'Azawad, sur lequel vivent les Touaregs, auraient eux aussi beaucoup de raisons de s'inquiéter d'être touchés un jour par la contagion, un peu comme ce qui se passe pour les Kurdes, à cheval entre l'Iran, l'Irak et la Turquie.

En attendant, le dialogue d'Alger donne l'air de se trouver au pied du mur. Démarré sur de mauvaises bases, à cause de tous les acteurs et facteurs étrangers qui viennent y mettre leur grain de sel, il n'avait qu'une infinitésimale chance d'aboutir vers un dénouement heureux, et acceptable pour tous. Or, ces chances, déjà minimes dès le départ, n'en finissent plus d'être réduites en peau de chagrin…
K. Z.


La médiation d'Alger appréciée par les négociateurs

Amirouche El Hadi

Malgré ces propositions, donc, jugées "très concrètes" et malgré le poids d'Alger, les négociations peinent à déboucher sur un véritable accord, car les participants ne sont pas encore parvenus à un ter- rain d'entente. Keïta a justifié son refus du fédéralisme par la position des grands pays qui rejettent les velléités "identitaires, qui pour- raient se transformer en exigence d'indépendance", de certaines régions autonomistes. C'est que, ajoutera le président malien pour justifier sa cause, "aujourd'hui, aucun état responsable n'incline vers cela".

Depuis le 16 juillet dernier, donc, le dialogue inter-malien a été relancé à Alger en présence de toutes les parties influentes qui pouvaient peser dans le dossier. Cette phase finale est la résultante d'un long processus de normalisation, initié sous l'égide médiatrice d'Alger qui a déployé tous ses efforts diplomatiques pour, dans un premier temps, lancer les jalons du dialogue inter- malien en arrachant aux différentes factions armées au Nord-Mali une convergence des positions, par rapport à leurs propres conflits et en direction de Bamako.

Pour rappel, huit années après l'Accord d'Alger, signé en juillet 2006, entre l'Alliance démocratique du 23 Mai pour le changement, représentant les Touaregs, et le gouvernement central de Bamako, le Mali avait renoué de nouveau avec le dialogue inclusif inter- malien. Autour de la table des négociations, outre l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, ainsi que l'Union européenne, le Niger, la France et le Nigeria, on avait noté la présence d'une forte délégation du gouvernement malien, en face des leaders des six mouvements politico-militaires du nord du Mali.

L'enjeu étant de trouver la voie d'une paix durable qui puisse résister aux changements des hommes et des systèmes. Cette première phase des discussions s'était achevée le 24 juillet, par la signature d'une "feuille de route des négociations". Mais, pour arriver à ce début de sortie de crise, il aura fallu tout le poids persuasif de la diplomatie algérienne, pour réunir des parties en conflit armé et trouver un minimum convergent, afin de décider tout le monde à donner une nouvelle chance à la paix au Mali.

Pour rappel, la "Déclaration d'Alger" suivie de la signature d'une plate- forme préliminaire, sous les auspices d'Alger, a scellé l'œuvre de rapprochement des points de vue et clarification des positions des mouvements dans le nord du Mali.

Le document du 9 juin, ou la "Déclaration d'Alger", a permis d'abord de trouver un consensus entre le Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), signataires de l'accord de cessez- le-feu du 23 mai 2014, dont les relations étaient pour le moins mouvementées.

Quant à la plateforme signée par les représentants du MAA, de la Coordination pour le Peuple de l'Azawad (CPA) et de la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR), elle reconnaît "l'intégrité territoriale et l'Unité nationale du Mali", l'une des exigences de Bamako pour dialoguer avec les groupes armés touareg du Nord, mais éga- lement, selon les signataires, une garantie d'une prise en charge des revendications légitimes des Touaregs maliens. Bonne nouvelle, depuis le 14 septembre dernier, ces mouvements ont annoncé qu'ils allaient parler, désormais, d'une "seule voix" et qu'ils n'accepteraient que la médiation d'Alger, pour régler leurs différents. Exit, donc, la France et le Maroc qui sous-traitent pour elle, qui font tout pour faire échouer le rôle de l'Algérie… A.E.H
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