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Cheick Hamed Sanogo, PDG de l’AMADER: « Plus de 200 localités ont été électrifiées grâce à l’AMADER »
Publié le vendredi 26 septembre 2014  |  Le Tjikan




Dans un entretien exclusif, le PDG de l’AMADER, Cheick Hamed Sanogo a épluché le programme de reprise des activités de l’Agence et le concept d’opérateur énergétique. Le nouveau corps de métier évoluant dans le secteur de l’électrification rurale est en développement. C’était à l’issue d’un long périple effectué avec le partenaire financier, la Banque mondiale dans les régions de Sikasso et Ségou.

Le Tjikan : les effets du coup d’état du 22 mars 2012, ont été durs à supporter par l’AMADER, quel est l’état des lieux au niveau de votre agence ?

Cheick Hamala Sanogo : L’AMADER a toujours été là depuis sa création. Elle a œuvré dans le domaine de l’énergie domestique et de l’électrification rurale à travers le pays. A ce jour, il y a plus de 200 localités qui ont été électrifiées grâce à l’AMADER à travers les opérateurs privés. C’est vrai que les événements qui sont survenus au Mali avaient provoqué l’arrêt de certains financements. Il faut également signaler, que la 1ère phase des activités de l’AMADER, notamment le projet de l’énergie domestique et l’électrification rurale pour l’accès aux services énergétiques de base en milieu rural avait pris fin. Alors maintenant, le partenaire de l’AMADER qui est la banque mondiale est revenu pour permettre de redémarrer les activités de l’Agence. Nous sommes donc en phase de démarrage du nouveau programme.
Pouvez-vous nous parler de ce nouveau programme ?

CHS : Avant de parler de ce nouveau programme, qui s’appelle le Système hybride d’électrification rurale (SHER), ce qu’il faut rappeler, c’est qu’au Mali quand on a commencé à mettre en place les premiers projets d’électrification rurale, on s’est basé essentiellement sur le gaz oil à 100%. Maintenant avec le coût du combustible qui augmente d’année en année et qui impacte fortement sur le tarif au niveau du monde rural, il va s’en dire que la viabilité et la durabilité des projets se posent. Maintenant l’une des solutions pour palier à ce problème, est d’adjoindre les centrales solaires aux projets déjà existants. Donc, le nouveau programme que nous allons démarrer incessamment, tend justement à adjoindre des centrales solaires aux projets thermiques qui existent déjà. Ce qui permettra de réduire d’une manière très sensible la consommation de gaz oil au niveau de ces projets. Mais en plus de la jonction des centrales solaires aux projets existants, il y a des volets importants de diffusion d’équipements solaires, notamment la mise à disposition des populations rurales isolées des kits solaires individuels pour apporter un peu d’énergie au niveau de ces ménages. En plus de cela, dans le cadre de l’éclairage hors réseau, il est prévu des dizaines de milliers des lanternes solaires portables qui seront mis à la disposition des écoles et des centres socio communautaires pour les apporter de la lumière afin que les gens puissent travailler la nuit.
Avec ce nouveau projet, peut-on parler de renaissance de l’AMADER ?

CHS : On peut s’exprimer ainsi. Mais, moi je ne parlerais pas de renaissance de l’AMADER, parce qu’elle a toujours été là. Elle n’avait pas disparu. Mais c’est vrai que les activités prennent une nouvelle couleur. C’est une nouvelle donne, il y a une nouvelle démarche, il y a une nouvelle option, qui consiste à valoriser les énergies renouvelables dont le Mali dispose. Comme vous le savez on est un pays d’importateur net de produits pétroliers. Pour donc assurer notre sécurité énergétique, il est indispensable de valoriser nos ressources nationales. Une des dispositions fortes de la nouvelle politique énergétique du Mali est de valoriser les énergies renouvelables. Nous avons d’importantes sources d’énergies renouvelables, notamment le soleil, l’hydroélectricité, la biomasse. Le nouveau programme de l’AMADER tend non seulement à réduire la consommation du gaz oil au niveau des projets existants, mais également de valoriser les sources d’énergies renouvelables nationales disponibles. C’est dans ce cadre qu’on peut dire effectivement que l’AMADER a pris un nouvel élan.
Peut-on savoir le coût et la durée du nouveau programme ?

CHS : Ce projet est appelé à durer pendant six ans. Il est financé par trois sources de financement : la banque mondiale à travers un crédit IDA, d’un montant de 25 millions de dollars, le Fonds d’investissement climatique à travers son programme de valorisation de ressources dans les pays à faible revenu pour un montant de 14 millions de dollars et une 3ème source de financement, de l’alliance mondiale basée sur les résultats d’un montant de 5 millions de dollars ce qui fait en tout : 44,9 millions de dollars. Ce qu’il faut signaler, c’est que le financement IDA est un prêt, les deux autres sont des dons. Les accords ont été signés en décembre 2013 et le projet a été effectivement mis en vigueur en juin passé. Tous les documents ont été signés et toutes les dispositions préliminaires ont été prises, nous attendons le démarrage effectivement du programme.

A quand les nouveaux véhicules aux couleurs d’AMADER dans la circulation ?
CHS : Je ne sais pas trop, mais si tout va bien, la construction des premières centrales hybrides démarrera à partir du mois de mai 2015. Le temps de préparer les dossiers et de lancer les appels d’offre.
Est-ce que cette fois ci, l’AMADER va s’intéresser à la filière bois ?

CHS : Effectivement l’AMADER s’occupe de l’énergie domestique et l’électrification rurale. Le nouveau programme s’occupe d’électrification rurale, mais elle travaille également sur tout ce qui est combustible domestique, dans ce cadre, il y a des recherches de financement en cours, notamment un projet qui fait l’objet de discussion au niveau de la BOAD, pour les combustibles domestiques. Ces projets ont pour objectifs essentiels de réduire la consommation des bois énergie qui est le poste le plus important en terme de consommation énergétique dans le bilan énergétique du Mali, mais également à renforcer tout ce qui existe déjà comme résultats acquis dans la diffusion des foyers améliorés. Par ailleurs, il y a tout ce qui pourra être entrepris dans le cadre de la gestion des ressources ligneuses disponibles dans le cadre de la promotion des combustibles de substitution, tels le bois et le charbon de bois.

Mais, il faut signaler que ces programmes comportent d’importants volets de renforcement de capacités, notamment dans le secteur de l’électrification rurale. Il y a une dizaine d’années, il n’y avait pas de concept d’opérateur énergétique au Mali. C’est un concept nouveau. A la date d’aujourd’hui, il y a 800 personnes qui travaillent dans ce secteur porteur. C’est donc un corps de métier en développement.

C’est pour cette raison que l’important programme de renforcement de capacités s’adresse à ce monde afin de le doter de compétences qui lui permet de gérer au mieux les projets, non seulement sur le plan technique, mais également sur le plan managérial en vue de rendre les projets viables et rentables. Dans ce cadre des contacts ont été pris avec le Ministère de l’éducation, afin que des dispositions soient prises pour insérer dans les cursus scolaires des écoles de formation professionnelle des modules concernant l’électrification rurale ce qui permettra éventuellement de mettre sur le marché de l’emploi des techniciens exclusivement dédiés à l’électrification rurale.

Entretien réalisé par Mohamed A. Diakité
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