Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Pourparlers d’Alger : Dans les secrets des négociations
Publié le jeudi 2 octobre 2014  |  L’aube




Chaque fois que les Maliens se sont donné la main, la victoire est apparue au bout. C’est cette vérité ancienne qui a sans doute sonné la mobilisation physique et de cœur de millions de Maliens, de Kayes à Gao, la semaine dernière, pour protester contre toute idée de fédéralisme, d’autonomie ou d’indépendance à l’issue des pourparlers d’Alger. Cette révolte doit être d’autant plus maintenue par nos concitoyens que le projet de traité de fédération du Mali élaboré par les rebelles doit être pris très au sérieux. Mieux, les arcanes de la 2ème Phase des négociations d’Alger (1er-23 septembre) révèlent des ambitions inavouées des Mouvements armés de « l’Azawad » à propos de l’avenir du Mali.

En effet, en plus de la création de l’Etat fédéré de « l’Azawad » avec un président élu, un gouvernement et un parlement, la Coordination des Mouvements armés de « l’Azawad » réclamerait un système de défense et de sécurité propre à « l’Azawad » ; le droit pour les populations du Nord d’établir leurs propres politiques de développement ; et la relecture systématique de tous les contrats et conventions signés et l’audit de tous les projets exécutés ou en cours dans le Nord. Alors, « Maliens de tous les bords, levez-vous ! ».

Le projet de Traité de la fédération du Mali n’est qu’un aspect parmi tant d’autres idées indépendantistes des groupes armés. Les pourparlers d’Alger nous révèlent bien de secrets en la matière. Au cours de la 2è Phase des négociations achevée le 23 septembre dernier, la Coordination des Mouvements armés de l’Azawad aurait fait des propositions sortant de l’ordinaire et qui ne laissent subsister aucun doute sur leurs desseins de diviser le Mali en deux, quelle que soit la forme adoptée. En face, le gouvernement a apporté une riposte aux intentions nébuleuses des séparatistes. Mais, pourra-t-il tenir jusqu’au bout de l’accord final ? Rien n’est moins sûr si l’on sait que les rebelles sont appuyés, conseillés et couverts par des soutiens de taille blottis sous le couverts de médiateurs, facilitateurs, experts ou observateurs.


Mopti, capitale de la Fédération du Mali
Régionalisation et non fédération
De sources proches des pourparlers, le gouvernement et la Coordination des Mouvements armés ont eu de chaudes discussions sur les domaines politique et institutionnel ; de défense et de sécurité ; de développement économique, social et culturel ; humanitaire, de réconciliation et de justice. Point par point, l’une des parties a fait des propositions auxquelles l’autre a réagi en y opposant les siennes.

Quant à la médiation, elle se serait le plus souvent contentée de constater des points de convergence entre les projets présentés par les « belligérants ».

Du côté de la commission chargée des aspects politiques et institutionnels, la coordination des Mouvements armés aurait reconnu l’intégrité territoriale, la laïcité et la forme républicaine de l’Etat; avant de souhaiter la reconnaissance de « l’Azawad » en tant qu’Etat fédéré au Mali avec un président élu, un gouvernement, un parlement, des cours et tribunaux, une fonction publique fédérale, le transfert de la capitale fédérale à Mopti, et un nouveau drapeau de l’Etat fédéral.

En plus, les rebelles proposent l’organisation des élections générales par l’ONU.

Que propose le gouvernement à ce niveau ? Selon notre source, le gouvernement réaffirme sa disponibilité à examiner les problèmes au cas par cas. Cependant, les représentants de l’Etat restent catégoriques sur certains détails : le gouvernement reconnaît « l’Azawad » en tant que terroir mais pas en tant que construction politique englobant les trois régions du nord; il rejette la proposition d’Etat fédéral, ainsi que le concept de peuple de l’Azawad au profit de celui de peuple. Mieux, à la place du fédéralisme, le gouvernement propose la régionalisation. Et limite les domaines de discussions au partage des compétences et des moyens, à la prise en compte des spécificités, au réaménagement des relations entre l’Etat et les régions, à la prise en compte des légitimités traditionnelles, et la gestion concertée des questions de sécurité.

Et la médiation ? Elle aurait refusé d’examiner le projet de fédération
soumis par la coordination au motif bien-fondé qu’il ne s’inscrit pas dans le cadre de la feuille de route. Cependant, elle estimé qu’il existe des points de convergence entre les deux projets présentés.


Kidal : « Nous y sommes, nous y restons ! »
Dans le domaine de la défense et de la sécurité, les rebelles mettent en avant la crise de confiance patentée entre l’armée malienne et celle de « l’Azawad », pour demander la mise en place d’un système de défense et de sécurité propre à « l’Azawad ». Ils vont plus loin, et même très loin, en proposant que, jusqu’à la résolution définitive de la rébellion, les parties restent sur leurs positions du 23 mai 2014, c’est-à-dire après les événements de Kidal engendrés par la visite aventureuse et inopportune du Premier Moussa Mara.

Pour appuyer cette requête, la coordination des Mouvements armés demande, précise notre source, que la Minusma collabore avec l’armée malienne dans les zones que celle-ci occupe pour sécuriser les personnes et les biens.

De son côté, le gouvernement aurait fait le point sur la situation sécuritaire au nord et la réorganisation des forces de défense et de sécurité, avant d’exposer le programme de réforme des forces de défense et de sécurité qu’il a élaboré. Ces réformes, loin d’être bouclées, selon le gouvernement, seront réussies avec la coordination en vue de créer la paix au Sahel, l’ennemi commun étant le terrorisme. Dans tous les cas, le Gouvernement se dit disponible et ouvert au dialogue.

En matière de développement économique, social et culturel, c’est le gouvernement qui a réagi en premier lieu, dévoile notre source. Il propose la mise en œuvre d’un programme d’intervention d’urgence, un programme d’urgence de relance économique et de développement accéléré des régions du nord sur 5 axes et la reprise des grands chantiers de développement. En plus, il pose des conditions préalables: la reconnaissance du pouvoir de l’Etat, la mise en place d’une décentralisation poussée, l’approche développement intégré, la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité économique, entre autres.


50% du Budget Spécial d’Investissement pendant 25 ans
La riposte des représentants de la Coordination des Mouvements armés fut très vigoureuse. En effet, après avoir déploré la « marginalisation et le délaissement » des régions du Nord, ils ont formulé dix (10) revendications majeures. Entre autres: la création d’urgence d’une université, des facultés réparties sur les trois régions et des écoles de formation professionnelle; l’octroi d’un pouvoir de gestion à la Coordination sur les ressources minières du Nord; le droit pour les populations du Nord d’établir leurs propres politiques de développement et celui de nouer des relations avec tout organisme ou Etat pour mettre en œuvre lesdites politiques ; le droit à la formulation et à la maîtrise d’ouvrages de tout projet devant être exécuté dans le nord; l’octroi d’un droit de négociation des financements extérieurs pour les projets de développement de « l’Azawad » ; la mise à la disposition de l’Azawad de 50% du Budget Spécial d’Investissement (Bsi) pendant 25 ans; la prise par le gouvernement malien de mesures incitatives pour « l’Azawad » afin de lui permettre de combler son retard et favoriser les investissements (relecture du code, minier et d’autres textes) ; la reconnaissance aux populations de « l’Azawad » du droit à la conception et à la mise en œuvre de politiques de maitrise des eaux souterraines; la relecture systématique de tous les contrats et conventions signés et l’audit de tous les projets exécutés ou en cours dans le nord; et la reconnaissance aux populations du nord du droit à concevoir et à mettre en œuvre leur propre politique d’aménagement du territoire. Ils auraient enfin fait savoir que la coordination a elle aussi un Plan d’Urgence pour un an à soumettre au gouvernement et un Plan Marshall pour « l’Azawad ».

Pour cette commission, les deux parties ont convenu de se rencontrer pour dégager les contours d’une proposition à soumettre à la médiation.

Enfin, en ce qui concerne la commission chargée des questions humanitaires, de réconciliation et de justice, le gouvernement, nous apprend notre source, a informé de la mise en place de la Commission Justice, Vérité et Réconciliation.

Quant aux rebelles, ils opposent à cette proposition, dix (10) des leurs. Notamment l’élaboration d’une cartographie judiciaire; la mise en place d’une commission d’enquête indépendante; la création d’un tribunal spécial sur les exactions commises dans le Nord; la mise en place d’une commission de suivi, d’évaluation et de réparation des dommages; et la création d’une commission de paix, de vérité et de pardon.

A chacun de faire sa lecture des intentions des séparatistes et de juger des mesures à prendre pour l’avenir immédiat de NOTRE cher MALI.

Sékou Tamboura
Commentaires

Titrologie



L’aube N° 429 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment