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Hamed Diane Semega en exclusivité : * «Je ne suis pas de ceux qui s’accrochent à un poste pour le prestige… » * «ATT peut bel et bien jouer son rôle pour le retour de la paix au Mali»
Publié le jeudi 6 novembre 2014  |  Le Prétoire
2eme
© aBamako.com par A.S
2eme convention nationale extraordinaire du PDES
Bamako, le 1er Novembre 2014 au CICB. Le Parti pour le développement économique et la solidarité a tenu sa 2eme convention nationale extraordinaire du PDES.




Dans le sillage de la deuxième convention nationale de son parti, dont les travaux ont pris fin dimanche dernier, l’ancien président du Pdes a bien voulu nous accorder un entretien exclusif. Avec son légendaire franc-parler, Hamed Diane Séméga livre ainsi ses impressions sur la convention et revient sur les raisons pour lesquelles il renonce à toute charge officielle au sein du bureau du Pdes. Mieux, l’ex-ministre de l’Equipement et des Transport de l’ère ATT parle de ses projets et lève l’équivoque sur ses relations avec son mentor, Amadou Toumani Touré, à qui il réaffirme sa fidélité.
Lisez plutôt !

Le Prétoire : Quelles impressions et quels enseignements tirez-vous de la deuxième convention nationale extraordinaire de votre parti, dont les travaux ont pris fin, dimanche, au Cicb ?
Hamed Diane Séméga : Je voudrais d’abord remercier et féliciter tous les membres du Pdes, les délégués qui sont venus de l’intérieur et de l’extérieur. J’ai eu une excellente impression de ce qui s’est passé les 1er et 2 novembre derniers. Excellente impression en ce sens que le parti a traversé une crise importante qui a failli l’emporter. Mais vous avez vous-même constaté le niveau de mobilisation de tous les membres du parti, et même de ceux qui, pour des raisons personnelles ou autre, avaient quitté le parti. Le fait que ces retrouvailles aient été célébrées de cette belle manière est pour moi un gage de réussite. C’est pourquoi je m’en félicite.

«Notre parti a failli disparaître». Cette confession que vous avez faite lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de cette convention ne donne-t-elle pas raison à ceux qui estiment qu’il ne reste plus grand chose du Pdes ?

Ceux-là peuvent en juger par la qualité de la mobilisation du 1er et du 2 novembre par rapport à l’existence du parti et la vigueur nouvelle qui lui a été insufflée. Je disais tout à l’heure que le parti a traversé une crise. Cela est compréhensible parce que, après les événements de mars 2012 et les convulsions qui ont secoué notre pays, une poignée d’hommes et de femmes sont restés fidèles et mobilisés pour que le parti puisse faire entendre sa voix. Et vous m’avez entendu remercier et féliciter chaleureusement ces hommes et ces femmes-là. Pourquoi le parti a failli disparaître ? C’est parce qu’il a été victime d’une propagande savamment orchestrée de dénigrement, d’insinuation et d’attaques. Mais vous savez, cela fait aussi partie de la politique. Moi qui vous parle, j’ai été accusé de tous les maux possibles et imaginables. Mais quand on est croyant et sincère dans son engagement à servir le pays et quand on n’a rien à se reprocher, on laisse passer cela.

Donc le parti a été sérieusement secoué par ces différents problèmes sécuritaires. Problèmes sécuritaire du pays, mais également problèmes politiques de tout genre. Il a fallu se battre auprès du FDR [Ndrl: Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République], avec les autres forces démocratiques pour la restauration de l’Etat de droit qui avait été fortement menacé par le coup d’Etat de 2012. Le bureau politique de plus de 160 membres, élargi aux membres de droit, nous étions à plus de 240 membres, ce bureau s’était réduit à une poignée de personnes dont je parlais tout à l’heure. Le fait qu’il n’y avait plus de relais, mais aussi des perturbations de tout genre, le parti ne se faisait plus entendre, du point de vue des adhérents, à l’intérieur du pays. Ce, malgré le fait qu’à Bamako, par l’intermédiaire de ces hommes et de ces femmes-là, nous étions encore mobilisés pour nous battre auprès des autres pour le Mali. Voilà pourquoi j’ai dit que le parti a failli disparaître. Mais par la grâce de Dieu, vous l’avez constaté, il est bien debout.

Selon vous, quel rôle le Pdes peut-il jouer dans l’édification d’une opposition politique républicaine et constructive, quand on sait qu’il garde encore le profil très bas ?
Le Pdes n’a jamais gardé le profil très bas. Il a été sérieusement secoué par les répercussions de la crise sur sa vie en tant que parti. Mais je l’ai dit et je le répète: des hommes et des femmes, fortement imprégnés des valeurs de ce parti-là, n’ont jamais abandonné la bataille et ont, avec les forces de progrès de notre pays, toujours milité pour que le Mali soit un pays de droit comme il l’a toujours été malgré les convulsions nées du putsch. Donc ce parti-là, malgré les difficultés, est encore vivant. Je l’ai dit, le parti a un rôle important à jouer.

C’est le parti qui se réclame du président ATT. Pour nous, ATT est non seulement un président bâtisseur, mais c’est un président qui fait la synthèse de toutes les valeurs culturelles positives du Mali. C’est un homme de dialogue et de concertation. Le consensus qui a prévalu pendant dix ans a assuré au Mali une stabilité politique qui a permis d’engranger les résultats que l’on sait. Ce, à travers la construction physique ou culturelle du pays, malgré les insuffisances de ce consensus. C’est pourquoi, je parlais, dans mon discours, des faiblesses de notre système. Mais il ne faut pas que l’on oublie les réussites qui ont marqué la mise en œuvre de ce processus politique inédit. Le Pdes a un rôle à jouer. Il l’a fait par le passé, en se faisant le porte-voix de la vision politique du président ATT. Il jouera encore un rôle important dans l’opposition républicaine et constructive, opposition qui critique et qui propose comme l’a promis Ahmadou Abdoulaye Diallo que je félicite ici pour sa brillante élection. Notre pays est fragile et chaque acteur politique doit mesurer son action par rapport à cette situation et se dire que la crédibilité du Mali est l’affaire de tous. C’est pourquoi le Pdes va jouer son rôle et tout son rôle.

Les exigences de vos nouvelles charges professionnelles que vous avez mises en avant pour expliquer votre renonciation à toute charge officielle au sein du Pdes ne semble pas convaincre certains observateurs qui estiment que vous désirez prendre désormais vos distances avec le parti. Que leur répondez-vous ?

Ceux qui me connaissent savent que je ne manie pas la langue de bois et que je suis un homme d’engagement. Mais, je ne suis pas de ceux qui s’accrochent à un poste pour le prestige ou pour d’autres raisons. J’ai créé ce parti avec des amis. Je l’ai fait dans des difficultés souvent très importantes. Mais j’ai tenu à ce que ce parti soit une vraie force politique, et j’ai essayé, avec les amis, d’y parvenir. Aujourd’hui, malgré tout ce qu’on peut dire de notre action, je pense que le Pdes a eu raison d’être créé et le Pdes, comme je l’ai dit, jouera son rôle. La distance n’est pas l’amie de la politique, surtout quand on veut être, au quotidien, avec ses amis pour aider à faire marcher le parti. Quand je suis parti au Sénégal, j’ai créé une entreprise dans le secteur privé qui me demande énormément de temps par rapport aux déplacements, et même par rapport à l’emplacement stratégique de Dakar par rapport à nos activités. J’ai également constaté que le fait que je sois resté président actif du parti, ne pouvant pas me déplacer pour être aux réunions statutaires, et à cause de la distorsion souvent de certaines informations, je n’ai pas joué mon rôle comme j’aurais pu le jouer. Cela a créé, qu’on le veuille ou non, quelques difficultés de fonctionnement au niveau du bureau politique du parti. En tenant compte de tous ces éléments, je me suis dit que je peux servir beaucoup plus le parti en étant à Dakar, en n’étant pas dans un organe officiel, qu’en étant le président actif. Ce qui est important, c’est la perception que mes amis ont de cette décision. Je pense qu’ils l’ont bien accueillie et je m’en réjouis. Mon engagement politique, c’est au quotidien, par rapport aux actes que je pose, aux actions dans lesquelles je suis, comme toujours, engagé avec mes amis. C’est à l’aune de cela qu’on peut juger ma position. La seule raison pour laquelle j’ai décidé à ce stade-ci de ne pas être actif au niveau du parti réside dans l’explication que je vous ai donnée.

Par la voix de la présidente du mouvement des femmes, le Pdes a suggéré la réhabilitation du président Amadou Toumani Touré lors de votre deuxième convention. Quel rôle estimez-vous que l’ancien chef de l’Etat peut jouer dans le processus de réconciliation nationale en cours ?
Comme le rôle que tout ancien président peut jouer. Je veux dire dans la construction, dans la consolidation de la démocratie. Ce n’est pas pour rien qu’on a appelé le président le soldat de la démocratie. Je crois que chacun sait l’amour que le président Touré a pour ce pays. Il l’a démontré, et je pense qu’il pourra être utile, comme d’ailleurs ses prédécesseurs, dans la concertation nécessaire pour que les uns et les autres aillent vers la réconciliation des esprits et des cœurs, et faire en sorte que le Mali soit un pays en paix et stable. Je pense que Dandara (présidente des femmes, Ndlr) a bien eu raison de le dire. Le président Touré peut bel et bien jouer son rôle en tant qu’ancien président, avec les autres, pour apporter sa pierre dans le dialogue constructif qu’il est nécessaire d’engager pour rendre la paix au Mali.

Certaines indiscrétions font état de la détérioration de vos rapports avec votre ancien mentor. Qu’en est-il réellement ?

Je vous le disais tantôt, la politique est aussi faite de cela. En politique, les gens, pour des raisons ou d’autres, peuvent interpréter certaines situations au delà de toute objectivité et de toute logique. « Il n’y a aucune brouille entre le président ATT et moi. Et, du reste, il ne saurait en être autrement. Je n’ai jamais caché mon admiration pour ce chef d’Etat et cet homme politique d’exception. L’éducation que j’ai reçue ne me permet pas de dissimuler mes sentiments. J’ai toujours dit et répété que je suis un homme politique au service de notre pays. Mais que ce service-là, je le rends en mon nom, mais grâce à l’action politique de l’ensemble des amis avec lesquels je partage la même vision du Mali. Et cette vision du Mali que nous avons a été largement inspirée par le président Amadou Toumani Touré. Donc, je vous rassure tout de suite que je ne suis pas du genre à me renier. Je ne renierai jamais la relation spéciale que j’aie avec le président Touré pour qui je n’ai que respect et admiration.

Le retour d’ATT est-il à l’ordre du jour ?

Je préfère ne pas en parler. Je pense que le président Touré, comme tout Malien qui réside en dehors de ce pays, s’il a un vœu, c’est de revenir un jour chez lui. Par conséquent, j’appelle de mes vœux que cela se réalise dans les meilleures conditions possibles pour lui et pour le pays.

Quelle lecture faites-vous de l’avenir politique du Mali ?

Elle dépend de ce que nous en ferons. C’est pourquoi j’ai dit dans mon discours que nous devons contribuer, chacun en ce qui le concerne et où qu’il se trouve, à construire une élite politique. Parce que c’est elle qui sert d’aiguillon à la construction d’une classe politique responsable, à même de décrypter les multiples enjeux auxquels le monde fait face aujourd’hui, particulièrement l’Afrique. La classe politique malienne a certes énormément de tares, mais elle compte également des hommes et des femmes de qualité exceptionnelle, que ce soit au niveau de l’opposition ou de la majorité. C’est pourquoi, il faut que chacun se dise, par rapport aux principes et fidèle à sa ligne politique, que le bien le plus précieux que nous avons, c’est le Mali.

Et que nous pouvons le construire malgré nos différences. Je pense que si nous sommes unanimes sur cette conviction et si nous travaillons à cela, malgré les différences, l’avenir politique du Mali, à mon sens, peut faire en sorte que notre pays retrouve sa place en Afrique et dans la sous-région. Je pense que chacun l’a compris. La majorité comme l’opposition doivent chacune jouer son rôle et tout son rôle. C’est la démocratie qui, fonctionnant bien, permet, par le jeu de l’alternance, que la majorité d’aujourd’hui soit l’opposition de demain et vice versa. Je n’ai donc aucun souci par rapport à l’avenir politique du Mali.

Pensez-vous que l’opposition politique du Mali a joué son rôle jusque-là ?

Parfaitement ! Je pense qu’elle a joué son rôle et elle continue à être pleinement engagée dans son rôle de sentinelle vigilante. La démocratie a ceci de particulier que la minorité, symbolisée par l’opposition, doit avoir également son mot à dire. Je me réjouis d’ailleurs de tout le dispositif qui est en train d’être mis en place pour valoriser le rôle de l’opposition républicaine. Et donc, l’ensemble des leaders politiques de cette opposition malienne permet au jeu politique d’être plus équilibré et crédible. Ce qu’il faut célébrer, c’est justement ce débat. Qu’il soit houleux ou vif, l’important est qu’il y ait un débat, parce que dans le débat s’expriment des idées. Aujourd’hui au Mali, il y a un vrai débat démocratique. Cela est à l’actif de l’opposition et je m’en réjouis.

A quand le retour définitif de M. Hamed Diane Séméga au Mali ?

Je n’ai jamais quitté le Mali pour ainsi dire. Mon épouse vit ici avec mon fils. J’ai mon père que je viens de saluer à Nioro du Sahel et toute ma famille à Bamako ici. Je viendrais le plus souvent possible autant que mes activités professionnelles me le permettront. Je le dit et je le répète, quand on est animé d’une conviction forte qu’on a un rôle à jouer, il n’y a rien de plus exaltant que le combat pour un Mali qui gagne comme nous avions l’habitude de le dire au niveau du Pdes. Je reviendrais au Mali autant que faire se peut, par rapport à mes activités. C’est clair qu’à partir du moment où je pourrai ouvrir un bureau à Bamako-ce que j’envisage-je reviendrai pour avoir une représentation de mon activité ici. Peut-être qu’en ce moment-là, je serais plus fréquent ici qu’à Dakar.

Avez-vous un mot de la fin ?

C’est un message à l’endroit des Maliens et des Maliennes. Quelqu’un l’a dit, le bateau du Mali peut tanguer mais il ne chavirera jamais. Notre pays a des atouts, mais l’atout principal d’un pays, c’est la foi que ses citoyens ont en son avenir. Malgré les problèmes et les vicissitudes de la vie politique, le Mali doit rester un et indivisible. Il ne doit y avoir aucun compromis sur cette question. Du reste, cela est une idée largement partagée. Mais, c’est un pays qui reste fragile, assisté par la communauté internationale. Il faut que chaque Malien se dise que la meilleure manière de contribuer au rayonnement du Mali, c’est de participer à rendre plus crédible ce pays-là. Je n’ai aucun doute qu’après ces péripéties sans doute difficiles, notre pays retrouvera la voie du progrès et de la prospérité.
Réalisée par
Bakary SOGODOGO
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